Les Penguins ont repris l'avantage dans la série, mais ont-ils fait clairement la preuve qu'ils sont maintenant en contrôle de la situation? Pas du tout, si vous voulez mon avis.

Le Canadien a eu ses chances durant ce match. Il en a obtenu suffisamment pour faire réfléchir les Penguins qui auraient tremblé dans leurs culottes s'il avait fallu que les visiteurs les obligent à disputer un match décisif lundi soir.

Quand on a la chance de son côté, comme ce fut le cas pour le Canadien dans le quatrième match quand Brian Gionta a marqué le but gagnant avec la complicité involontaire du défenseur Kristopher Letang, les choses finissent pas s'égaler. Hier soir, le Canadien a effectué plusieurs belles tentatives dans le territoire des Penguins, mais il y avait toujours quelque chose qui l'empêchait de compléter ses jeux.

À l'autre extrémité de la patinoire, Jaroslav Halak, sans être le super héros qu'on a découvert durant les séries, a effectué de gros arrêts qui ont permis aux siens de garder espoir jusqu'à la fin. Il a notamment frustré Evgeni Malkin qui s'était glissé entre les défenseurs pour se présenter seul devant lui. Dès le départ en troisième période, Mark Letestu a profité d'une échappée sur laquelle le gardien a eu le dernier mot.

Tout cela pour dire que Halak est resté Halak. Il représente toujours la valeur la plus sûre d'une organisation qui fait maintenant face à l'élimination. Si le Canadien doit invoquer des facteurs positifs en vue du match de lundi, il peut toujours rappeler qu'il a disputé trois matchs sans lendemain contre Washington et qu'il les a tous gagnés. Et Washington, faut-il le préciser, représentait une formation pas mal plus menaçante que les Penguins.

Par ailleurs, il lui faudra sans doute compenser la lourde perte que représente celle de Hal Gill, coupé à une jambe au début de la troisième période. D'habitude, quand un joueur file en vitesse vers l'hôpital en compagnie d'un spécialiste aussi réputé que le docteur David Mulder, la blessure est sérieuse. Curieusement, on a appris après le match que Jaroslav Spacek reprendra sa place dans la formation. Gill, toutefois, sera très difficile à remplacer.

La différence est mince

Il n'y a eu qu'une différence de 13 points entre Montréal et Pittsburgh cette saison, un écart qui a surtout été bâti durant les premiers mois du calendrier. En février, mars et avril, les deux équipes ont amassé exactement le même nombre de points, soit 32.

Les forces sont tellement bien partagées que le dernier mot dans cette série pourrait appartenir à l'un des deux gardiens. Considérant tout ce qui s'est passé durant les séries, à Las Vegas, on placerait sûrement beaucoup d'argent sur Halak.

Cette défaite n'est pas inquiétante en soi. Bien sûr, le Canadien a perdu toute marge de manoeuvre, mais l'équipe ne n'est pas comportée comme si quelque chose n'allait pas ou comme si ses joueurs étaient épuisés. Le Canadien a été dans le coup durant toute la soirée.

Cependant, on se dit qu'à force de gagner des matchs par des scores serrés, la balloune va finir par péter et que le Canadien en perdra une d'une façon très nette un de ces soirs. Il aurait été presque normal que cela se produise hier car les deux gros canons des Penguins, Malkin et Crosby, qui coûtent à eux seuls 18 millions par saison à Mario Lemieux et à son groupe d'actionnaires, étaient sûrement dûs pour faire leur part.

Malkin a marqué un but jusqu'ici. Crosby n'en a aucun. Avant le début de la série, si on avait dit à Pierre Gauthier et à Jacques Martin que les deux vedettes des Penguins se partageraient un maigre but au cours des cinq premiers matchs, ils n'auraient jamais pu imaginer un tel dénouement dans leur plus beau rêve.

Malgré tout, c'est le danger qui guette le Canadien lundi. Crosby n'a pas marqué dans le dernier match de la série précédente. Cela signifie qu'il traverse la plus longue période léthargique de sa carrière (0 en 6). Ce qui fait de lui une bombe à retardement. À moins qu'il nous cache une blessure, Crosby est à la veille de rétablir sa réputation de marqueur. On ne peut pas être associé au trophée Maurice-Richard et être totalement blanchi dans une série. De mémoire, cela ne s'est jamais produit dans le cas du Rocket qui était l'homme de toutes les grandes occasions.

Pour continuer d'avancer dans les séries, Martin devra obtenir de l'aide offensivement pour contrer cette menace. Seulement quatre attaquants ont marqué dans cette série : Cammalleri (4), Gionta (3), Pyatt et Lapierre. Un seul but est venu d'un défenseur, le premier de la carrière de P.K. Subban. Comment peut-on espérer détrôner les champions de la coupe Stanley de cette façon?

L'équipe n'a encore rien obtenu de son meilleur attaquant de la saison, Tomas Plekanec. Benoit Pouliot et Andrei Kostitsyn sont deux boulets que l'unité offensive traîne soir après soir depuis des semaines.

Kostitsyn a connu une soirée de trois buts contre Washington. Ses trois seuls buts en 16 matchs. Le cas de Pouliot est pathétique. Aucun but à ses 19 derniers matchs. Un seul but en 26 parties. Si les trois mêmes joueurs ne parviennent pas à appuyer Cammalleri et Gionta dans le prochain match, la série pourrait prendre fin sur-le-champ.

On va s'entendre sur une chose. Que le Canadien soit toujours en vie malgré le fait que Plekanec, Gomez, Pouliot, Kostitsyn, Moen, Moore et Metropolit n'aient pas donné le plus petit but à leur équipe dans la série, ça tient presque du miracle.

Collectivement, le Canadien va se présenter lundi soir. Personne ne doute de cela. Il faudra toutefois qu'un but ou deux ou trois viennent d'ailleurs. Il y a des limites à se battre avec des fusils à eau.