MONTRÉAL – Anthony Beauvillier n’est pas du genre à reculer. Et ce n’est pas la présence d’Anthony Duclair devant lui dans le cercle de mise en jeu qui va l’apeurer.

D’abord, le jeune attaquant des Cataractes de Shawinigan se permet un léger coup sur les jambières du joueur étoile des Remparts de Québec. Duclair réplique aussitôt à l’aide d’un inoffensif double-échec, avant que l’arbitre ne laisse finalement tomber la rondelle.

Alors que le disque glisse à la ligne bleue des Remparts, Beauvillier insiste et va à la rencontre de Duclair dans le centre de la patinoire. Un échange musclé s’en suit et force l’intervention des officiels, qui escortent ensuite les deux fautifs au banc des pénalités.

La première période n’a beau être vieille que de quatre minutes à Saint-Tite, Beauvillier a accompli une partie de sa mission.

« Il revient de la LNH et vient de gagner une médaille d’or (au Mondial junior). Je voulais lui montrer que ça allait être dur de jouer contre nous. Je me suis attaqué à lui, il s’est attaqué à moi et c’est bien correct », racontait alors le joueur de centre au terme de la défaite des siens lors du deuxième match de la Classique hivernale, le 24 janvier dernier.

À 17 ans, Beauvillier ne s’en laisse pas donc imposer sur la patinoire, et surtout, au classement des meilleurs pointeurs du circuit Courteau.

À sa deuxième saison dans la LHJMQ, Beauvillier montre un dossier de 75 points (34 buts et 41 mentions d’aide) en 49 rencontres. Seuls Conor Garland (84), des Wildcats de Moncton, et Danick Martel (79), de l’Armada de Blainville-Boisbriand, le devancent.

Un métronome

Si le deuxième choix au total du repêchage de 2013 s’est hissé au plus fort de la course pour l’obtention du trophée Jean-Béliveau, remis au champion marqueur, il le doit notamment à son rendement offert au fil du mois de janvier.

Amassant au moins un point dans chacun des 11 matchs disputés par son équipe au cours de cette période, Beauvillier a gonflé ses statistiques de 7 buts et 18 mentions d’aide, contribuant ainsi à 50 % des buts marqués par les Cataractes, en plus de mériter la deuxième étoile du mois dans la LHJMQ.

« Qu’un joueur de 17 ans comme lui ait un aussi gros impact sur nos succès, c’est incroyable », signale l’entraîneur-chef des Cataractes Martin Bernard, dont l’équipe vient de remporter huit de ses 11 derniers matchs.

Flirter avec le championnat des marqueurs à cet âge n’est en effet pas ordinaire. Sean Couturier (2009-2010) et Sidney Crosby (2004-2005), notamment, sont les derniers joueurs à avoir bousculé l’ordre établi et raflé le titre de meilleur marqueur de la LHJMQ à 17 ans.

« J’ai pris de l’expérience en accéléré l’an passé et je suis arrivé en confiance à Shawinigan cette année », note humblement Beauvillier, qui avait conclu sa saison recrue avec une récolte de 33 points (9 buts et 24 passes).

À ce rythme et avec encore 19 matchs à disputer avant la fin du calendrier régulier, Beauvillier peut rêver de se joindre à Couturier, Crosby et compagnie. Mais ce n’est pas tout. Le mythique plateau des 50 buts n’est pas trop loin devant non plus.

« Ça met un peu plus de pression. Au début, quand on a commencé à m’en parler, j’étais un peu nerveux et je voulais scorer, mais les choses viendront par elles-mêmes », relativise Beauvillier, qui a besoin de 16 buts pour atteindre la cinquantaine.

Anthony BeauvillierUne 31e liste

Si les 50 buts sont à l’horizon, ils ne sont toutefois pas dans la mire de Beauvillier qui, en cette année charnière, a une tout autre préoccupation. Son repêchage.

Capitaine de la formation de Don Cherry au match des meilleurs espoirs de la LCH tenu le 22 janvier dernier, Beauvillier a récemment été classé 49e par la Centrale de recrutement de la LNH dans sa plus récente mise à jour de la liste des joueurs nord-américains les plus prometteurs en vue du prochain repêchage.

« Que ce soit juste ou non, c’est leur analyse et ce n’est qu’une 31e liste. Je peux très bien me classer très haut sur la liste d’une équipe et très loin sur une autre. C’est une source de motivation pour gravir les échelons », signale Beauvillier.

Si les 5 pieds 10 pouces et 181 livres de ce dernier incitent sans doute la Centrale de recrutement à la prudence à son endroit, Beauvillier est bien trop déterminé pour s’en démoraliser.

« C’est sûr que des fois, mon gabarit peut jouer contre moi, mais je sais que ça demeure possible », insiste-t-il.

Et ce ne sera certainement pas son entraîneur Martin Bernard qui le contredira.

« Peu importe la situation, quand il saute sur la patinoire, il compétitionne (sic). C’est un joueur qui aime faire la différence et qui veut de grosses minutes. Il le rend bien à l’équipe. »

Et ce, que ce soit en offrant un but victorieux ou encore en démarquant son territoire face à l’élite du circuit... et Anthony Duclair.