Quand les Expos sont arrivés à Chicago pour la première fois après avoir gagné le premier match de leur histoire contre les Mets à New York, début avril 1969, le gérant de l'époque, Gene Mauch, avait déclaré aux journalistes qui accompagnaient l'équipe: "Messieurs, vous en verrez de toutes les couleurs au Wrigley Field, le domicile des Cubs. Ce n'est pas un stade comme les autres." Mais Gene n'avait pas dit qu'un jour, soit 40 ans plus tard, un match de hockey de la Ligue nationale y serait disputé.

C'est pourtant ce qui se produit cette semaine, alors que les Red Wings de Detroit et les Blackhawks de Chicago s'affrontent en plein air au home des Cubs, qui soit dit en passant n'ont pas gagné la Série mondiale depuis 100 ans. Ayoye! Il y a 20 ans, le 8 août dernier, était disputé au vétuste Wrigley Field le premier match de baseball sous les réflecteurs de son histoire. L'ancien propriétaire des Cubs, P.K. Wrigley, magnat de la gomme à mâcher aux États, avait décidé lui que le baseball était un passe-temps familial et qu'il devrait toujours être disputé en matinée sous les rayons du soleil. C'est pourquoi le Wrigley Field n'a jamais connu le baseball du soir avant cette journée du mois d'août de 1988.

Pourtant, ce qui frappe les touristes en circulant au centre-ville de Chicago, une ville très accueillante en passant, c'est d'y apercevoir les centaines de réflecteurs qui, installés sur un terrain approprié, illuminent de l'autre coté de la rue le "Wrigley Building", siège social de l'entreprise, l'un des plus beaux modèles d'architecture en Amérique. Mais le visiteur averti ne peut s'empêcher de faire l'observation suivante: "Au lieu d'installer des réflecteurs ici au centre-ville pour éclairer son bureau, Monsieur Wrigley aurait pu penser d'en installer pour illuminer son stade de balle". Au fil des ans, l'ère moderne, dont les réseaux de télé, ont eu raison du "bonhomme".

C'est une clôture de briques qui entoure le champ extérieur et recouverte d'une magnifique vigne, qui en belle saison, donne une impression unique en son genre, même si elle cause trop souvent des maux de tête aux voltigeurs pourchassant les balles frappées en leur direction. Ce phénomène unique dans les majeures fut l'initiative de Bill Veeck en 1937. Ce dernier devint plus tard grand manitou des éternels rivaux des Cubs dans la ville des vents, les White Sox de Chicago. Pendant des années, on y voyait aucune annonce publicitaire au Wrigley Field, sauf sur les toits des maisons situées sur les rues avoisinnantes. Dave Kingman a déjà expédié une balle dans la cuisine de l'une de ces résidences, alors que d'autres ont échoué dans la caserne de pompiers située à proximité.

La journée des dames

Bref, ce stade ressemble un peu à l'ancien stade Delorimier, où ont évolué les défunts Royaux de Montréal jusqu'à leur disparition en 1960. Sauf que le Wrigley Field, situé comme à l'angle des rues Ontario et Delorimier, dans le secteur North Side de la ville, est recouvert d'un deuxième étage et a été maintes fois rénové depuis son existence. Sa capacité était de 37 275 sièges à un certain moment, mais la plus grosse foule à un match de baseball à cet endroit aurait été de 51 556 personnes, le 30 juin 1930, contre les Dodgers de Brooklyn. On notera toutefois qu'il s'agissait de la journée des dames et qu'elles étaient au nombre de 30 476 admises gratuitement, plus 1 332 amateurs bénéficiant de billets de faveur. L'assistance payante officielle avait été de 19 748. Le baseball, un sport familial. Capitch?

Après la mort de P.K. Wrigley, la famille a vendu l'équipe au "Chicago Tribune", l'un des quotidiens les plus prestigieux des États-Unis. Mais comme les journaux, tels le "Tribune", le "Los Angeles Times" le "Baltimore Sun" et autres en arrachent présentement, les Cubs sont à vendre. Des souvenirs du Wrigley Field, j'en ai à la tonne. C'est l'endroit où j'ai travaillé avec les maux de bloc les plus persistants. C'est facile à comprendre. En jouant en matinée, on allait bamboché en soirée. Et l'autobus quittait l'hôtel pour le stade le lendemain matin à 10 heures, pour un match à 13 heures. Ayoye!

Une ville accueillante

Chicago est l'une des villes les plus accueillantes chez nos voisins du sud. Les gents y sont polis et courtois, contrairement à ceux de New York. Le climat est pratiquement identique à celui de Montréal. Au point de vue sportif, Montréal est facilement deuxième, pour ne pas dire troisième. Chicago compte deux clubs de baseball majeur, les Cubs et les White Sox, les Blackhawks au hockey, les Bulls au basketball et les Bears dans la NFL. Lers Blackhawks font salle comble à nouveau, depuis qu'ils ont un club gagnant. Les bons restaurants sont légions comme chez-nous. Le steakest le met favori. Lors du premier voyage des Expos dans la ville des vents, Gene Mauch et ses adjoints m'avaient invité à un restaurant du nom de "George et Georgetti" où l'on retrouvait les meilleurs biftecks en ville. J'avais insulté tout le monde et passé pour un habitant, en demandant un spaghetti.

"L'Italian Village" a toujours été le rendez-vous favori des joueurs du Canadien, des chroniqueurs et commentateurs lors de leurs visites à Chicago. C'est Claude Raymond qui nous avaient initiés à ce magnifique restaurant. Frank Scrow, le maître "D", y accueillait les clients avec un traitement royal. En retour, on l'accommodait aux parties des Cubs avec des billets de faveur. Faut savoir vivre. La discothèque de Joe Pepitone, l'ancien joueur des Yankees et des Cubs, entre autres, était aussi un endroit fort fréquenté. Joe y faisait le service comme barman. Mon "spot" favori état le "London House", un cabaret qui se spécialisait dans la présentation de pianistes de jazz fort réputés tels Errol Gardner, George Sherring, Ray Charles, Oscar Peterson etc...etc... et situé non loin de l'hôtel des Expos. Pas besoin de Nez Rouge.

Quelle ne fut pas ma déception de constater une certaine année, que le London House avait fait place à un McDonald. Quel choc! Quelle stupéfaction!

Heureusement qu'il y aura toujours le Wrigley Field.