Fausse remontée, fausse joie
Hockey mercredi, 15 févr. 2012. 10:48 jeudi, 12 déc. 2024. 06:50
C'était plutôt amusant d'observer la réaction du public et d'une certaine faction des médias, dont quelques vieux routiers de la planète hockey, à la suite du sursaut d'énergie qui avait valu au Canadien de remporter quatre victoires consécutives pour une deuxième fois seulement cette saison. C'est tellement nous, ça, les Québécois, de partir en peur quand ça va bien et de grogner fort quand les choses tournent mal.
Le Canadien s'était hissé à sept points du huitième rang avant de recevoir la Caroline. Les plus optimistes reniflaient déjà une odeur de séries dans l'air. Comme si les choses n'étaient pas déjà suffisamment roses, c'était la plus mauvaise équipe dans l'Est, celle de Kirk Muller, qui s'amenait au Centre Bell. Contre un adversaire croupissant au dernier rang de son association et en 28e place dans la ligue, la cinquième victoire de suite semblait dans le sac. La possibilité de s'approcher à cinq petits points d'un laissez-passer pour les séries allait, croyait-on, pomper l'adrénaline dans la bande à Randy Cunneyworth.
Dans l'euphorie du moment, on voyait loin. Depuis cette défaite, on ne voit plus loin du tout. Comme le Canadien est beaucoup plus près de la cave que de la huitième place, on se dit maintenant qu'une 15e position n'est pas impossible, après tout. Les montagnes russes émotives sont reparties dans l'autre sens.
Mais pourquoi, diable, sont-ils incapables de maintenir le rythme? Pourquoi peuvent-ils jouer d'une façon admirable pendant quatre matchs et tomber dans de vieilles habitudes qui bousillent totalement leur saison.
Qu'est-ce qui a fait du Canadien une formation gagnante tout à coup? Comment l'équipe en est-elle venue à si bien jouer soudainement? Il y a plusieurs explications à cela.
--Carey Price a évité les mauvais buts, tout en commençant à voler des matchs. Cela a vite fait une énorme différence.
--David Desharhais, du haut de ses cinq pieds et quelques pouces, est devenu le général de l'attaque en faisant profiter ses ailiers Pacioretty et Cole de son jeu imaginatif et de son exceptionnel talent de passeur. Ce n'est pas du tout une coïncidence si ces deux-là sont les meilleurs francs-tireurs de l'équipe.
--Tomas Plekanek a retrouvé son entrain en attaque. Il est redevenu un élément-clé de l'équipe.
--P.K. Subban, moins exubérant, plus concentré, plus à son affaire, a joué avec plus de jugement. Son efficacité a grimpé d'une coche.
--Josh Gorges a rempli son rôle de général à merveille. Il a été solide, agressif et efficace.
--Mathieu Darche, qu'on a utilisé contre les marqueurs les plus dangereux de l'opposition, a été employé durant une vingtaine de minutes par match sans jamais placer l'équipe dans l'embarras.
--Louis Leblanc, qui s'est présenté au Centre Bell avec l'idée bien arrêtée de s'y faire une niche, a été dynamique et fringant.
--Alexei Emelin s'est avéré une révélation. Plus sûr de ses moyens, il a appuyé l'attaque d'une façon étonnante. Le joueur le plus robuste du Canadien s'affiche comme la recrue la plus prometteuse de l'équipe cette saison.
--Finalement, dans une situation sans issue pour lui, Cunneyworth a mis son pied à terre comme jamais son prédécesseur n'avait osé le faire en sabrant dans le temps de jeu de l'inefficace Andreï Kostitsyn et de l'inutile Scott Gomez. Tomas Kaberle aurait dû subir le même sort, mais comme le directeur général a vu en lui une acquisition capable de faire une différence, on continue de lui accorder toutes les chances de le démontrer.
Un long marathon
Une saison de 82 parties constitue un long marathon. On ne peut pas se glisser parmi les meilleurs à la fin d'une course comme celle-là quand on ouvre la machine aux deux tiers du parcours. En connaissant ce sursaut d'énergie, les joueurs du Canadien s'y sont pris beaucoup trop tard.
Cette séquence de victoires n'a été rien d'autre qu'une fausse remontée et une fausse joie pour ceux qui continuent de les appuyer aveuglément. Contre une équipe de fond de classement, appuyé par la foule la plus fidèle et la plus bruyante de la ligue et jouissant d'une priorité d'un but en troisième période, on ne comprend pas qu'ils aient perdu.
Par ailleurs, c'est incompréhensible que pour un match de cette importance, l'équipe ne puisse pas compter sur l'un de ses attaquants les plus talentueux, Andreï Kostitsyn. J'avoue que je ne comprends pas tous ceux qui blâment Martin et Cunneyworth d'en avoir fait le mal-aimé de l'équipe. Kostitsyn est lymphatique, paresseux et complètement détaché de la réalité. On le défend souvent en affirmant que bon an mal an, il marque 20 buts par saison. Il n'y a pas de quoi applaudir quand il a le talent pour en inscrire 35.
Le Biélorusse a joué un peu plus de quatre minutes contre les Hurricanes. Il ne mérite pas d'être en uniforme ce soir. S'il sautait sur la glace avec l'intention de nous en mettre plein la vue, Kostitsyn jouerait plus fréquemment parce qu'il serait spectaculaire et productif. Pensez-vous vraiment qu'un entraîneur se priverait volontairement d'un joueur qui lui donnerait tout ce qu'il a? Voilà un athlète mou, indifférent et qui ne lève pas souvent le petit doigt pour appuyer des coéquipiers qui se fendent en quatre pour gagner. Ils sont plus nombreux qu'on le pense les joueurs qui veulent gagner dans cette équipe.
On a tort de clamer que Kostitsyn devrait jouer parce que Gomez et Kaberle, aussi mauvais que lui, ont droit à la clémence de l'entraîneur. Un coach n'est pas à l'abri des erreurs de jugement. Ça ne devrait pas lui servir d'excuse pour se renfrogner.
Kostitsyn, qui se traîne lamentablement les savates, a l'audace d'affirmer qu'il aime Montréal et son équipe et qu'il désire y jouer longtemps encore. Traduisez cela par: «J'aimerais bien leur arracher un autre riche contrat». En commençant probablement la prochaine négociation par une demande se chiffrant à quatre millions $ par saison, lui qui touche plus de trois millions depuis trop longtemps déjà.
Comme la mode n'est pas aux diminutions salariales, la prudence est de mise dans son cas. Une prudence qui milite beaucoup plus en faveur de son départ que d'une autre entente à long terme qui lui permettrait d'hiberner aux frais des amateurs pendant quelques années encore.
Un virus?
Reste le cas de Gomez. Tout a été dit depuis qu'un entraîneur adjoint s'est permis de lui dire ses quatre vérités. La bonne nouvelle à la suite de cette engueulade avec Randy Ladouceur, c'est que les entraîneurs semblent finalement en avoir assez de Gomez. Il n'est plus un cas pour Cunneyworth et Ladouceur. Il est dorénavant la patate chaude, pour ne pas dire la pomme avariée, de Pierre Gauthier.
Gomez affirme sans rire que personne ne veut plus gagner que lui à Montréal en ce moment. L'agent Ian Pulver en rajoute en déclarant que son client fait partie de la solution au sein du Canadien. Mais dans quel monde vive-t-il ces deux-là? Qui croient-ils berner?
Gomez est très loin de faire partie de la solution. Il perturbe ses entraîneurs. Il dérange. Il est devenu une source de distraction en attirant constamment les réflecteurs sur lui pour les mauvaises raisons. Cette saison, il a déteint sur l'équipe.
Un virus, Gomez? C'est bien possible.
Le Canadien s'était hissé à sept points du huitième rang avant de recevoir la Caroline. Les plus optimistes reniflaient déjà une odeur de séries dans l'air. Comme si les choses n'étaient pas déjà suffisamment roses, c'était la plus mauvaise équipe dans l'Est, celle de Kirk Muller, qui s'amenait au Centre Bell. Contre un adversaire croupissant au dernier rang de son association et en 28e place dans la ligue, la cinquième victoire de suite semblait dans le sac. La possibilité de s'approcher à cinq petits points d'un laissez-passer pour les séries allait, croyait-on, pomper l'adrénaline dans la bande à Randy Cunneyworth.
Dans l'euphorie du moment, on voyait loin. Depuis cette défaite, on ne voit plus loin du tout. Comme le Canadien est beaucoup plus près de la cave que de la huitième place, on se dit maintenant qu'une 15e position n'est pas impossible, après tout. Les montagnes russes émotives sont reparties dans l'autre sens.
Mais pourquoi, diable, sont-ils incapables de maintenir le rythme? Pourquoi peuvent-ils jouer d'une façon admirable pendant quatre matchs et tomber dans de vieilles habitudes qui bousillent totalement leur saison.
Qu'est-ce qui a fait du Canadien une formation gagnante tout à coup? Comment l'équipe en est-elle venue à si bien jouer soudainement? Il y a plusieurs explications à cela.
--Carey Price a évité les mauvais buts, tout en commençant à voler des matchs. Cela a vite fait une énorme différence.
--David Desharhais, du haut de ses cinq pieds et quelques pouces, est devenu le général de l'attaque en faisant profiter ses ailiers Pacioretty et Cole de son jeu imaginatif et de son exceptionnel talent de passeur. Ce n'est pas du tout une coïncidence si ces deux-là sont les meilleurs francs-tireurs de l'équipe.
--Tomas Plekanek a retrouvé son entrain en attaque. Il est redevenu un élément-clé de l'équipe.
--P.K. Subban, moins exubérant, plus concentré, plus à son affaire, a joué avec plus de jugement. Son efficacité a grimpé d'une coche.
--Josh Gorges a rempli son rôle de général à merveille. Il a été solide, agressif et efficace.
--Mathieu Darche, qu'on a utilisé contre les marqueurs les plus dangereux de l'opposition, a été employé durant une vingtaine de minutes par match sans jamais placer l'équipe dans l'embarras.
--Louis Leblanc, qui s'est présenté au Centre Bell avec l'idée bien arrêtée de s'y faire une niche, a été dynamique et fringant.
--Alexei Emelin s'est avéré une révélation. Plus sûr de ses moyens, il a appuyé l'attaque d'une façon étonnante. Le joueur le plus robuste du Canadien s'affiche comme la recrue la plus prometteuse de l'équipe cette saison.
--Finalement, dans une situation sans issue pour lui, Cunneyworth a mis son pied à terre comme jamais son prédécesseur n'avait osé le faire en sabrant dans le temps de jeu de l'inefficace Andreï Kostitsyn et de l'inutile Scott Gomez. Tomas Kaberle aurait dû subir le même sort, mais comme le directeur général a vu en lui une acquisition capable de faire une différence, on continue de lui accorder toutes les chances de le démontrer.
Un long marathon
Une saison de 82 parties constitue un long marathon. On ne peut pas se glisser parmi les meilleurs à la fin d'une course comme celle-là quand on ouvre la machine aux deux tiers du parcours. En connaissant ce sursaut d'énergie, les joueurs du Canadien s'y sont pris beaucoup trop tard.
Cette séquence de victoires n'a été rien d'autre qu'une fausse remontée et une fausse joie pour ceux qui continuent de les appuyer aveuglément. Contre une équipe de fond de classement, appuyé par la foule la plus fidèle et la plus bruyante de la ligue et jouissant d'une priorité d'un but en troisième période, on ne comprend pas qu'ils aient perdu.
Par ailleurs, c'est incompréhensible que pour un match de cette importance, l'équipe ne puisse pas compter sur l'un de ses attaquants les plus talentueux, Andreï Kostitsyn. J'avoue que je ne comprends pas tous ceux qui blâment Martin et Cunneyworth d'en avoir fait le mal-aimé de l'équipe. Kostitsyn est lymphatique, paresseux et complètement détaché de la réalité. On le défend souvent en affirmant que bon an mal an, il marque 20 buts par saison. Il n'y a pas de quoi applaudir quand il a le talent pour en inscrire 35.
Le Biélorusse a joué un peu plus de quatre minutes contre les Hurricanes. Il ne mérite pas d'être en uniforme ce soir. S'il sautait sur la glace avec l'intention de nous en mettre plein la vue, Kostitsyn jouerait plus fréquemment parce qu'il serait spectaculaire et productif. Pensez-vous vraiment qu'un entraîneur se priverait volontairement d'un joueur qui lui donnerait tout ce qu'il a? Voilà un athlète mou, indifférent et qui ne lève pas souvent le petit doigt pour appuyer des coéquipiers qui se fendent en quatre pour gagner. Ils sont plus nombreux qu'on le pense les joueurs qui veulent gagner dans cette équipe.
On a tort de clamer que Kostitsyn devrait jouer parce que Gomez et Kaberle, aussi mauvais que lui, ont droit à la clémence de l'entraîneur. Un coach n'est pas à l'abri des erreurs de jugement. Ça ne devrait pas lui servir d'excuse pour se renfrogner.
Kostitsyn, qui se traîne lamentablement les savates, a l'audace d'affirmer qu'il aime Montréal et son équipe et qu'il désire y jouer longtemps encore. Traduisez cela par: «J'aimerais bien leur arracher un autre riche contrat». En commençant probablement la prochaine négociation par une demande se chiffrant à quatre millions $ par saison, lui qui touche plus de trois millions depuis trop longtemps déjà.
Comme la mode n'est pas aux diminutions salariales, la prudence est de mise dans son cas. Une prudence qui milite beaucoup plus en faveur de son départ que d'une autre entente à long terme qui lui permettrait d'hiberner aux frais des amateurs pendant quelques années encore.
Un virus?
Reste le cas de Gomez. Tout a été dit depuis qu'un entraîneur adjoint s'est permis de lui dire ses quatre vérités. La bonne nouvelle à la suite de cette engueulade avec Randy Ladouceur, c'est que les entraîneurs semblent finalement en avoir assez de Gomez. Il n'est plus un cas pour Cunneyworth et Ladouceur. Il est dorénavant la patate chaude, pour ne pas dire la pomme avariée, de Pierre Gauthier.
Gomez affirme sans rire que personne ne veut plus gagner que lui à Montréal en ce moment. L'agent Ian Pulver en rajoute en déclarant que son client fait partie de la solution au sein du Canadien. Mais dans quel monde vive-t-il ces deux-là? Qui croient-ils berner?
Gomez est très loin de faire partie de la solution. Il perturbe ses entraîneurs. Il dérange. Il est devenu une source de distraction en attirant constamment les réflecteurs sur lui pour les mauvaises raisons. Cette saison, il a déteint sur l'équipe.
Un virus, Gomez? C'est bien possible.