Le duo McDavid-Draisaitl déclasse le duo Danault-Kopitar
EDMONTON – Un des nombreux clichés dans le monde du sport prétend que l'attaque attire et comble les foules, mais que c'est la défensive qui gagne des championnats.
Lundi soir, à Edmonton, ce grand principe a pris le bord alors que l'attaque des Oilers, l'une des meilleures de la LNH, a été sans pitié pour la défensive des Kings qui est considérée comme l'une des plus étanches du circuit.
Les Kings étaient pourtant bien prêts à relever le défi qui se dressait devant eux.
À commencer par Phillip Danault qui espérait depuis longtemps croiser les Oilers en première ronde pour une troisième année de suite.
« J'aurais mis la saison régulière de côté simplement pour les retrouver en séries. C'était écrit dans le ciel qu'on se croiserait encore cette année. Il fallait que ça arrive », assurait le centre québécois après les entraînements matinaux des deux équipes.
Danault et ses coéquipiers auraient pourtant pu éviter les Oilers en échappant le dernier match de la saison qui les opposait aux Blackhawks. Mais en battant Chicago (5-4) en prolongation, les Kings ont chassé les Golden Knights de Las Vegas du troisième rang de la section pacifique et hérité des Oilers en première ronde.
« Tu ne veux pas choisir ton adversaire. Il n'y a rien de bon à faire ça. En plus, on tenait à terminer la saison sur une note positive – six victoires à leurs huit derniers matchs – afin de partir les séries du bon pied. »
Quelques heures après avoir dit qu'il n'avait pas de préférence à se retrouver nez à nez avec Connor McDavid ou Leon Draisaitl – McDavid est plus rapide, plus dynamique, plus imprévisible sur la patinoire alors que Draisaitl a un meilleur tir et tend à se faire oublier pour pouvoir profiter de son tir, a analysé le Québécois – Phillip Danault s'est retrouvé devant le capitaine des Oilers pour disputer la première mise en jeu du match.
Son mandat était clair : flanqué de Trevor Moore et de Viktor Arvidsson, Danault devait d'une présence à une autre, tenter de contenir, à défaut de pouvoir le réduire au silence, Connor McDavid et ses compagnons de jeu.
Onze points pour le premier trio
Ce n'est pas ce qui est arrivé.
De fait, c'est tout le contraire qui s'est produit alors que McDavid a récolté cinq passes dans une victoire de 7-4 des Oilers aux dépens des Kings qui en ont arraché bien plus que le score ne le laisse croire. Car des quatre buts marqués par les Kings, deux ont été le résultat de coups de malchance pour les Oilers alors que les défenseurs Evan Bouchard et Darnell Nurse ont fait dévier, avec la lame de leur patin, derrière Stuart Skinner, des rondelles tirées dans l'enclave.
Zach Hyman a marqué trois buts en plus de récolter une passe et Adam Henrique, le troisième membre du premier trio des Oilers, s'est « contenté » d'un but et d'une mention d'aide.
« C'est bon pour la boutique de souvenirs », que Hyman a ironisé en faisant référence à la très longue interruption de jeu qui a suivi son troisième but. Une pause « bien involontaire » au cours de laquelle les employés du Rogers Place ont amassé plus d'un millier de casquettes tirées des gradins pour saluer le tour du chapeau d'Hyman.
Les casquettes ont été entassées dans de gros sacs de poubelle que les employés ont ensuite traînés jusqu'au vestiaire des Oilers après la victoire. « Pas besoin de les compter, il y en a 14 », qu'une employée m'a mentionné alors que je peinais à compter les sacs empilés les uns sur les autres.
Avec ces cinq mentions d'aide obtenues lundi, McDavid a grimpé sur la troisième marche du podium pour le nombre de matchs disputés en séries avant d'atteindre le plateau des 80 points (29 buts, 51 passes). Les deux premières sont occupées par Wayne Gretzky – 80 points en 37 matchs – et Mario Lemieux qui a eu besoin de 40 rencontres pour y arriver.
À titre de comparaisons plus récentes, Sidney Crosby et Nathan MacKinnon ont atteint le plateau des 80 récoltés en séries lors de leur 59e rencontre éliminatoire.
Encore des munitions secrètes
Accueilli par des « MVP! MVP MVP! » chantés par ses partisans entassés près des grandes vitres du Temple de la renommée des Oilers où se tiennent les points de presse, Connor McDavid était bien sûr ravi de la victoire de son équipe, des succès de son trio, et de l'attaque massive qui a marqué trois fois en quatre tentatives.
« Mes ailiers ont disputé un très fort match tout comme le reste de l'équipe. On tenait à bien amorcer la partie et c'est ce que nous avons fait. Nous avons dicté le jeu. Je dirais que la cohésion affichée dans la très grande majorité de nos présences nous a permis de déstabiliser leur défensive. On les a frappés de différentes façons, mais nous avons encore des armes cachées dans nos manches », que McDavid a ensuite servi en guise d'avertissement lancé aux Kings et à leurs partisans.
Bien que son équipe ait mis un terme à une séquence noire de sept séries consécutives amorcées avec un revers – six en première ronde, dont les deux derniers affrontements contre les Kings, et un autre en deuxième ronde l'an dernier contre les Knights de Vegas – et une première victoire à domicile en lever de rideau d'une série en 34 ans, Connor McDavid avait déjà les yeux tournés vers l'avenir.
« On a réalisé notre premier objectif qui était de prendre le contrôle du premier match. Maintenant qu'il est gagné ce premier match, il faudra jouer avec la même intensité dès la prochaine partie pour doubler notre avance sans oublier qu'ils donnent rarement de bonnes occasions de marquer », a ajouté le capitaine qui semble vraiment en mission.
« Ce n'est pas notre identité! »
Détendu lorsqu'il a croisé les journalistes pendant que quelques-uns de ses coéquipiers patinaient sur l'heure du lunch, lundi, Anze Kopitar avait des objectifs bien précis en tête.
Afficher de la discipline pour éviter de donner trop d'occasions en attaques massives aux Oilers sera crucial. On s'est amélioré en désavantage numérique. Ça nous aidera. Mais ce sera mieux si nous restons hors du cachot. Dans le fond, nous sommes un club solide collectivement. Si on arrive à les frustrer, c'est qu'on sera en train de faire quelque chose de bon. Et si nous arrivons à prendre les devants dans le match, ou dans la série, ce sera une bonne idée de ne pas l'échapper », a défilé le capitaine des matchs en faisant référence au fait que les Kings ont pris les devants 1-0 dans les deux derniers affrontements contre les Oilers, mais qu'ils ont perdu les deux dernières séries.
Tous les objectifs de Kopitar étaient louables.
Lui et ses coéquipiers n'en ont toutefois atteint aucun.
Les Kings, malgré leur deuxième rang en matière d'efficacité en désavantage numérique, ont été victimes de trois buts des Oilers avec un homme en plus sur la glace.
Ils ont donné quatre occasions aux Oilers. Deux fois sur des pénalités écopées par Pierre-Luc Dubois qui a connu un match discret. Même difficile. Une autre par Phillip Danault. Une dernière par Trevor Moore qui est allé faucher les jambes du grand défenseur Vincent Desharnais. Quatre pénalités qui témoignaient des signes évidents de frustration de la part des Kings… et non des Oilers.
Et ils n'ont jamais été près de profiter d'une avance eux qui ont tiré de l'arrière 4-0 et 6-2 à un moment donné dans la rencontre.
Et s'ils jouent encore comme ils l'ont fait lundi, ils risquent fort de ne jamais s'offrir d'avance dans un match… et plus encore dans la série.
« Nous sommes habituellement disciplinés en défensive et efficaces en désavantage numérique. Nous ne l'avons pas été dans les deux facettes du jeu. Quand nous avons offert des performances aussi pitoyables cette saison, nous sommes toujours revenus avec des efforts solides dès le match suivant. Le hockey qu'on a joué ce soir n'est pas notre genre de hockey. Ce n'était pas nous sur la glace ce soir », que Jim Hiller a lancé dans une analyse simple, mais ô combien précise de la non-performance de son équipe.
Maintenant que les raisons expliquant la défaite des Kings ont été identifiées, il ne reste qu'à la corriger. Et le plus vite sera le mieux alors que les deux clubs se croiseront à nouveau mercredi au Rogers Place.
Plus facile à dire qu'à faire, contre des Oilers qui semblent vraiment en mission. Une mission qui implique de soulever la coupe Stanley pour qu'elle soit réussie. Car pour les Oilers, comme l'ont candidement reconnu Connor McDavid et Leon Draisaitl, c'est la coupe ou rien!
Pour mener à bien cette mission, il faudra gagner 16 fois. Il reste encore 15 victoires à aller chercher!