Comme un peu tout le monde, j'ai été énormément surpris quand j'ai appris que Claude Julien avait été congédié par les Devils du New Jersey.

Avec trois matchs à faire au calendrier régulier, les Devils ont 102 points et sont bien placés pour remporter le titre de la division Atlantique. Ce n'est pas comme s'ils traversaient une période difficile puisqu'ils ont remporté quatre de leurs cinq derniers matchs. Je ne connais pas tous les détails et on ne les connaîtra peut-être jamais, mais il faut avouer que c'est très rare de voir un entraîneur congédié dans ces circonstances.

Je ne connais pas beaucoup Lou Lamoriello. On se salue quand on se croise, mais sans plus. Je sais toutefois que c'est un homme qui aime être aux commandes, être en charge de tout. Il est président, directeur général et maintenant entraîneur en chef. C'est lui qui prend les décisions. On ne les comprend pas toujours, mais il a ses raisons. Il vient de se mettre beaucoup de pression sur les épaules avant d'amorcer les séries, mais il a déjà connu du succès dans des situations semblables.

C'est triste pour Claude Julien, qui est congédié pour la deuxième fois en un peu plus d'un an. Il avait réussi à garder son équipe à flot malgré les blessures à Patrick Elias, Brian Gionta et John Madden. On m'avait dit que ses joueurs aimaient jouer pour lui.

On entend déjà plusieurs hypothèses. Certains prétendent que Martin Brodeur prenait trop de place dans le vestiaire et qu'il n'aimait pas le système que Julien avait tenté d'implanter. Connaissant bien Martin, je ne pense pas que c'est le genre de joueur qui va faire congédier un entraîneur. Il est le meilleur joueur des Devils, c'est un vétéran et tous ses coéquipiers se rangent derrière lui. C'est le leader incontesté de cette équipe, mais ce n'est pas lui qui fait sauter la tête des entraîneurs. Ce n'est pas son genre. De toute façon, de quoi pourrait-il se plaindre? Il est toujours devant le filet.

Pour être déjà passé par là, je sais très bien comment Claude Julien se sent présentement. La première fois qu'on est congédié, on se dit qu'il y a certaines choses qu'on ferait différemment si on avait la chance de se reprendre. Et quand ça nous arrive de nouveau, on se pose des questions, on se demande ce qu'on a fait de mal, mais c'est ça le métier d'entraîneur dans la Ligue nationale. Un coach est toujours appelé à prendre des décisions. Certaines sont bonnes, d'autres le sont moins. Une chose est sûre, on les prend toujours pour le bien de l'équipe et on ne peut jamais faire plaisir à tout le monde.

Maintenant, n'allez pas penser qu'à cause de sa réputation, Lamoriello aura de la difficulté à trouver des candidats intéressés à prendre la barre de l'équipe l'an prochain. Quand on vous offre la chance de travailler dans la Ligue nationale, vous la prenez sans penser à ce qui peut arriver plus tard, surtout quand ça vient avec un contrat de trois ans. Quand j'étais avec le Lightning, l'équipe a changé de mains. Les nouveaux propriétaires avaient un directeur général en tête et celui-ci voulait amener son entraîneur. On m'a mis à la porte, mais il restait quatre ans à mon contrat et on m'a payé.

Reverra-t-on Pat Burns derrière le banc des Devils? Rien n'est impossible…

Rien n'est dans la poche

Je ne suis pas du tout surpris d'avoir vu le Canadien revenir en force contre les Sabres de Buffalo samedi après s'être incliné à Ottawa la veille. C'est bien simple, le Tricolore jouait sa saison et il a bien répondu. Mais il reste encore de l'ouvrage.

Les Bruins sont peut-être éliminés, mais ils prendraient un plaisir fou à mettre des bâtons dans les roues du Canadien. Ça ne sera pas facile, pas plus que jeudi à New York. Et que dire d'un affrontement qui s'annonce peut-être décisif samedi prochain à Toronto. Au moins, les hommes de Guy Carbonneau ont travaillé fort au cours des dernières semaines et comme récompense, ils ont maintenant leur destinée entre leurs mains. Avec trois victoires pour terminer la saison, il n'y aurait pas de question à se poser.

Par contre, j'avoue que je m'explique difficilement la mauvaise habitude qu'a pris cette équipe de toujours laisser son adversaire prendre les devants. Avec les nombreux jeunes joueurs qui se sont greffés à l'équipe en cours de saison, on peut sûrement parler de nervosité, mais peut-on vraiment leur reprocher quoi que ce soit?

Un petit mot en terminant sur Mark Streit, qui a mérité le trophée Jacques-Beauchamp et qui est le candidat du Canadien au trophée Bill Masterton. Je peux dire que c'est un honneur pleinement mérité. C'est un joueur qui ne l'a pas eu facile depuis l'an dernier. Personne ne semblait vouloir lui donner sa chance. En début de saison, il y avait des blessés et on a fait l'acquisition de Janne Niinimaa avant de lui donner sa chance. Il n'a jamais cessé de travailler, il a été persévérant et ça lui rapporte présentement. Je lui lève mon chapeau.

*Propos recueillis par RDS.ca