Ce conflit implique des gens qui sont difficiles à comprendre. D'un côté, il y a des propriétaires qui ne sont plus capables de verser plus de 75% de leurs revenus aux joueurs. D'un autre côté, les joueurs ne veulent rien entendre d'un plafond salarial.

Contrairement aux autres sports majeurs en Amérique du Nord, la Ligue nationale n'a pas un lucratif contrat de télévision en poche, les joueurs doivent en être conscients. Il ne faut pas oublier aussi qu'au moins 20 équipes perdent de l'argent.

Les joueurs sont directement visés par les amateurs mais ce sont les propriétaires sont à la source de ce conflit. Ce sont eux qui ont consenti de généreux contrats à des joueurs par le passé. On n'a qu'à penser aux contrats faramineux présentés entre autres à Sergei Federov, Bobby Holik.

Ce sont ces propriétaires qui ont été irresponsables par le passé et qui ont engendré une inflation qu'ils cherchent par tous les moyens à freiner maintenant. Il y a toutefois des équipes qui ont été responsables en matière gestion. Je pense notamment à Calgary, Edmonton, Ottawa, Tampa Bay, Boston et Montréal. Il faut par contre pointer des équipes comme les Rangers, Toronto, Philadelphie et Dallas qui ont fait augmenter les masses salariales au cours des cinq dernières années.

Je dirais qu'une majorité de joueurs aimeraient mieux se retrouver sur la patinoire qu'à la maison. Ils se savent privilégiés mais ils sont tenus de suivre la ligne dictée par le directeur exécutif de l'Association des joueurs, Bob Goodenow qui ne veut pas entendre parler de plafond salarial. De mon côté, je demeure convaincu qu'il est possible de trouver un terrain d'entente sans parler de plafond.

Les propriétaires ne peuvent simplement plus continuer à perde des sommes aussi importantes. Les deux parties devraient être partenaires dans tout cela. Personnellement, j'ai toujours cru que les joueurs se devaient d'être bien payés, eux qui ont été exploités par le passé. Depuis toutefois 15 ans environ, les joueurs ne peuvent plus se plaindre.

Les joueurs devront réaliser que les propriétaires sont solidaires cette fois. Ils ne plieront pas comme en 1995 alors qu'ils avaient cédé. Les deux parties devront faire des concessions pour satisfaire tout le monde.

Les propriétaires ont raison dans leurs revendications. Ils ne peuvent plus continuer à perdre de l'argent de cette façon. Mais il ne faudrait pas non plus lancer la pierre à tous les joueurs. Si j'étais un joueur par exemple et que les Rangers m'offraient un généreux contrat, j'aurais le loisir ou non de l'accepter. Les joueurs et les agents ne sont pas plus fous que les autres et ils vont immédiatement signer le contrat très généreux.

Certains propriétaires doivent admettre qu'ils ont commis des erreurs par le passé et qu'ils sont responsables de la situation actuelle.
Au Canada, cinq des six équipes ne pourront pas survivre dans le système actuel et aux États-Unis, il y a en quelques-unes qui sont menacées. Je ne serais pas surpris si le circuit Bettman passait de 30 à 24 équipes éventuellement ce qui ferait perdre au moins 130 emplois de joueurs. Je ne crois pas que c'est le but recherché par le syndicat.

Il n'y a plus d'intimidation du côté des propriétaires. Ces derniers ne veulent plus continuer dans le système.

J'ai vécu le dernier conflit en 1994-95 alors que les propriétaires ont paniqué et ils ont précipité le retour au jeu. Ils ont accepté un contrat de travail qui n'était pas bon pour eux. Dix ans plus tard, ils sont bien armé à faire face à ce conflit. Je crois que les amateurs de hockey vont retrouver leurs matchs le 12 janvier 2005.


*propos recueillis par RDS.ca