TORONTO – Mark Recchi est l’un des dix joueurs de l’histoire de la LNH à avoir soulevé la coupe Stanley avec trois équipes différentes. Une preuve éloquente de l’influence positive qu’il a apportée sur la glace et dans le vestiaire des Penguins de Pittsburgh, des Hurricanes de la Caroline et des Bruins de Boston avec qui il a remporté les grands honneurs.

 

Mieux encore, Recchi est l’un des huit joueurs de l’histoire à avoir soulevé trois coupes Stanley dans trois décennies différentes. Une preuve plus éloquente encore de sa fougue et de sa longévité.

 

« Rex » occupe aussi le 4e rang dans l’histoire avec ses 1652 matchs disputés en saison régulière, matchs au cours desquels il a marqué 577 buts et récolté 1533 points.

 

S’ils lui ont ouvert les portes du Temple de la renommée, les exploits multipliés par Recchi lui ont surtout permis de repousser des limites qui devaient l’empêcher de se rendre dans la Ligue nationale.

 

Car au repêchage de 1988, c’est en quatrième ronde que les Penguins de Pittsburgh ont finalement mis la main sur le petit joueur de Kamloops en Colombie-Britannique.

 

Recchi a disputé plus de matchs dans la LNH et récolté plus de points que tous les autres joueurs sélectionnés la même année. Devant Mike Modano, le tout premier choix de la cuvée 1988, Trevor Linden choisi au 2e rang, Jeremy Roenick au 8e rang et même Teemu Selanne repêché au 10e rang. Selanne, avec ses 684 buts, est le seul à devancer Recchi à ce chapitre dans la cuvée 1988.

 

Pas mal pour un gars sélectionné au 67e rang à qui les dirigeants de l’époque ont préféré 18 joueurs qui n’ont jamais atteint la LNH – dont l’actuel directeur général Kevin Cheveldayoff choisi en première ronde (16e sélection) par les Islanders de New York – et plusieurs autres qui n’ont fait que passer dans la grande ligue sans jamais s’y installer.

 

Croisé vendredi au Air Canada Centre après la défaite en prolongation que les Leafs venaient d’infliger à ses Bruins, Patrice Bergeron assurait que l’intronisation de Mark Recchi lui permettait de remettre les pendules à l’heure. De confirmer sa grande valeur et la place qu’il occupe parmi les meilleurs joueurs de l’histoire.

 

« Même si Mark était en fin de carrière lorsqu’il est débarqué à Boston, je peux t’assurer qu’il a eu une grande influence sur l’équipe et sur moi. J’ai appris beaucoup de lui. Autant sur la glace qu’à l’extérieur. Il m’a montré à être efficace sur la patinoire. Il m’a montré à être un bon leader. À comprendre quand il était temps de prendre la parole dans le vestiaire. De donner le ton. De donner l’exemple. J’ai toujours trouvé que la valeur de Mark était un peu sous-estimée. Son entrée au Temple corrige le tir », a témoigné Patrice Bergeron.

 

Lors de sa première conquête de la coupe Stanley en 1991, Mark Recchi a rempli un rôle de premier plan. Après une saison régulière au cours de laquelle il a marqué 40 buts et totalisé 113 points, il a ajouté 34 points en séries éliminatoires.

 

Vingt ans plus tard, avec les Bruins, Recchi, alors âgé de 43 ans, est devenu le plus vieux joueur de l’histoire de la LNH à enfiler un but en finale de la coupe Stanley.

 

Échangé plus souvent qu’il l’aurait voulu – « j’aimais tellement le hockey que j’ai toujours accepté les changements de villes surtout qu’ils m’ont permis de démontrer jusqu’à la toute fin que je pouvais encore contribuer », a témoigné Recchi lors de la rencontre avec les partisans samedi – Recchi a influencé la carrière de plusieurs joueurs. Pas seulement celle de Patrice Bergeron.

 

Impossible d’oublier le visage défait de Saku Koivu à son retour dans un hôtel de St Louis après être allé conduire Recchi à l’aéroport après l’annonce de la transaction qui le chassait de Montréal. Coéquipier et proche ami de Recchi, Koivu, en pleurs, n’avait pas été en mesure de répondre aux questions des journalistes.

 

Recchi a aussi influencé la carrière de Paul Kariya qui fera, lui aussi, son entrée au Temple de la renommée du hockey lundi.

 

« Quand j’étais jeune, j’utilisais des bâtons avec des lames très courbées. Un jour, j’ai remarqué que Mark utilisait des lames beaucoup plus droites. Comme il marquait des buts à profusion et qu’il avait un des meilleurs tirs de la LNH, j’ai changé les lames de mes bâtons », a témoigné Kariya samedi.

 

Lorsque Recchi l’a remercié en disant qu’il était touché d’apprendre cette nouvelle, Kariya s’est tourné vers lui en riant : « j’ai conté la même histoire lorsque nous avons été intronisés au Temple de la renommée du sport en Colombie-Britannique. Je suis content de voir que tu m’écoutais... »

 

En plus de soulever la coupe Stanley à trois reprises avec trois clubs différents lors de trois décennies différentes, Mark Recchi a également eu la chance de vivre des rivalités des deux côtés de la clôture.

 

« J’ai vécu la rivalité de Pittsburgh contre Philadelphie et celle des Flyers contre les Penguins. J’ai aussi vécu la haine qui opposait le Canadien et les Bruins tout comme les amateurs de Montréal et Boston dans les deux villes. Disons que c’était particulier », a lancé Recchi qui a identifié le défenseur Scott Stevens comme étant le joueur qui lui a donné le plus de fil à retordre au cours de sa carrière.

 

S’il évoque le nom de Mario Lemieux comme étant celui qui a le plus marqué sa carrière, Mark Recchi ne tarit pas d’éloges à l’égard de Saku Koivu et de Patrice Bergeron. « Saku est l’un des meilleurs joueurs avec qui j’ai eu la chance de jouer. Il est aussi certainement le plus compétitif de tous. Quant à Patrice, il est certainement à mes yeux le joueur le plus complet de la LNH en ce moment. »

 

Après avoir commencé à jouer au hockey avec ses frères à Kamloops, Mark Recchi travaille aujourd’hui au sein de l’état-major des Penguins de Pittsburgh. Six ans après sa retraite, il aime toujours autant le sport qui lui a ouvert les portes du Temple de la renommée. Ses voisins peuvent en témoigner, car il lui arrive encore de temps en temps de saisir un bâton et d’aller jouer du hockey-balle dans la rue avec des enfants de son quartier.