Bob Gainey a décidé de confier le filet à Jaroslav Halak pour la rencontre de samedi contre les Devils du New Jersey.

Cette décision peut paraître étonnante pour certains en raison des belles performances de Carey Price lors des dernières rencontres.

Cependant, je n'ai aucun problème avec ce choix et je ne le questionne pas du tout.

Halak est capable de battre de bonnes équipes et il l'a prouvé en battant notamment les Sharks de San Jose et les Canucks de Vancouver. Les Devils représentent une puissance et ça prouve que l'organisation a confiance en lui. D'ailleurs, il a sauvé la saison du CH avant d'être frappé par un virus.

Gainey est convaincu que Halak peut obtenir une grosse victoire contre une équipe dominante.

Même si Gainey vient d'arriver derrière le banc du Canadien, il n'a pas besoin de voir Halak en action pour l'évaluer. Le moment des expériences est terminé depuis longtemps puisque les points de chaque rencontre sont importants. Cette décision ne s'avère pas une insulte pour les Devils. Le Canadien respecte cette formation sans oublier que Halak a mérité ce départ.

Trop tôt pour l'effet Gainey

Il est encore trop tôt pour évaluer précisément l'effet Gainey surtout qu'il souhaite implanter sa façon de diriger.

Toutefois, je juge que l'effort des joueurs n'est pas constant comme ce devrait être le cas. Gainey doit trouver une façon de rendre ses joueurs plus constants dans leur jeu pour obtenir du succès derrière le banc du Canadien. Lors de sa conférence de presse, Gainey avait pourtant insisté sur l'importance de la constance, mais il n'a pas réussi à atteindre cet objectif.

Il faut encore patienter quelques parties pour juger le changement d'entraîneur. Ce sera plus facile de juger de l'impact de Gainey si l'équipe participe aux séries.

Dans tout ce processus de changement d'entraîneur, une chose m'a déplu et c'est le fait que plusieurs personnes dressaient une liste de successeurs moins d'une heure après le congédiement de Carbonneau.

Tout le monde semblait lui avoir trouvé un remplaçant si rapidement. Pourtant, il est encore possible que Gainey assume le poste d'entraîneur-chef la saison prochaine. Après tout, Gainey est très bien entouré avec Julien BriseBois et Pierre Gauthier dans ses fonctions de directeur général. Avant de sauter les étapes, il est préférable d'observer le travail qu'accomplira Gainey.

J'aurais été en tabarouette

Gainey avait émis le souhait d'effectuer des changements stratégiques pour la fin de la saison. Mais c'est très difficile d'y parvenir quand tu prends le contrôle d'une équipe au mois de mars. En fait, ça ne peut pas s'accomplir en deux parties. Les joueurs ont pratiqué seulement quelques fois depuis le congédiement de Carbo.

Le Canadien a encore 14 matchs à jouer cette saison et j'évalue qu'une récolte de 95 points sera nécessaire pour participer aux séries. Ainsi, le CH doit obtenir 15 points sur une possibilité de 28 ce qui démontre que tu ne peux pas perdre un point contre les Islanders. Même si c'est un cliché, tous les points sont cruciaux.

Je peux vous assurer que si j'avais été dans les souliers de Gainey, j'aurais été en tabarouette. Gainey est sans doute moins émotif que moi, mais je n'aurais pas accepté de voir certains joueurs ne pas jouer à la hauteur.

Durant ma carrière, je n'ai jamais exigé de mes joueurs autre chose que de jouer à la hauteur de leur potentiel avec effort, intensité et passion. Malheureusement, je ne perçois pas toujours cela des hommes de Gainey. Certains joueurs peuvent en donner davantage et ce sera nécessaire pour que l'équipe accède aux séries.

Sur le plan positif, il faut souligner le brio des gardiens de but dernièrement alors que Price et Halak ont été excellents.

Si j'avais été l'entraîneur de Martin Brodeur…

Très bientôt, Martin Brodeur brisera le record de victoires de Patrick Roy. Personne ne peut contredire le fait que Brodeur appartient aux plus grands de l'histoire du hockey.

Étant donné que j'ai été l'entraîneur de Roy, je considère que j'ai dirigé le meilleur gardien de l'histoire. Brodeur a aussi sa place parmi les meilleurs de tous les temps, mais j'ai eu l'opportunité de vivre de très beaux moments avec Roy. C'est phénoménal ce que Roy a accompli pour ses coéquipiers, le Canadien et l'Avalanche.

Brodeur parviendra à battre cette marque même s'il n'est pas arrivé au terme de sa carrière. Il accrochera probablement ses patins avec plus de 600 victoires au compteur, un nombre que personne ne pourra atteindre. Je ne vois pas comment un gardien pourrait surpasser cet exploit dans le hockey très compétitif d'aujourd'hui. Bien sûr, on dit parfois que tous les records peuvent être battus, mais celui-là semble inatteignable.

Je vais vous faire une confidence. Si j'avais été l'entraîneur de Martin, je dirais qu'il a été le meilleur de l'histoire.

D'ailleurs, j'ai rencontré son père Denis et je lui ai dit à quel point je respecte son fils. Je lui ai expliqué que Roy est le meilleur pour moi puisqu'il m'a gagné une coupe Stanley et M. Brodeur m'a répondu qu'il me comprenait très bien.

Brisebois s'est taillé une belle place

Samedi soir, Patrice Brisebois disputera son 1000e match dans la LNH, un plateau qui prouve sa longévité. Je suis très fier de l'avoir dirigé et d'avoir gagné une coupe Stanley avec lui. Patrice est revenu à Montréal pour finir sa carrière avec le CH et je trouve ça important de souligner son exploit qui démontre sa persévérance.

Même s'il n'est pas un joueur avec un physique imposant, il a réussi à se tailler une belle place dans la LNH et il a été en mesure d'éviter les blessures.

En tant qu'entraîneur, j'ai eu la chance de diriger un 1000e match dans la Ligue nationale et c'était un tout un sentiment, mais c'est encore plus exigeant pour un joueur. Je suis très content pour lui.

Le scénario de voir un Québécois atteindre ce chiffre magique devant sa famille et ses partisans est fantastique.

*Propos recueillis par Éric Leblanc