Étendu sur une civière et enveloppé dans une couverture, Mathieu Joseph affiche un calme qui détonne avec les pensées qui se bousculent dans sa tête.

Alors qu’il est conduit lentement vers l’extérieur du Harbour Station par deux ambulanciers et qu’il s’apprête à franchir le seuil de porte de la sortie d’urgence, l’attaquant des Sea Dogs de Saint John lève toutefois les bras, porte ses mains sur son visage et essuie ses yeux... 

Impossible pour l’instant de ne pas songer aux pires scénarios...

« Je me doutais bien que ça n’allait pas être l’affaire que de deux semaines de récupération », témoigne aujourd’hui Joseph, un peu plus de six mois après cette soirée du 1er avril qui aurait pu sérieusement compromettre la suite de sa carrière.

Ce soir-là, les Sea Dogs tentaient d’achever le Titan d’Acadie-Bathurst en cinq matchs au premier tour éliminatoire – ce qu’ils ont fait – mais sans Joseph. Impliqué dans une bête collision avec un coéquipier et un rival le long de la rampe en première période, Joseph a en effet dû déclarer forfait après avoir été gravement coupé au muscle du mollet gauche par une lame de patin.

« Tout était parfait aligné pour que ça arrive. Même avec des bas en kevlar, je n’y ai pas échappé, j’ai quand même été coupé. Une bad luck. Vraiment », insiste l’espoir du Lightning de Tampa Bay.

Si la chance ne l’accompagnait pas ce soir-là sur la patinoire, elle n’a toutefois pas tardé à rappliquer. Dans les heures qui ont suivi, Joseph a été opéré avec succès et la guérison n’allait finalement nécessiter que deux à trois mois de repos.

« Sur le coup, alors qu’il n’y avait encore rien de diagnostiqué, il était difficile de savoir ce qui allait m’arriver, surtout qu’il n’est pas rare que le tendon d’Achille soit touché lorsqu’une blessure à un mollet survient. Heureusement, ce n’était pas le cas. Autrement, j’aurais sans doute eu besoin de deux ou trois moins de plus pour récupérer. »

Certes, le catalyseur des Sea Dogs n’a pu aider les siens jusqu’à la fin de leur parcours dans le carré d’as, mais deux mois à peine après le malheureux incident, il était de retour sur une patinoire.

Le camp estival d’Équipe Canada junior (ÉCJ) et le camp d’entraînement du Lightning, sur lesquels il aurait très bien pu devoir faire une croix, étaient donc de retour à son agenda.

« J’ai pu m’entraîner pas mal cet été, même si j’avais quelques restrictions », note Joseph.

Un jour à la fois, en pensant à ÉCJ

Après avoir brillamment étoffé en juin denier sa candidature auprès des décideurs d’ÉCJ, avec qui il pourrait bien se tailler un poste grâce à sa polyvalence, Joseph peut donc se permettre sans gêne de rêver à l’Unifolié.

« J’y vais un jour à la fois, mais c’est sûr que je pense à Team Canada. C’est selon moi un objectif réalisable. Le fait d’être invité au camp estival te permet de croire en tes capacités de faire l’équipe. Reste à travailler fort dans la saison pour ça, mais la possibilité de se voir confier un rôle précis au sein de cette équipe, c’est motivant », indique Joseph, qui compte bien le démontrer lors de la Série Canada-Russie le mois prochain.

Joueur le plus sous-estimé de la LHJMQ selon un sondage de Sportsnet mené auprès des entraîneurs du circuit, Joseph continue en tout cas de démontrer toute son utilité pour la cause des Sea Dogs depuis son retour du camp du Lightning, où il a disputé une première rencontre préparatoire en carrière avant d’être retranché.

Trois jours plus tard, dès son premier match de la campagne, il a amassait deux buts et une mention d’aide. Le choix de quatrième tour du Lightning en 2015 tient depuis la cadence, lui qui n’a été blanchi de la feuille de pointage que deux fois en huit matchs, récoltant 9 buts et 4 passes au passage.

Meilleur buteur de son équipe et deuxième meilleur du circuit à égalité avec Filip Chlapik et Jake Coughler, tous les deux des Islanders de Charlottetown, le tenace attaquant de 19 ans est par ailleurs toujours aussi efficace à court d’un homme. Employé sur la première vague de désavantage numérique des Sea Dogs, Joseph a déjà enfilé deux buts en pareilles circonstances, un sommet dans la LHJMQ. La saison dernière, le hockeyeur origonaire de Chambly avait conclu le calendrier régulier avec 73 points (33 buts et 40 passes), la deuxième meilleure récolte offensive du club. 

« J’essaie juste de reprendre là où j’ai laissé l’an dernier. »