Le Canadien n'a encore rien gagné mais est jusqu'ici, l'équipe Cendrillon des séries éliminatoires.

Dites-moi combien d'équipes dans l'histoire de la LNH ont connu un tel parcours après avoir successivement changé de propriétaire, changé d'entraîneur, fait onze changements à la formation, avoir eu plusieurs blessés et changé de directeur général et ce, à l'intérieur d'une même année. Le Canadien est la seule équipe que je connais.

Le Canadien disputera un septième match mercredi et je pense que les joueurs vont avoir du plaisir parce qu'ils n'ont rien à perdre. Comme athlète, tu veux simplement t'amuser et continuer à jouer.

Le Canadien a déjà écrit une belle histoire parce qu'il a vaincu les champions de la saison régulière et parce qu'il pousse dans leurs derniers retranchements, les champions de la coupe Stanley. Si le Tricolore avait affronté des équipes comme Boston, Philadelphie ou Buffalo, les partisans auraient été moins indulgents et auraient exigé une victoire alors que face aux Capitals et aux Penguins, les amateurs se montrent plus compréhensifs.

Pour l'instant, je ne m'emballe pas avec le fait que l'équipe ait atteint la deuxième ronde, qu'elle n'a pas encore gagnée. J'aime surtout le fait que le Canadien a battu une très bonne équipe et qu'il pourrait faire de même avec les Penguins. Tout le crédit revient aux joueurs.

On voit que l'équipe se met en place. N'oublions pas que le Canadien a subi une très grosse transformation au cours des 12 derniers mois. Les gens ont du mal à saisir mais ça demande du temps pour tout mettre en place.

Il y a eu plusieurs blessés cette saison et un nouvel entraîneur est entré en fonction. Moi, je me souviens qu'en 1993, ça m'avait demandé du temps pour m'installer. On avait connu notre part de difficultés au mois de mars. Puis, ça exige du temps aux joueurs pour saisir ce que l'entraîneur veut et avant que la chimie s'installe. Il y a eu beaucoup de blessés chez des joueurs clés cette année mais le Canadien a grandi face à l'adversité et il est devenu une équipe.

Le Canadien a réussi à vaincre les Penguins lors du sixième match sans la présence d'Andrei Markov et de Hal Gill. Aujourd'hui, ce sont les joueurs des Penguins qui doivent se poser des questions. Peu importe le résultat du septième match, les gens ne vont pas oublier le parcours du Canadien et ils auront le coeur rempli d'espoir.

On ne panique pas chez les Penguins. D'ailleurs on ne panique pas quand on a gagné la coupe Stanley. Je dirais plutôt qu'il doit régner une certaine consternation à Pittsburgh et le doute doit s'être installé dans l'esprit des joueurs.

Jacques Martin est un vieux routier, qui en a déjà vu d'autres même s'il a connu plus de bas que de hauts en séries depuis le début de sa carrière. Il se donne la chance de peut-être participer à une troisième ronde et qui sait, à une finale de la coupe Stanley. On juge trop sévèrement l'entraîneur du Canadien. Si Martin avait misé sur Jaroslav Halak quand il pilotait les Sénateurs d'Ottawa, je pense qu'il aurait battu Toronto quelques fois en séries.

Jacques Martin est un entraîneur de carrière qui sait comment composer avec ses équipes. La saison actuelle pourrait l'aider à faire oublier les déceptions qu'il a connues en séries au fil des ans.

Le Canadien se présente à Pittsburgh avec une certaine confiance parce qu'il a l'expérience des matchs sans lendemain. Quatre fois il a évité l'élimination ce printemps. Ça, ça n'a pas de prix. Il y a quatre joueurs chez le Canadien qui ont déjà gagné la coupe Stanley (Brian Gionta, Scott Gomez, Hal Gill et Travis Moen). Ces joueurs savent ce que ça prend pour gagner et comment il faut faire face à l'adversité pendant deux longs mois que durent les séries. En 1993, on avait surmonté un déficit de 0-2 devant les Nordiques de Québec. De leur côté, les Penguins ont gagné la coupe Stanley, un an après avoir été battus par les Red Wings. Donc, eux aussi savent faire face à l'adversité. Pour gagner la coupe, il faut être patient et prêt à livrer une lutte sans merci. Ce que fait le Canadien actuellement est incroyable. L'équipe démontre une grande force de caractère et ne panique jamais à l'image de l'entraîneur, qui est toujours calme derrière son banc.

Je compare le Canadien aux Hurricanes de la Caroline, qui avaient causé la surprise en gagnant la coupe en 2005-06. Le gardien de but Cam Ward n'était pas très connu avant les séries, un peu comme Halak, qui fera la différence dans la septième partie.

Je ne m'attends pas à beaucoup de changements chez le Canadien. On verra sans doute Hal Gill de retour au jeu après avoir raté la partie de lundi. Même sans être à 100%, il aura profité d'une journée de congé supplémentaire. Jaroslav Spacek, qui a connu un très bon match à son retour au jeu, sera encore meilleur. Puis avec P.K. Subban qui a joué plus de 29 minutes lundi, le Canadien devrait être encore meilleur.

La préparation des Penguins ne sera pas différente. Ils savent qu'ils peuvent gagner. Ils espèrent simplement que la chance sera un peu de leur côté et ils savent que la compétition est vive. Dans leur for intérieur, ils savent aussi qu'ils ont bien joué lundi au Centre Bell, assez bien pour l'emporter.

Ma prédiction : victoire du Canadien 4-3.

*propos recueillis par Robert Latendresse