Après une accalmie au cours des dernières années, il semble bien que la Ligue Nationale de Hockey soit frappée d'une nouvelle vague de sacrifices chez les entraîneurs. Après Pat Burns à Boston, Alain Vigneault à Montréal et Craig Ramsay à Philadelphie, Craig Hartsburg est devenu, jeudi, le quatrième de sa confrérie à perdre son emploi.

Il fut un temps où on se demandait si untel ou untel allait se "rendre aux Fêtes". Or, voilà que cette année, à la mi-décembre, quatre changements ont déjà été apportés derrière le banc! Et il ne faudrait pas s'étonner qu'au cours des prochaines semaines, voire des prochains jours, d'autres noms viennent s'ajouter à la liste. Des noms comme Terry Murray, bien sûr, avec la Floride, mais aussi d'autres comme Alpo Suhonen à Chicago, Paul Maurice en Caroline ou Don Hay à Calgary.

D'ici la fin de la saison, il est donc possible que près d'un quart des équipes du circuit auront changé d'entraîneur. Vous ne trouvez pas cela un peu exagéré, non? Même un peu ridicule?

Il est clair que par les temps qui courent, le niveau de patience n'a jamais été aussi bas à travers le circuit. La raison est bien simple: dans plusieurs marchés, les amateurs délaissent de plus en plus le hockey et les propriétaires s'inquiètent. Ils demandent alors à leur DG de trouver des solutions à l'intérieur des paramètres budgétaires. Et parce que, dans ce contexte, les transactions significatives sont difficiles à compléter, on se rabat alors malheureusement, en dernier recours, sur l'entraîneur.

Pourtant, il y a longtemps que la preuve a été faite qu'un nouveau leader fait rarement une différence significative lorsqu'il s'amène en cours de saison avec le même groupe de joueurs. Les résultats de Mike Keenan avec les Bruins et ceux de Michel Therrien avec le Canadien ne sont-ils pas directement proportionnels à ceux de leur prédécesseur ?

A Philadelphie, Bill Barber pourra éventuellement compter sur les fruits de la transaction impliquant Eric Lindros et les Flyers présenteront donc un visage différent. Mais s'il avait été en poste dès le début de la saison, avec la même équipe d'éclopés que Craig Ramsay avait sous la main, aurait-il pu faire une si grande différence? Bien sûr que non.

Heureux pour Charron

Chez les Mighty Ducks, la situation est quelque peu différente. Le leadership de Hartsburg était déjà remis en question l'an dernier et ce n'était qu'une question de temps avant que Pierre Gauthier ne le remplace. Mais pourquoi donc, je vous le demande, avoir attendu que la saison soit en marche pour passer aux actes? N'aurait-il pas été plus facile et respectable pour tout le monde si cette grande décision avait été prise au cours de l'été?

De cette façon, Craig Hartsburg aurait pu se chercher du travail ailleurs, Guy Charron aurait eu le temps de préparer son nouveau mandat à tête reposée et les joueurs auraient pu s'adapter à leur nouvel environnement dès le début du camp d'entraînement. Tandis que maintenant, tout le monde doit faire du rattrapage pendant qu'un homme se retrouve en congé forcé et payé! C'est malheureux…

Quoi qu'il en soit, on ne peut que se réjouir du fait que Guy Charron obtienne enfin une vraie chance de diriger une équipe de la Ligue Nationale. Même si son mandat n'a pas été étendu à plus du reste de la saison, il aura certainement l'occasion de se faire valoir davantage que lors des 16 matchs au cours duquel il avait assuré l'intérim chez les Flames de Calgary, en 1992.

A 51 ans, Charron traîne avec lui un bagage d'expérience très riche. Entraîneur de l'année dans la Ligue Internationale la saison dernière, avec Grand Rapids, il a toujours été considéré comme un maître dans l'art de développer les jeunes joueurs. Or, outre Selanne et Kariya, les Ducks n'ont pas le moyens de s'offrir d'autres joueurs vedettes et doivent donc se rabattre sur plusieurs jeunes pour tenir le fort. C'est là, en grande partie, que se justifie le choix de Gauthier.