BOISBRIAND – Joël Bouchard est d’un naturel positif, mais comme tout le monde, sa patience a des limites.

Samedi, elles ont été outrepassées.

Pour le directeur général et entraîneur-chef de l’Armada de Blainville-Boisbriand, perdre c’est une chose, mais le faire sans livrer bataille, cela ne fait pas partie de l’ADN de l’organisation qu’il bâtit depuis bientôt cinq ans.

Au lendemain d’un revers de 5-3 infligé par les Sea Dogs de Saint John samedi, Bouchard a cru bon le rappeler à une poignée de ses joueurs qui à ses yeux, n’avaient pas déployé l’éthique de travail qui fait la renommée de l’Armada depuis l’an 1 du club.

« On ne perdra pas notre identité parce que trois ou quatre nonos veulent faire leur zozo ici », pestait Bouchard, dimanche, au terme d’une autre défaite encaissée cette fois aux mains des Foreurs de Val-d’Or.

À mots couverts, le grand patron visait entre autres le défenseur de 20 ans Philippe Bureau-Blais et l’attaquant Kristian Pospisil, rayés de la formation qui s’est honorablement inclinée 3-1 devant des Foreurs à la fois plus matures et menaçants.

« Tu peux faire 22 erreurs et être moins-24 durant un match, je suis capable de faire la différence entre un gars qui travaille et un gars qui ne travaille pas. Je suis capable de faire la différence entre un gars qui veut jouer pour gagner et un qui ne veut pas. Malheureusement pour eux, si j’ai un talent, c’est celui-là. S’il faut que j’en mette 12 dans les estrades, je vais en mettre 12 dans les estrades », promet Bouchard.

Et ce n’est pas le spectre d’une autre défaite annoncée qui freinera l’entraîneur par excellence en titre dans la LHJMQ.

« Ils ont un chandail et un bâton, qu’ils jouent comme je le demande! Si ça ne se transpose pas au tableau indicateur, tant pis. Là aussi, je suis capable de faire la différence », martèle Bouchard.

Bref, ça prendra le temps que ça prendra. Et ne comptez pas sur Bouchard pour faire preuve d’indulgence envers les siens sous prétexte que l’équipe est accablée par les blessures.

L’absence des attaquants Alexander Katerinakis, Olivier Schingh-Gomez, Christian Bloomqvist et Brendan Hamelin, de même que celle du défenseur Guillaume Beaudoin ont beau peser lourd dans les insuccès de l’Armada, le problème n’est pas là, insiste Bouchard.

« Tout le monde m’appelle et me dit : "pauvre toi, il te manque tous tes gars, tous tes bons joueurs". On le sait tous qu’il nous en manque, on n’est pas tata. On sait tous compter, il nous en manque de 7 à 8 parfois. C’est la vie, mais me cacher derrière ça et avoir une attitude moyenne pour cette raison, ça ne marche pas aujourd’hui et ça ne marchera pas demain ni après-demain. »

Trop de « Ti-Guy Lalune »

C’est donc avec les joueurs qui sauront adhérer sans retenue à sa philosophie que Bouchard compte aller de l’avant. À entendre le pilote, la porte s’ouvre donc à ceux qui sauront bien la franchir.

Rappelé des rangs midgets AAA pour le duel face aux Foreurs, Thomas Éthier, un choix de sixième tour de l’Armada au dernier repêchage, a obtenu une première occasion d’intégrer le groupe dimanche.

Qui sait combien de temps l’attaquant de 16 ans demeurera dans l’entourage de l’équipe, mais une chose est certaine, il montera à bord de l’autobus menant l’Armada à Val-d’Or en prévision du rendez-vous de mardi soir.

« Je veux des gars qui veulent jouer au hockey, souligne Bouchard. Si tu ne veux pas jouer à notre façon, je te le dis d’avance, on ne te repêchera pas et on ne te gardera pas. Je suis allé voir Éthier jouer dans le midget AAA et c’est apparent qu’il veut jouer au hockey dans la vie. Il a un pouls et il écoute. Si tu écoutes, que tu as un pouls et moindrement de talent, tu as des chances de jouer ici. Je suis tanné du niaisage. »

La saison n’a beau être vieille que de 13 rencontres pour l’Armada, Bouchard a donc visiblement déjà perdu assez de temps.

« On va arrêter d’être immature et de jouer aux enfants pour apprendre un peu. Il faut arrêter de jouer au zozo, autant sur la patinoire qu’à l’extérieur de celle-ci. J’en ai assez des Ti-Guy Lalune et d’entendre des niaiseries à gauche et à droite comme : "J’ai oublié de faire ça". N’oublie pas, c’est ta job! Ça suffit le gardiennage! »

Et à ceux qui ne sauront pas saisir son message on ne peut plus clair, Bouchard fait cette promesse.

« Là, je suis en mode on va jouer comme je le veux. Pas seulement un match sur deux ou trois. Une fois rendu à Noël, on identifiera ceux qui veulent jouer comme je le veux. Les autres, ils iront jouer ailleurs. »