LAVAL – Avant que la mascotte Gritty ne débarque comme plusieurs cheveux sur la soupe dans l’univers de la Ligue nationale, c’est à Philippe Myers que revenait la plus belle histoire du camp d’entraînement des Flyers de Philadelphie.

 

Un jeune homme de 21 ans, jamais repêché, qui se taille une place au sein d’une brigade bourrée d’anciens choix de première ronde après seulement une saison dans le hockey professionnel? Dans l’entourage des Flyers, plusieurs avaient commencé à y croire.

 

Myers semblait en voie de confondre les sceptiques quand le couperet l’a fauché une semaine avant le début de la saison régulière.  

 

« J’y croyais, a relaté le défenseur des Phantoms de Lehigh Valley vendredi après un échauffement matinal visant à le mettre en jambes pour affronter le Rocket de Laval en soirée. J’ai commencé le camp en force, mais à la fin, mon niveau d’énergie s’est mis à descendre. J’étais fatigué. »

 

Le Néo-Brunswickois reste vague quant aux facteurs qui auraient pu le mener à frapper le mur prématurément.

 

« C’était un gros camp, des grosses journées. J’avais vraiment travaillé fort durant l’été, je me sentais prêt. Mais je suis juste devenu un peu fatigué, mentalement pis physiquement. Il faut que j’apprenne à récupérer plus vite et à être prêt à chaque jour. C’est là-dessus que j’essaie de travailler pendant que je suis ici, ma constance. »

 

À sa défense, Myers était en compétition avec de solides prétendants. Entre 2013 et 2015, les Flyers ont clairement mis un premium sur la position de défenseur au repêchage amateur, investissant trois choix de première ronde, un choix de deuxième ronde et un choix de troisième ronde dans le renflouement de leur relève. Trois d’entre eux – Robert Hagg, Travis Sanheim et Ivan Provorov – évoluent présentement avec le grand club. À ce groupe, on peut ajouter Shayne Gostisbehere, une trouvaille en troisième ronde en 2012.

 

Parmi tous ces projets arrivés à terme, Myers détonne. Non influent à son année de repêchage, sa deuxième chez les Huskies de Rouyn-Noranda, le joueur de 6 pieds 5 pouces avait été invité au camp de développement des Flames de Calgary, qui l’avaient relâché sans démontrer plus d’intérêt. Mais le désormais chômeur Ron Hextall avait vu quelque chose qui échappait à ses confrères. Myers avait participé au camp automnal des Flyers et en était reparti avec un contrat en poche.

 

Depuis, son ascension est météorique. Des saisons de 45 et 35 points, deux participations à la Super Série Subway, une conquête de la Coupe du Président, une invitation au sein d’Équipe Canada junior. Le natif de Dieppe s’est hissé parmi l’élite et ne souffre aujourd’hui d’aucun complexe devant les parcours plus linéaires de ses semblables.

 

« Dans ma tête, de la façon que je vois ça, si t’es bon, tu vas jouer. C’est ça que c’est. Le gars qui le mérite va aller sur la glace. Le reste, c’est juste de la motivation. Veux, veux pas, pendant l’été, tu t’entraînes avec ces gars-là, ça te motive à travailler encore plus. Ça peut juste te rendre plus fort quand tu côtoies des meilleurs joueurs. C’est vraiment motivant pis c’est le fun de voir que l’organisation a autant de bons défenseurs. »

 

En attendant que son tour vienne, Myers fait du bon boulot dans la Ligue américaine. Vendredi soir, il a préparé les deux derniers buts des Phantoms dans une victoire de 3-2 en prolongation. Il compte 13 points en 19 parties depuis le début de la saison.

 

« Faut juste que je solidifie ma game ici. Je travaille sur les petites choses qu’ils veulent que j’améliore et je garde la bonne attitude. Le reste, je pense que ça va venir et j’essaie de ne pas trop y penser. C’est dans ce temps-là que ça va mieux, quand tu ne penses pas et que tu te contentes ​de jouer. »