Gauthier est sans voix
Hockey mercredi, 16 févr. 2011. 11:38 dimanche, 15 déc. 2024. 03:31
On ne parlait que d'une chose dans le vestiaire après la longue fusillade perdue contre les Sabres de Buffalo. Tout le monde s'attardait sur le précieux premier point perdu alors que le Canadien venait de rater une rare occasion de devancer les Bruins au premier rang de sa division. Après tout, l'équipe avait laissé filer une avance de 2-0 dans le match et de 2-0 en fusillade.
Est-ce que la perte de ce point risque de faire mal à la fin de la saison? Peut-être. Est-ce à ce point catastrophique? Pas du tout. Toutes les équipes gaspillent des points ici et là.
Allez demander aux joueurs des Bruins s'ils sont heureux d'avoir perdu contre les énigmatiques Maple Leafs de Toronto, avec 61 secondes à jouer, le soir même? Allez demander aux joueurs des Sabres, qui jouent du hockey à la fois inspiré et désespéré ces temps-ci, s'ils ont bien dormi après avoir perdu 7-6 contre les Islanders, sur leur propre glace, dimanche dernier? Et j'imagine que les Stars de Dallas, qui semblaient pourtant en contrôle dans leur division, sont actuellement très inquiets après avoir perdu six de leurs sept derniers matchs?
La vérité, c'est que le Canadien, malgré les blessures, est parvenu à éviter le pire jusqu'ici. Mardi, les Sabres ont dû recourir à un 10e tir en fusillade pour vaincre un adversaire privé d'un quatuor régulier de défenseurs, Markov, Gorges, Gill et Spacek.
Quand je demande au directeur général Pierre Gauthier comment son équipe en arrive à se maintenir parmi les meneurs dans les circonstances, il hausse les épaules. Il fait même la moue en faisant mine de ne pas détenir la moindre parcelle d'explication. Pourtant, s'il en est un qui sait exactement ce que se passe, c'est bien lui.
«Il n'y a pas d'explications, finit-il par dire. Toutes les formations ont des blessés. On est un peu comme tout le monde dans ces moments-là. On fait avec ce qu'on a. Ces choses-là finissent par s'équilibrer.»
Je lui parle de la chimie qui s'est installée dans son vestiaire. Il faut bien que quelqu'un en soit responsable. Les joueurs ne se réveillent pas un matin en se disant qu'il faut se serrer les coudes et s'aimer. Ça se crée un climat comme celui-là.
Je croyais qu'il allait saisir l'occasion de rendre hommage à son entraîneur. Pas un mot. Encore une fois, il hausse les épaules avec indifférence. «Faites vos propres analyses», recommande-t-il sur un ton pas très intéressé.
Vous pensiez que Bob Gainey était difficile à suivre? Si Gainey était nébuleux, Gauthier est carrément hermétique. D'ailleurs, c'est la loi de l'omerta depuis qu'il a pris l'entier contrôle de l'équipe. Plus personne ne parle. Le recruteur en chef Trevor Timmins est disparu du champ des médias. Les entraîneurs des Bulldogs de Hamilton ne peuvent pas accorder des entrevues sans qu'elles soient d'abord approuvées par la maison-mère. Les directives sont claires. Il n'y a qu'un seul porte-parole sur le plan du hockey et c'est lui. Or, quand l'unique porte-parole préfère ne pas parler, les médias en sont réduits à tirer leurs propres conclusions.
Il est comme ça, Gauthier. Il ne se vante pas et il ne croit pas utile de vanter qui que ce soit. Remarquez que pour les gerbes de fleurs, il serait justifié de commencer par lui. Il est allé chercher un défenseur d'expérience en James Wisniewski. Il a puisé au sein de la filiale pour en ramener des éléments qui ont effectué le travail : Pacioretty, Desharnais et Weber. Pas moins de 11 défenseurs ont été utilisés jusqu'ici.
Sur une note encourageante, précisons que 10 joueurs sont âgés de 24 ans ou moins. Dans cette saison cahoteuse sur le plan des effectifs, imaginez ce que l'équipe aurait pu accomplir si les vétérans chargés de la transporter avaient rempli leur mandat.
Mais ça, c'est de la petite bière quand vient le temps de tirer des conclusions sur les performances de l'équipe. La raison majeure se situe entre les poteaux. Et dans ce cas bien précis, Gauthier a clairement démontré que personne, ni le public, ni les médias, ni tous les anciens entraîneurs qui commentent quotidiennement les agissements du Canadien, ne lui diront comment mener sa barque. Il fallait un front de boeuf pour échanger ce qui semblait être un joueur de concession, Jaroslav Halak, en retour de deux joueurs sans nom, Lars Eller et Ian Schultz.
Vous pouvez le menacer d'annuler vos abonnements de saison et de boycotter les produits Molson s'il échange un joueur populaire, il ne vous entendra pas. Il n'écoutera qu'une voix, celle du bon sens. Et dans le cas de Carey Price, il a eu raison.
Si le Canadien est plus près de la troisième place que de la huitième, même si l'écart n'est que de sept points entre les deux, c'est à Price qu'il le doit. Toutes les formations possédant un gardien capable de transformer des défaites en victoires jouissent d'un net avantage sur la concurrence. Les Carey Price ne courent pas les rues. On aimait sa prestance, sa carrure devant son filet. Sur le plan de la force physique, il profitait d'un avantage marqué sur Halak. Ces éléments ont largement influencé la décision de Gauthier.
Regardez ce qui se passe à St. Louis. Halak démontre des signes d'essoufflement avec sa moyenne de 2.63 (2.37 pour Price) et son pourcentage d'efficacité de ,907 (,920 pour Price). Il serait très étonnant que le sympathique gardien slovaque connaisse le même genre de carrière que Price.
Cela explique en partie pourquoi Gauthier reste sans voix quand on lui demande d'expliquer comment son équipe est parvenue à garder la tête hors de l'eau jusqu'ici. Comment pourrait-il parler de l'énorme utilité de Price sans attirer les réflecteurs sur lui?
«Qu'est-ce qu'on attend de lui, me demande un représentant de la direction. Un gars qui fait le travail ou un gars qui parle? Sur ce dernier plan, on a déjà P.K. Subban», enchaîne-t-il, un sourire en coin.
L'équipe tient le coup
Malgré tout cela, il faut se montrer réaliste. Rien n'est gagné. Une présence dans les séries n'est pas encore dans la poche.
Depuis sa dernière coupe Stanley, toutes les saisons du Canadien ont été parsemées de hauts et de bas. À six occasions, l'équipe a été exclue des séries. Quatre fois, elle a terminé la saison de justesse au huitième rang. À trois autres occasions, elle a soufflé un peu mieux avec une septième place.
Les fans ont rarement eu l'occasion de dormir en paix. Rien n'indique que la situation sera très différente cette saison. Quand le Canadien s'approche du premier rang et des Bruins de Boston dans sa division, on rêve à un avantage de la glace qui pourrait le favoriser dans les séries. Quand deux ou trois défaites le fait glisser vers le huitième rang, le doute s'installe à nouveau.
Actuellement, force est d'admettre que les choses s'annoncent bien même si le Canadien a perdu Andrei Markov, son meilleur défenseur et quart-arrière, qui n'a disputé que sept matchs. Josh Gorges, un guerrier capable d'aller à la guerre sur toutes les glaces de la ligue, a été perdu pour le reste la saison lui aussi. De son côté, même si Michael Cammalleri connaissait une saison nettement inférieure à ce qu'il est en mesure de donner, il aurait pu marquer quelques buts qui auraient pu donner à son équipe quelques points additionnels au classement. Ce qui, dans les faits, ferait une différence énorme en ce moment.
Le Canadien s'est bien acclimaté aux départs répétés de Markov qui a manqué 103 matchs, séries incluses, depuis deux ans. Sans lui, l'équipe a conservé une fiche de 27-17-7 cette saison. Avec la perte combinée de Markov et de Gorges, son rendement est de 11-6-5. L'absence de Cammalleri est également loin d'être catastrophique puisque l'équipe n'a encaissé que trois revers en 10 matchs durant son absence.
Il existe toujours un danger
Ce qui n'empêche pas le Canadien d'être menacé d'une fin de saison qui pourrait virer à la catastrophe advenant une période léthargique. Malgré l'allure actuelle de la course, la bande de Jacques Martin pourrait donc devoir se battre jusqu'au 82e match du calendrier pour mériter sa place en séries.
Des 10 premières formations au classement général, le Canadien présente l'attaque la plus faible avec celle des Capitals de Washington. Il ne joue pas pour .500 sur les patinoires étrangères (12-13-1). Son meilleur marqueur vient au 34e rang de la ligue.
Avec une défense décimée par les blessures et une attaque qui n'effraie personne, je comprends un peu mieux ce que Gauthier veut dire quand il affirme que tout ce qui se passe dans la ligue incite son organisation à rester humble.
Est-ce que la perte de ce point risque de faire mal à la fin de la saison? Peut-être. Est-ce à ce point catastrophique? Pas du tout. Toutes les équipes gaspillent des points ici et là.
Allez demander aux joueurs des Bruins s'ils sont heureux d'avoir perdu contre les énigmatiques Maple Leafs de Toronto, avec 61 secondes à jouer, le soir même? Allez demander aux joueurs des Sabres, qui jouent du hockey à la fois inspiré et désespéré ces temps-ci, s'ils ont bien dormi après avoir perdu 7-6 contre les Islanders, sur leur propre glace, dimanche dernier? Et j'imagine que les Stars de Dallas, qui semblaient pourtant en contrôle dans leur division, sont actuellement très inquiets après avoir perdu six de leurs sept derniers matchs?
La vérité, c'est que le Canadien, malgré les blessures, est parvenu à éviter le pire jusqu'ici. Mardi, les Sabres ont dû recourir à un 10e tir en fusillade pour vaincre un adversaire privé d'un quatuor régulier de défenseurs, Markov, Gorges, Gill et Spacek.
Quand je demande au directeur général Pierre Gauthier comment son équipe en arrive à se maintenir parmi les meneurs dans les circonstances, il hausse les épaules. Il fait même la moue en faisant mine de ne pas détenir la moindre parcelle d'explication. Pourtant, s'il en est un qui sait exactement ce que se passe, c'est bien lui.
«Il n'y a pas d'explications, finit-il par dire. Toutes les formations ont des blessés. On est un peu comme tout le monde dans ces moments-là. On fait avec ce qu'on a. Ces choses-là finissent par s'équilibrer.»
Je lui parle de la chimie qui s'est installée dans son vestiaire. Il faut bien que quelqu'un en soit responsable. Les joueurs ne se réveillent pas un matin en se disant qu'il faut se serrer les coudes et s'aimer. Ça se crée un climat comme celui-là.
Je croyais qu'il allait saisir l'occasion de rendre hommage à son entraîneur. Pas un mot. Encore une fois, il hausse les épaules avec indifférence. «Faites vos propres analyses», recommande-t-il sur un ton pas très intéressé.
Vous pensiez que Bob Gainey était difficile à suivre? Si Gainey était nébuleux, Gauthier est carrément hermétique. D'ailleurs, c'est la loi de l'omerta depuis qu'il a pris l'entier contrôle de l'équipe. Plus personne ne parle. Le recruteur en chef Trevor Timmins est disparu du champ des médias. Les entraîneurs des Bulldogs de Hamilton ne peuvent pas accorder des entrevues sans qu'elles soient d'abord approuvées par la maison-mère. Les directives sont claires. Il n'y a qu'un seul porte-parole sur le plan du hockey et c'est lui. Or, quand l'unique porte-parole préfère ne pas parler, les médias en sont réduits à tirer leurs propres conclusions.
Il est comme ça, Gauthier. Il ne se vante pas et il ne croit pas utile de vanter qui que ce soit. Remarquez que pour les gerbes de fleurs, il serait justifié de commencer par lui. Il est allé chercher un défenseur d'expérience en James Wisniewski. Il a puisé au sein de la filiale pour en ramener des éléments qui ont effectué le travail : Pacioretty, Desharnais et Weber. Pas moins de 11 défenseurs ont été utilisés jusqu'ici.
Sur une note encourageante, précisons que 10 joueurs sont âgés de 24 ans ou moins. Dans cette saison cahoteuse sur le plan des effectifs, imaginez ce que l'équipe aurait pu accomplir si les vétérans chargés de la transporter avaient rempli leur mandat.
Mais ça, c'est de la petite bière quand vient le temps de tirer des conclusions sur les performances de l'équipe. La raison majeure se situe entre les poteaux. Et dans ce cas bien précis, Gauthier a clairement démontré que personne, ni le public, ni les médias, ni tous les anciens entraîneurs qui commentent quotidiennement les agissements du Canadien, ne lui diront comment mener sa barque. Il fallait un front de boeuf pour échanger ce qui semblait être un joueur de concession, Jaroslav Halak, en retour de deux joueurs sans nom, Lars Eller et Ian Schultz.
Vous pouvez le menacer d'annuler vos abonnements de saison et de boycotter les produits Molson s'il échange un joueur populaire, il ne vous entendra pas. Il n'écoutera qu'une voix, celle du bon sens. Et dans le cas de Carey Price, il a eu raison.
Si le Canadien est plus près de la troisième place que de la huitième, même si l'écart n'est que de sept points entre les deux, c'est à Price qu'il le doit. Toutes les formations possédant un gardien capable de transformer des défaites en victoires jouissent d'un net avantage sur la concurrence. Les Carey Price ne courent pas les rues. On aimait sa prestance, sa carrure devant son filet. Sur le plan de la force physique, il profitait d'un avantage marqué sur Halak. Ces éléments ont largement influencé la décision de Gauthier.
Regardez ce qui se passe à St. Louis. Halak démontre des signes d'essoufflement avec sa moyenne de 2.63 (2.37 pour Price) et son pourcentage d'efficacité de ,907 (,920 pour Price). Il serait très étonnant que le sympathique gardien slovaque connaisse le même genre de carrière que Price.
Cela explique en partie pourquoi Gauthier reste sans voix quand on lui demande d'expliquer comment son équipe est parvenue à garder la tête hors de l'eau jusqu'ici. Comment pourrait-il parler de l'énorme utilité de Price sans attirer les réflecteurs sur lui?
«Qu'est-ce qu'on attend de lui, me demande un représentant de la direction. Un gars qui fait le travail ou un gars qui parle? Sur ce dernier plan, on a déjà P.K. Subban», enchaîne-t-il, un sourire en coin.
L'équipe tient le coup
Malgré tout cela, il faut se montrer réaliste. Rien n'est gagné. Une présence dans les séries n'est pas encore dans la poche.
Depuis sa dernière coupe Stanley, toutes les saisons du Canadien ont été parsemées de hauts et de bas. À six occasions, l'équipe a été exclue des séries. Quatre fois, elle a terminé la saison de justesse au huitième rang. À trois autres occasions, elle a soufflé un peu mieux avec une septième place.
Les fans ont rarement eu l'occasion de dormir en paix. Rien n'indique que la situation sera très différente cette saison. Quand le Canadien s'approche du premier rang et des Bruins de Boston dans sa division, on rêve à un avantage de la glace qui pourrait le favoriser dans les séries. Quand deux ou trois défaites le fait glisser vers le huitième rang, le doute s'installe à nouveau.
Actuellement, force est d'admettre que les choses s'annoncent bien même si le Canadien a perdu Andrei Markov, son meilleur défenseur et quart-arrière, qui n'a disputé que sept matchs. Josh Gorges, un guerrier capable d'aller à la guerre sur toutes les glaces de la ligue, a été perdu pour le reste la saison lui aussi. De son côté, même si Michael Cammalleri connaissait une saison nettement inférieure à ce qu'il est en mesure de donner, il aurait pu marquer quelques buts qui auraient pu donner à son équipe quelques points additionnels au classement. Ce qui, dans les faits, ferait une différence énorme en ce moment.
Le Canadien s'est bien acclimaté aux départs répétés de Markov qui a manqué 103 matchs, séries incluses, depuis deux ans. Sans lui, l'équipe a conservé une fiche de 27-17-7 cette saison. Avec la perte combinée de Markov et de Gorges, son rendement est de 11-6-5. L'absence de Cammalleri est également loin d'être catastrophique puisque l'équipe n'a encaissé que trois revers en 10 matchs durant son absence.
Il existe toujours un danger
Ce qui n'empêche pas le Canadien d'être menacé d'une fin de saison qui pourrait virer à la catastrophe advenant une période léthargique. Malgré l'allure actuelle de la course, la bande de Jacques Martin pourrait donc devoir se battre jusqu'au 82e match du calendrier pour mériter sa place en séries.
Des 10 premières formations au classement général, le Canadien présente l'attaque la plus faible avec celle des Capitals de Washington. Il ne joue pas pour .500 sur les patinoires étrangères (12-13-1). Son meilleur marqueur vient au 34e rang de la ligue.
Avec une défense décimée par les blessures et une attaque qui n'effraie personne, je comprends un peu mieux ce que Gauthier veut dire quand il affirme que tout ce qui se passe dans la ligue incite son organisation à rester humble.