Je pensais exactement la même chose que Martin Brodeur la semaine dernière. Comment diable pouvait-il y avoir autant de dialogue entre la Ligue Nationale et les joueurs, comment pouvait-on sereinement parler de l'avenir du hockey tous ensemble, comment pouvions-nous en arriver à casser la croûte à la même table et pratiquement lever son verre à la santé de l'autre quand le conflit qui paralyse les activités du circuit est toujours aussi intense?

Honnêtement, j'en suis presque venu à croire qu'il devait y avoir une plate-forme de règlement en place ou à tout le moins une volonté très nette de rapprochement pour qu'une telle cordialité et un tel élan de positivisme apparaissent de la sorte. Encore un piège, direz-vous? Peut-être bien.

Car selon mon bon ami Yvon Pedneault (toujours bien branché sur le conflit), on est encore très loin de la coupe aux lèvres! Le plus gros problème, c'est que Bob Goodenow n'inspire pas du tout la confiance dans le camp adverse et que son ouverture d'esprit de la semaine dernière laisse de sérieux doutes dans l'esprit de plusieurs. Et je peux vous dire, sans me tromper, qu'on ne parle pas seulement des propriétaires. Certains directeur-gérants, eux-mêmes anciens joueurs, deviennent pratiquement furieux quand ils parlent de Goodenow!

Où cela nous mène-t-il en prévision de la rencontre de mardi prochain?

Chose certaine, on en saura davantage sur la prochaine grande étape. Si l'Association des joueurs arrive effectivement avec un cadre de règlement qui permettrait aux propriétaires de finalement lier les salaires aux revenus, il serait plutôt gênant pour la LNH de ne pas forcer le dialogue davantage pour en arriver à une entente avant les vacances d'été.

Cela dit, si la solidarité commence à s'effriter chez les propriétaires, sur des points comme les joueurs de remplacement et le partage des revenus, comment Gary Bettman et Bill Daly peuvent-ils agir promptement et en toute confiance devant les prochaines propositions des joueurs? Ils devront certainement discuter de ce plan lors de la réunion des propriétaires prévue pour le lendemain. Or, comment se déroulera cette prochaine assemblée, si la dissension est vraiment installée? Une majorité suffisante de propriétaires peut-elle en ressortir pour décider de la prochaine étape, qu'il s'agisse d'un règlement ou de la poursuite des hostilités?

Plus que jamais, compte tenu de ce qui vient de se passer au cours des sept derniers mois, il serait souhaitable que le " gros bon sens " s'installe enfin définitivement dans les deux camps. Peu importe ce que Goodenow déposera sur la table, mardi, il est déjà très clair qu'il s'agira d'un pas supplémentaire dans la direction souhaitée par les propriétaires. Par ailleurs, les propriétaires le moindrement branchés sur la réalité du hockey professionnel savent très bien qu'ils n'iront pas très loin avec des joueurs de remplacement auprès de leurs acheteurs de billets et de leurs commanditaires et que la perspective d'une autre absence de hockey à l'automne pourrait avoir des effets catastrophiques et créer des torts irréparables. Alors?

Alors, même si tout cela semble très évident et facile à comprendre, je me demande s'il reste encore deux onces de discernement et de bonne volonté chez les leaders des deux clans pour progresser de façon constructive. Je me demande sincèrement si on ne se dirige pas tout droit vers les prévisions les plus apocalyptiques émises il y a quelques années et qui faisaient état d'une paralysie complète qui allait se déployer sur deux ans!

Rendez-vous mardi prochain, mes amis, pour en savoir un peu plus long