LAVAL – Ils sont plusieurs à croire que Charlie Lindgren est mûr pour les ligues majeures. S’il partage cet avis, le jeune gardien a démontré vendredi qu’il n’était pas redescendu dans la Ligue américaine pour s’asseoir sur ses lauriers et encore moins pour s’apitoyer sur son sort.

Celui qui est considéré par une multitude d’observateurs comme le plus brillant espoir de l’organisation du Canadien a joué à la hauteur de cette distinction lors du match d’ouverture de la saison du Rocket de Laval. Intraitable – et aussi un peu chanceux – il a effectué 26 arrêts pour lancer sa deuxième saison chez les professionnels avec un jeu blanc.

« C’est le fun quand le coach n’a pas besoin de regarder de ce côté-là, a affirmé l’entraîneur-chef Sylvain Lefebvre avec un sourire de satisfaction mal dissimulé après la victoire de 3-0 des siens. Charlie veut le net. C’est ce qu’il veut, il veut jouer. C’est un gars compétitif. Il veut gagner. »

Lindgren a mis son empreinte sur la partie dès ses balbutiements, quand Daniel Audette a péché par indiscipline et s’est retrouvé au cachot à la troisième minute. Pendant que le Rocket profitait de la générosité de Danny Taylor pour marquer deux fois sur ses trois premiers tirs, le futur dauphin de Carey Price en bloquait 17 dans les 23 premières minutes de jeu.

Pour ceux qui ont suivi la progression de l’ancien portier de l’Université St. Cloud State depuis qu’il a signé un contrat à titre de joueur autonome avec le Tricolore en 2016, une telle performance n’a rien de trop surprenant. Pour les autres qui en sont encore au stade des présentations, la première impression a été réussie.  

« Je suis sans mot, a réagi le défenseur Éric Gélinas au sujet de la performance du cerbère qu’il ne connaissait jusque-là que de réputation. Il nous a gardés dans le match. C’est ce que j’avais entendu à son sujet et il me l’a montré ce soir. Je crois qu’il a participé au match des étoiles l’année passée et il a joué comme un all-star aujourd’hui, ça c’est sûr. »

« Incroyable, a renchéri Nicolas Deslauriers, qui disputait lui aussi un premier match avec le Rocket. J’en avais entendu parler un peu avec les rappels qu’il avait eus [dans la LNH], mais c’est là que tu vois que c’est un gars de game. Je suis prêt à dire tout de suite que c’est l’un des meilleurs gardiens de la Ligue américaine. Tu as vu les arrêts qu’il a faits quand on en avait besoin, surtout en désavantage numérique. Il a joué un excellent match. »

« C’est un luxe de l’avoir derrière nous, il n’y a rien d’autre à dire, a reconnu Nikita Scherbak. S’il continue à jouer de la sorte, on sera dans une bonne position. »  

Lindgren ne s’est pas arrêté bien longtemps pour sentir les fleurs lancées en sa direction après sa première victoire de la saison. Il a remercié les « Dieux du hockey » pour une rondelle qui a flirté dangereusement avec sa ligne rouge et a demandé de ne pas oublier les occasions où ses coéquipiers l’avaient sorti du pétrin même si quiconque ayant prêté attention à l’action savait très bien que les petits miracles, c’était surtout lui qui les avait réalisés.  

« C’est un gars très humble, a d’ailleurs fait remarquer son entraîneur. Les gars lui ont donné le titre de joueur du match quand il est arrivé dans la chambre, mais ce n’est pas quelqu’un qui s’emporte émotivement. Il est très terre-à-terre et il est prêt pour le prochain match. »

Désavantage numérique parfait : un succès contagieux

Lefebvre a été le premier à pointer en direction de Lindgren pour le score parfait (8-en-8) affiché par son en désavantage numérique. Mais il a également, avec raison, souligné les efforts des quatuors défensifs qui ont été appelés à défendre la forteresse un peu trop souvent à son goût.  

Le Rocket reprend l'action

La paire composée des jeunes Jérémy Grégoire et Markus Eisenschmid ainsi que celle formée par les vétérans Peter Holland et Byron Froese ont abattu le gros de la besogne quand le Rocket se retrouvait avec un homme en moins.

« Ce qu’on essaie d’apporter sur les unités spéciales, c’est la fierté de jouer en désavantage numérique, a expliqué Lefebvre. On s’entend que tout le monde veut jouer en avantage numérique, mais il faut vendre à certains joueurs le fait que d’autres rôles sont aussi importants dans une équipe. C’est important qu’un joueur comme Jérémy bloque un lancer et que les autres le félicitent quand il arrive au banc. C’est important qu’un joueur sorte la rondelle de notre zone et qu’elle se rende complètement à l’autre bout de la patinoire. Ce sont tous des petits détails qui  vont faire en sorte que notre désavantage numérique va connaître du succès. Quand tes spécialistes défensifs comprennent ça et font le travail, ça donne de l’énergie à l’avantage numérique et au reste de l’équipe. »

Grégoire, en particulier, en est un dont l’énergie est contagieuse. L’ancien du Drakkar de Baie-Comeau a pris quelques coups pour l’équipe vendredi. Un tir bloqué l’a fait grimacer en deuxième période. Il est aussi allé jeter les gants face à Patrick Sieloff quand celui-ci a servi une solide mise en échec à Kyle Baun.

« C’est un gars de caractère et on a besoin de caractère, a vanté Lefebvre. Il est là pour ses coéquipiers, c’est un bon gars d’équipe. On a besoin des joueurs qui jouent un certain rôle. Jérémy a un rôle à jouer et il le prend à cœur. »

Senators 0 - Rocket 3