BOISBRIAND – Quatre matchs, 33 buts contre, quatre buts pour.

L’expérience d’Alex Barré-Boulet en séries a été aussi brève que brutale jusqu’à maintenant dans la LHJMQ.

« Ce n’est pas un bon souvenir. On a pogné Rouyn et ç’a pas bien été. »

C’était l’an dernier, alors que l’attaquant défendait encore les couleurs des Voltigeurs de Drummondville. Dernier club à obtenir un droit de passage pour les séries, les Voltigeurs héritaient alors du lourd mandat d’éliminer les tout-puissants Huskies de Rouyn-Noranda.

Autant dire mission impossible.

« On avait une équipe jeune et inexpérimentée. C’est sans compter que durant l’année, on avait vécu les congédiements notre DG et de notre coach. Ç’a peut-être affecté les gars en séries. Cette année, on n’a aucune excuse pour que ça arrive. »

Aujourd’hui membre de l’Armada de Blainville-Boisbriand, qui a fait son acquisition des Voltigeurs après la période des Fêtes, le joueur de centre de 19 ans se retrouve en effet dans un tout autre contexte à l’aube du premier tour des séries.

Relancée par l’arrivée de Barré-Boulet et du joueur étoile Pierre-Luc Dubois après une baisse de régime en décembre, l’Armada vient de conclure la meilleure campagne de son histoire (43 victoires) et figure parmi les équipes de pointe aspirant aux grands honneurs.

La troupe des Basses-Laurentides amorcera son parcours éliminatoire ce soir, alors que les Voltigeurs débarqueront à Boisbriand pour le premier match de ce duel de première ronde.

« Je pense qu’on est capable d’aller jusqu’au bout », estime Barré-Boulet.

« Je n’ai pas complété ces échanges et on ne travaille pas depuis le jour 1 pour bien se positionner au classement et seulement passer la première ronde. Mon but c’est de gagner. Gagner la coupe », confirme le président, directeur général et entraîneur-chef de l’Armada, Joël Bouchard.

« Coachables »

S’il affiche une confiance totale envers ses troupiers et leurs capacités aujourd’hui, Bouchard s’était montré beaucoup plus critique il y a à peine deux mois.

Aux membres des médias venus recueillir ses commentaires à la suite d’un revers contre le modeste Phoenix de Sherbrooke en janvier dernier, l’homme-orchestre de l’Armada ne s’était pas gêné pour exposer la crise identitaire qui selon lui affligeait son équipe.

« Ils ne sont pas coachables. On vit une crise d’identité. J’ai des chiens qui veulent devenir des chats. Ils sont hésitants. Ils n’ont pas encore tout compris ce qu’on leur dit », avait-il lancé au confrère François David-Rouleau, du Journal de Montréal.

Ses p’tits gars ont depuis saisi le message.

« Ils ne l’étaient pas [coachables], répète Bouchard. On gagnait beaucoup, mais ce n’était pas dans l’essence [de ce que je recherchais]. Je suis content qu’on ait perdu une couple de matchs. Après ça, ils ont embarqué dans notre partenariat. »

L’Armada a remporté 15 des 21 matchs suivants, enchaînant notamment huit victoires au fil de cette période. Lutant avec les Huskies pour le titre de la division Ouest jusqu’à la toute fin du calendrier régulier, l’Armada s’est finalement avouée vaincue par un petit point.

« Il y a à peine un mois, on n’avait pas la chimie qu’on a présentement », signale Barré-Boulet, plus ou moins troublé à l’idée d’affronter son ancienne équipe au premier tour.

« C’est l’Armada mon équipe maintenant. Je suis fier de jouer ici et je vais tout faire pour battre les Voltigeurs. »

Si le visage de ces derniers a beaucoup changé depuis son départ, Barré-Boulet connaît bien la bête à laquelle lui et ses nouveaux coéquipiers s’attaqueront sous peu.

« [Dominique] Ducharme, c’est un entraîneur exigeant. Il faut que tu travailles fort tout le temps. Ils ont peut-être eu de la misère à s’adapter [après la période des échanges] parce qu’il y avait beaucoup de jeunes joueurs, mais dernièrement ils ont battu Shawinigan deux fois et Rouyn-Noranda (21 janvier). Je pense qu’ils peuvent battre n’importe qui. »

Jeune et en plein apprentissage, la bande de Dominique Ducharme a néanmoins terminé la saison en force avec huit gains à ses 13 derniers matchs, s’imposant notamment 6-3 lors de son dernier duel face à l’Armada la semaine dernière.

Reste qu’un écart de 30 points sépare les deux équipes au classement et que l’Armada a remporté quatre des six affrontements les opposant cette saison.

« Qu’on affronte les Voltigeurs ou les Sea Dogs, les dangers sont toujours les mêmes : ne pas être à son affaire, ne pas être discipliné et ne pas respecter le plan de match », prévient Bouchard, qui mise sur la meilleure défense du circuit pour la deuxième fois en trois ans.

« Au hockey comme dans la vie, tu es toujours ton pire ennemi, pense Bouchard. [...] Ce n’est pas un manque de respect envers l’adversaire. Les Voltigeurs vont venir pour jouer, faire ce qu’ils ont à faire et gagner. Je ne m’attends à rien d’autre. »