Et si Marcel Dionne avait joué pour le Canadien?

Et si ma tante avait des couilles?

Le p'tit joueur de Drummondville a connu une glorieuse carrière de 18 ans dans la Ligue nationale, ponctuéee de 1 348 matchs, de 1971-72 à 1988-89. Dionne a passé quatre campagnes avec Detroit, 12 à Los Angeles et deux avec les Rangers de New York. Il a déjà gagné le championnat des compteurs, le trophée Lady Byng et fut sélectionné sur les équipes d'étoiles à maintes reprises. Mais, malheureusement, aucune coupe Stanley. Bref, il ne s'est jamais trouvé à la bonne place au bon moment.

Quand Raymond Bourque s'est tanné de jouer pour une équipe perdante, les Bruins de Boston, il a demandé à ses patrons de l'échanger à une équipe ayant des chances de gagner la coupe, parce qu'il voulait justement savourer l'ultime honneur avant d'accrocher. Le sort a voulu qu'il se retrouve au Colorado où il a réalisé son rêve. Dionne n'a pas été aussi chanceux. Quand Marcel a été échangé aux Rangers par les Kings de Los Angeles, ce n'était pas pour tenter de gagner la coupe Stanley. Non. C'est parce qu'il ne pouvait poursuivre sa carrière en Californie à cause d'une dispute avec son entraîneur Pat Quinn. À New York, il a accroché après deux ans, soit en 1988-89.

Il adorait le style de jeu du Canadien

"C'est difficile à dire ce qui serait survenu, si j'avais joué pour le Canadien", de faire remarquer Marcel. Puis il continua: "J'ai été repêché au deuxième rang par les Red Wings, en 1971, après Guy Lafleur. Après quatre ans à Detroit, je suis passé aux Kings de Los Angeles, où j'ai joué 12 saisons. Puis j'ai terminé ma carrière à New York en jouant deux ans pour les Rangers, dont la dernière saison pour Michel Bergeron. À Montréal, je ne sais pas ce qui serait arrivé. Jouer à Montréal et à Los Angeles, c'est toute une différence. Mais considérant les grosses équipes bourrées de talent que les Canadiens avaient et le style de jeu qu'ils préconisaient et que j'adorais, soit la vitesse et le déplacement de la rondelle, il n'est pas exagéré de dire que j'en aurais scoré 1 000 au lieu de 731, si naturellement ils avaient eu de la place pour moi".

"J'ai toujours eu la satisfaction du devoir accompli, car en jouant 12 ans pour une équipe aussi instable que les Kings, il me fallait travailler plus fort et constamment pour avoir du succès. Chose certaine, je me présentais tous les soirs. Mes 1771 points accumulés en carrière, ne sont pas tombés du ciel. Ils n'ont pas été le résultat du hasard. C'est certain, que j'aurais été apprécié à ma juste valeur en jouant au Québec ou encore au Canada. Ici on connait le hockey. Mais l'avantage de jouer à Los Angeles était que la pression était moins forte, pour ne pas dire inexistante. J'avais la paix. J'ai connu une carrière intime et privée. Et j'aimais ça comme tel. Cela n'aurait certainement pas été le même cas à Montréal. Par ailleurs, je retire une certaine satisfaction du fait que même de nos jours, les amateurs reconnaissent ce que j'ai accompli".

Parlant du hockey d'aujourd'hui, Marcel, 57 ans, constate que les temps ont bien changé. "Si certains matchs sont plates, c'est la faute des entraîneurs. Ils subissent tellement de pression de la part de leurs patrons qu'ils ne jouent pas pour gagner, mais pour ne pas perdre. La trappe, les nombreux adjoints, les moniteurs, les dépisteurs, on en finit plus. Que les entraîneurs laissent donc les joueurs se manifester. Ce serait bien moins compliqué", dit-il.

Aujourd'hui, le petit Castor a une entreprise de plomberie à Amherst, dans l'État de New York. Il a investi dans l'immobilier à Los Angeles et il exploite, depuis peu, une boutique de souvenirs sportifs à Niagara Falls, non loin de Buffalo, où il habite depuis 1994 avec son épouse Carol. Comme on peut le constater, il a réussi en affaires et sa famille n'a pas à s'inquiéter pour ses vieux jours. Il a déjà déclaré que ce qui est très important pour un joueur de hockey, c'est ce qui reste dans son compte de banque à la fin de sa carrière.

"Cela n'a pas changé. J'ai toujours été bien traité partout où j'ai passé. À Los Angeles, j'ai été le premier joueur de la Ligue nationale à toucher un salaire de 300 000$ par saison, grâce à la générosité du propriétaire du temps, le milliardaire Jack Kent Cooke, anciennement de Toronto. Je sais qu'aujourd'hui c'est des pinottes. Mais je suis reconnaissant envers les anciens joueurs qui nous ont ouvert la voie. Eux, c'est vrai qu'ils jouaient pour l'amour du hockey", de conclure l'un des meilleurs joueurs de tous les temps, mais qui a malheureusement joué dans l'ombre des palmiers de la Californie.

Dans le cadre des festivités du 100e anniversaire du Canadien, Marcel Dionne a été invité, jeudi le 4 décembre, à l'hommage rendu par le Canadien aux anciens joueurs des six équipes originales de la Ligue nationale.

Chapeau, Marcel.