Avec un peu plus de deux semaines à faire au calendrier de la Ligue nationale, bien peu de formations peuvent se permettre de s'asseoir sur leurs lauriers et de relaxer en attendant le début des séries. C'est particulièrement vrai dans l'Association de l'Est, où le portrait final de la première ronde ne risque pas d'être connu avant les derniers jours de la saison.

Il faudrait être fou pour ignorer les Sabres de Buffalo. Les Capitals de Washington sont présentement sur une belle lancée et les Panthers de la Floride, avec des affrontements contre Atlanta et Tampa Bay, n'ont pas un calendrier si difficile et peuvent se permettre de rêver. En prenant en considération que, selon moi, les six premières équipes au classement actuellement seront du tournoi printanier, c'est donc dire qu'il y a cinq équipes pour deux places disponibles.

Vous aurez compris que je ne crois pas encore que c'est dans le sac pour Boston, encore moins pour Philadelphie, et que je ne donne aucune chance aux Maple Leafs de remonter la pente et de se qualifier.

Si j'avais une équipe à éliminer immédiatement, ce serait les Flyers. S'il y a une formation qui aimerait que la saison régulière prenne fin immédiatement, c'est bien elle. Les Flyers ne jouent pas du gros hockey depuis un certain temps et les choses ne risquent pas de s'améliorer avec le calendrier difficile auquel ils font face pour finir l'année. En effet, ils affronteront les Devils, les Penguins et les Rangers, tous des rivaux de l'une des divisions les plus coriaces de la LNH.

Pour Boston, inutile de dire que les deux matchs qui s'en viennent contre Montréal sont d'une importance capitale. Les Bruins ne peuvent absolument pas se permettre de se faire balayer par le Canadien.

Une chose est certaine : peu importe à quoi ressemblera le classement final le 6 avril, personne ne sera assuré de son billet pour la deuxième ronde. C'est vrai qu'Evgeni Malkin a bien pris le relais pendant l'absence de Sidney Crosby, mais les Penguins ont quand même connu des hauts et des bas. Pour ce qui est des Sénateurs, ils sont retombés sur terre après un début de saison incroyable.

La seule équipe sur qui je parierais, ce sont les Devils. C'est la seule équipe qui me fait vraiment peur. De la façon dont ils jouent, surtout s'ils parviennent à mériter l'avantage de la glace, ils vont être difficiles à battre.

Dans l'Ouest, c'est un peu moins corsé. Les Oilers d'Edmonton sont en feu, mais ils sont quand même cinq points derrière les équipes qui occupent les dernières positions donnant accès aux séries. Regardons, par exemple, la fiche de l'Avalanche (39-29-6), qui est dix matchs au-dessus de ,500. Si le Colorado gagne seulement la moitié de ses matchs d'ici la fin de la saison, ça veut dire que les Oilers et les Predators de Nashville doivent en remporter six ou sept pour espérer le rattraper. Et ces équipes verront leur marge d'erreur diminuer à chaque jour d'ici la fin de la saison.

Je ne pense donc pas qu'il y aura du changement dans le top 8 de l'Ouest. La lutte la plus intéressante à surveiller sera probablement celle que se livreront le Wild, les Flames, l'Avalanche et les Canucks pour le premier rang dans la division Nord-Ouest et, par le fait même, le troisième rang de leur Association. J'avais choisi le Minnesota en début de saison, mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres pour les hommes de Jacques Lemaire.

Pour la fin de saison excitante qui nous attend, il faut lever notre chapeau à la Ligue, qui a eu la bonne idée de créer des affrontements entre rivaux de division dans les dernières semaines du calendrier. À mes yeux, ça ne réussit pas nécessairement à créer des rivalités, mais ça augmente sans aucun doute le degré d'intérêt des amateurs.

Mardi au Centre Bell, pour la visite des Blues, on ne sentait assurément pas la même énergie dans la bâtisse que si les Bruins, les Maple Leafs ou les Sénateurs avaient été en ville. Il manquait un petit quelque chose. Peut-être que ça va changer l'an prochain avec le nouveau calendrier, mais pour l'instant, je suis convaincu que les amateurs sont pas mal plus excités à l'idée de voir les Bruins jeudi et samedi. Disons que ça met bien la table pour les séries.

Une équipe en progression

C'est vrai que le Canadien, même s'il mérite sa part de points, offre du jeu un peu moins convainquant depuis son voyage dans l'Ouest, mais pour moi, cette équipe est encore en progression, en période d'apprentissage.

Le match contre les Islanders, samedi dernier, a mal commencé pour le Canadien, mais on a quand même été en mesure de terminer sur une bonne note. Je pensais que les hommes de Guy Carbonneau auraient appris une leçon de cette partie, auraient pris ça comme un avertissement, mais on a vu la même chose contre St. Louis. Je ne dirais pas que c'est inquiétant, mais c'est certainement décevant. Par contre, c'est le genre de défaite qui pourrait avoir ses effets positifs au cours des prochaines semaines.

Souvent, le Canadien a la fâcheuse habitude de baser son jeu sur celui de l'adversaire plutôt que d'imposer son propre rythme. Ça n'a pas été le cas contre les Devils la semaine dernière, et on a vu ce que ça a donné. Une victoire de 4-0 au cours de laquelle le CH a été dans le siège du conducteur du début à la fin, un match assez facile.

Il y a quand même des points positifs à retenir du match contre les Blues. Personnellement, les nouveaux trios de Carbo ne m'avaient pas convaincu contre les Islanders, mais j'ai aimé ce que j'ai vu de la combinaison Higgins-Grabovski-Kostitsyn contre St. Louis. Saku Koivu semble également à l'aise avec Michael Ryder et Guillaume Latendresse. On voit qu'il n'y a plus que le trio de Plekanec qui contribue et ça, c'est de bon augure en prévision des séries.

À la défense de Smolinski

Je vais le donner à tous ses détracteurs - et ils sont nombreux - Bryan Smolinski a très mal joué contre les Blues. Mais je ne suis pas prêt à le crucifier sur la place publique comme plusieurs partisans le font. En fait, je trouve que Smolinski ne joue pas si mal depuis son retour d'une blessure. Le problème, c'est que plusieurs s'empressent de faire le lien entre ses performances et son salaire, qui est de 2 M$. Je crois sincèrement qu'on s'acharnerait pas mal moins sur son cas s'il gagnait 650 000$.

En toute honnêteté, je ne m'attendais pas à grand-chose de lui au moment de sa signature et c'est exactement ce qu'il nous donne. Pas grand-chose.

Mais quand même... C'est vrai que Smolinski n'est pas le joueur le plus rapide, mais il apporte un certain bagage d'expérience. Maxim Lapierre pourrait-il être plus efficace? Si on parle de l'énergie, la passion et l'entrain qu'un joueur peut apporter, c'est sûr que oui. Mais commettra-t-il plus d'erreurs que Smolinski? C'est peut-être ça le problème.

Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que Smolinski jouit d'un traitement de faveur de l'organisation, supposément parce que Gainey voudrait éviter de mal paraître après avoir fait son acquisition l'été dernier. Sincèrement, je ne sens pas que c'est le cas.

De toute façon, tout le monde sait que quand la nouvelle saison se mettra en branle l'an prochain, Smolinski ne sera plus à Montréal.

Une histoire farfelue

Je ne crois pas une seule seconde à cette histoire lancée en début de semaine par le Toronto Sun, à savoir que Mats Sundin aurait refusé de s'amener à Montréal dans une transaction qui aurait impliqué Christopher Higgins et trois choix au repêchage.

On a tellement entendu de rumeurs au sujet de Sundin. Une, entre autres, disait que les Red Wings avaient obtenu ses services et lui avaient même offert un contrat de deux ans. C'est peut-être vrai que Gainey a placé quelques appels à Cliff Fletcher. Peut-être que ce dernier essaie simplement de sauver la face, de montrer qu'il a bel et bien essayé de reconstruire l'équipe dont il a hérité.

Mais j'ai quand même de la difficulté à croire que Gainey aurait fait une offre sérieuse à son homologue en sachant que Sundin n'accepterait pas de bouger. En plus, Bob nous a toujours dit qu'il n'échangerait jamais Higgins pour un joueur de location.

C'est tellement facile de partir une rumeur, de lancer n'importe quoi en l'air dans l'unique but de faire réagir et de faire parler de soi. Mais si les journalistes de Toronto ne comprennent pas ce qu'est une clause de non-échange, on pourrait peut-être leur expliquer.

J'avais eu une discussion avec Darcy Tucker quelques jours avant la date limite des transactions, et il m'avait assuré qu'aucun vétéran des Leafs n'accepterait de lever sa clause. Il m'avait aussi dit qu'il croyait vraiment aux chances de son équipe de gagner, que les Leafs formaient une bien meilleure équipe qu'on pouvait le croire.

D'après moi, les journalistes de Toronto veulent semer le trouble à Montréal parce qu'ils sont jaloux de voir leur équipe se faire éliminer pendant qu'ici, on connaît du succès. Et puis, une rumeur impliquant le Canadien doit faire vendre pas mal plus de journaux qu'une autre impliquant les Hurricanes de la Caroline.

*Propos recueillis par Nicolas Landry