Les Oilers d'Edmonton et les Canucks de Vancouver ont commis la même erreur en 24 heures à peine. Les deux équipes ont pris le Canadien à la légère, leurs joueurs ont cru qu'ils pourraient traverser ces deux étapes "faciles" sans trop d'effort et dans les deux cas, le dénouement fut le même. "Manque de préparation", "indiscipline", "rendement inadéquat", tous les clichés servant d'excuses ont été utilisés par les perdants devant la presse.

Visiblement, cette leçon aura été retenue très sérieusement par les prochains adversaires du Tricolore. Depuis que Michel Therrien a pris place derrière le banc en compagnie de Guy Carbonneau et plus récemment de Rick Green, on reconnaît à peine cette formation qui, pas plus tard qu'il y a deux semaines, sautait sur la patinoire avec la conviction ferme d'être battue d'avance.

Energie constante, vitesse, jeu d'équipe, harcèlement des porteurs du disque adverses, ténacité, voilà les principaux facteurs qui ont permis au Canadien de s'assurer d'une fiche gagnante pour ce séjour dans l'ouest canadien. Le style préconisé par Therrien dès son arrivée à Montréal semble avoir été rapidement endossé par la plupart des joueurs et force est d'admettre qu'il s'avère hautement efficace jusqu'ici.

Pas de place pour les "tricheurs"

En quelques matchs à peine, le nouvel entraîneur a réussi à faire la démonstration qu'il allait fermement tenir parole sur un point en particulier: ceux qui ne veulent ou ne peuvent suivre le rythme demandé joueront peu…ou pas du tout!

Jason Ward, qui devrait pourtant se défoncer pour saisir l'opportunité qui lui est offerte présentement, a payé très cher sa dérogation au code d'éthique de son entraîneur. Mercredi, à Edmonton, il a joué avec mollesse et de façon brouillonne dès ses premières présences sur la patinoire. Conséquence, on ne l'a pas revu de la rencontre et jeudi, à Vancouver, il a été laissé de côté au profit de P.J. Stock!

Comble de malheur pour Ward, Stock a justifié la confiance de Therrien en marquant un but important et en patinant à fond de train tout au long de la soirée en compagnie de ses compagnons du 4e trio.

Sergeï Zholtok est un autre exemple intéressant. Reconnu pour manquer de vitesse naturelle, Zholtok a été beaucoup moins utilisé à Edmonton et Vancouver. Pourquoi? Tout simplement parce que dans le plan de match de l'entraîneur, il fallait opposer aux deux formations de l'ouest les patineurs les plus rapides, question de provoquer des revirements et de suivre le rythme imposé par les rivaux. Rien de "personnel" envers Zholtok, comme on dit, mais simplement une évaluation judicieuse de ses forces et de ses faiblesses.

A l'opposé, les joueurs les plus intenses ou les plus habiles dans les circonstances ont été utilisés sans retenue. Eric Weinrich, par exemple, a joué près de 30 minutes jeudi et sa performance irréprochable a largement comblé le vide créé par l'absence de Craig Rivet. A Edmonton, Craig Darby était imbattable sur les mise sen jeu; il a relégué Trevor Linden au second plan. Et ainsi de suite…

On verra bien au cours des prochaines semaines, mais présentement, personne chez le Canadien ne semble en mesure de "tricher" son entraîneur!

Théodore et Rucinsky en progression

Dès les premières minutes de la rencontre contre les Oilers, on a vu que José Théodore avait beaucoup progressé au cours des dernières semaines et qu'il est maintenant en voie de redevenir le gardien solide, parfois étincelant, que nous avions vu à l'œuvre la saison dernière. Sa confiance en Michel Therrien y est-elle pour quelque chose? A-t-il été fouetté par l'utilisation récente de Mathieu Garon? Est-il plus sûr de lui parce qu'il voit des coéquipiers plus inspirés devant lui? C'est probablement un peu tout cela à la fois…

Quant à Martin Rucinsky, il n'y a rien à redire sinon qu'il justifie enfin la confiance (et le salaire!) que Réjean Houle lui avait consentie. Sa rapidité, ses mains habiles et son flair pour percevoir l'occasion de marquer sont des qualités manifestes à chaque match ces temps-ci et sa contribution aux récents succès du Canadien est indéniable. Il écope parfois de pénalités stupides mais s'il parvient à jouer de la sorte sur une base régulière, il sera pardonné beaucoup plus facilement.