TORONTO – Danielle Goyette avait 28 ans lorsqu’elle a ouvert la porte du vestiaire de l’équipe canadienne de hockey féminin à une adolescente de 14 ans.

 

Inconnue du public, mais promise à une brillante carrière, cette adolescente nommée Hailey Wickenheiser a profité de l’expérience, des conseils, des encouragements et de la complicité de Danielle Goyette pour se hisser au rang de plus grande joueuse de hockey féminin de l’histoire.

 

Pour avoir ouvert la porte à Wickenheiser et à des centaines, voire des milliers d’autres jeunes filles qui ont décidé de faire fi des moqueries des garçons pour vivre elles aussi leur passion du hockey, et parce qu’elle a été elle-même l’une des grandes joueuses de l’histoire du hockey féminin canadien, du hockey féminin tout court, Danielle Goyette fera son entrée au Temple de la renommée du hockey lundi.

 

Une entrée attendue et plus que méritée.

 

Une entrée qui permettra à Goyette d’ouvrir la porte du Temple de la renommée à Wickenheiser au même titre qu’elle l’avait fait à l’entrée du vestiaire d’Équipe-Canada. Car oui, Wickenheiser viendra la rejoindre dès l’instant où la nouvelle retraitée sera admissible.

 

Danielle Goyette est la cinquième femme à obtenir une place bien à elle parmi les plus grands hockeyeurs de l’histoire. Elle suit les Canadiennes Angela James (2010) et Geraldine Heaney (2013) et les Américaines Cammi Granato (2010) et Angela Ruggiero (2013).

 

Pas question ici de contester le fait que Goyette ait dû attendre quelques années de trop pour recevoir le plus grand honneur réservé à un hockeyeur... ou hockeyeuse. Mais il est clair que l’intronisation de cette grande dame du hockey féminin corrige un oubli qui commençait à être gênant.

 

Originaire de St-Nazaire, Goyette croyait d’ailleurs à une blague lorsqu’elle a reçu l’appel confirmant sa sélection le printemps dernier. « Je n’avais pas la moindre idée que j’étais dans les plans. J’étais à Toronto cette journée-là et c’est lorsque mon ancienne coéquipière Tessa Bonhomme – elle travaille aujourd’hui à TSN – m’a appelée pour me féliciter que j’ai vraiment réalisé ce qui arrivait », a raconté Danielle Goyette, samedi, lors de la rencontre entre les intronisés et des centaines d’amateurs de hockey dans le Grand Hall du Temple de la renommée.

 

Danielle Goyette a marqué 113 buts et récolté 218 points lors des 171 matchs qu’elle a disputés dans l’uniforme du Canada. Au fil de ces matchs elle a remporté huit médailles d’or et une d’argent en championnat du monde, deux médailles d’or aux Jeux olympiques de Salt Lake City (2002) et Turin (2006) en plus d’une médaille d’argent en 1998, à Nagano, où le hockey féminin a fait une entrée remarquée aux Jeux olympiques.

 

À Turin, où elle a complété sa carrière, Goyette a reçu l’honneur de porter l’Unifolié lors de l’entrée des athlètes canadiens dans le cadre des cérémonies d’ouverture des Jeux d’hiver.

 

C’est sur une patinoire extérieure à quelques pas de la maison familiale que Daniel Goyette a donné ses premiers coups de patin. Elle avait à peine six ans. Entourée de six sœurs et d’un seul frère, Goyette a été poussée vers le hockey par sa passion pour ce sport et non par des frères qui l’incitaient à la suivre. D’ailleurs, à cette époque, les garçons regardaient d’un œil amusé, non méprisant, les filles qui osaient se pointer sur une patinoire pour y jouer au hockey et non pour y faire du patinage de « fantaisie ».

 

« J’adorais le hockey et ce qui m’a aidé c’est que j’avais les mêmes idoles que les gars. J’étais une grande fan du Canadien. Guy Lafleur, Mats Naslund, Bobby Smith étaient mes héros. Ils étaient les joueurs que je voulais imiter sur la patinoire. »

 

Grâce à Goyette et aux autres femmes qui flirtent avec la cinquantaine et qui ont osé vivre leur passion du hockey, les temps ont bien changé.

 

« La popularité du hockey féminin est la plus belle récompense qui soit. Dans le temps, nous étions coachées par le mari d’une joueuse qui acceptait de donner du temps pour la cause. Aujourd’hui, le hockey féminin est structuré. Nous avons un solide programme de développement, les filles sont rapides, fortes, talentueuses. Pour atteindre l’équipe nationale, tu dois te donner à fond. Il n’y a plus de passe-droit alors que nous avons un bassin de 90 000 joueuses pour combler les 23 places disponibles. Si tu ne te défonces pas et ne te consacres pas entièrement à ta carrière, tu n’as plus la moindre chance d’accéder à l’équipe nationale. »

 

De fait, Danielle Goyette a un message à livrer à tous ceux et celles qui aiment le hockey et qui veulent se donner à fond pour se rendre le plus loin possible. Peut-être même aux portes du Temple de la renommée.

 

« Nous sommes cinq assis devant vous – Dave Andreychuk, Mark Recchi, Paul Kariya et Teemu Selanne complètent la cuvée 2017 – et si nous sommes ici, c’est parce que nous n’avons jamais cru au cours de nos carrières que nous étions assez bons. Nous avons toujours voulu être meilleurs. Et nous avons toujours pris les moyens pour y arriver. Quand tu crois que tu es rendu au sommet, que tu es bon, c’est un signe que le temps est venu de raccrocher. »

 

Lundi soir lorsqu’elle fera officiellement son entrée au Temple de la renommée, Danielle Goyette pourra dire sans risque de se tromper qu’elle est bel et bien rendue au sommet. Enfin!