MONTRÉAL – Mathieu Bellemare est de retour à la maison. Enfin, et pour de bon.

 

Finies les conversations FaceTime, finies les inquiétudes. Dorénavant, c’est en chair et en os que le gardien de 19 ans épaulera son père dans la lutte qu’il livre à un cancer de la prostate.

 

Quelques mois après avoir demandé aux Olympiques de Gatineau de l’échanger à un club situé à proximité de son domicile familial de Shawinigan, Bellemare a finalement été accommodé vendredi dernier.

 

Et pas à peu près.

 

À trois jours de l’ouverture de la période des transactions dans la LHJMQ, on lui annonçait qu’il allait être troqué aux Cataractes de Shawinigan en retour d’un choix de quatrième tour en 2019.

 

« Je ne m’en attendais pas pantoute. Je savais qu’il allait y avoir un échange, mais ça parlait beaucoup de Québec et un p’tit peu de Drummondville, mais pas de Shawi. Ça m’a pris par surprise. »

 

Un dénouement auquel la famille Bellemare osait à peine rêver.

 

« C’est le plus beau des cadeaux », se réjouit Mario Bellemare, le père de Mathieu. « On aime toujours que nos enfants restent avec nous autres. »

 

Encore plus quand on mène le combat de sa vie.

 

Déchirés

 

Dans les deux premiers mois suivant l’annonce du diagnostic en juin dernier, Bellemare a veillé sur son père au quotidien. Alors que celui-ci se remettait d’une opération et qu’il était confiné à la maison, le portier était lui aussi limité dans ses activités par une récente chirurgie à l’épaule.

 

« On prenait des p’tites journées relax, raconte l’enfant unique. On écoutait des films, on profitait du soleil... On ne faisait pas grand-chose, mais on profitait de ce qu’on pouvait. »

 

Bref, un été tranquille à profiter de la vie.

 

« On a toujours été très proche, mais les événements du printemps dernier ont resserré encore plus nos liens familiaux », estime le paternel.
 

De quoi rendre le départ de fiston pour le camp d’entraînement des Olympiques encore plus éprouvant qu’à l’habitude.

 

« D’année en année, c’est la même chose. C’est un enfant qui part de la maison et, veux veux pas, ça nous fait toujours un pincement au cœur. Mais cette année, ç’a été pire. On avait été collé ensemble quasiment tout l’été. Ç’a fait un gros, gros pincement au cœur. »

 

Mathieu Bellemare« C’était déchirant », confirme le jeune athlète dont le père se porte aujourd’hui de mieux en mieux. « La maladie, ça remet beaucoup de choses en question, ça te brasse la tête. Il y a plein d’affaires que tu remets en question, mais une fois que je suis parti, je me suis dit : “Bon, OK, il faut que je me concentre sur le hockey”. »

 

Reste que c’était plus facile à dire qu’à faire.

 

« Au début, ç’a été tough, concède-t-il. Tu t’es habitué à être chez vous, à être présent, et là, tu repars et tu te ramasses tout seul. Oui, tu es avec l’équipe, mais tu es seul de ta famille là-bas. Tu le sais que tu ne retourneras pas chez vous avant un bout. Même si tu le voulais, avec l’horaire chargé, tu ne peux pas dire : “OK, je pars une semaine”. »

 

Avec la bénédiction des Olympiques, Bellemare était toutefois autorisé à rentrer à la maison à l’occasion.

 

« Je suis redescendu une fois pour rencontrer son médecin avec lui. Je ne voulais pas manquer ça. Physiquement, il allait quand même super bien, alors ça m’aidait à rester focus. »

 

Et à patienter...

 

« Au début de la saison, je ne m’attendais pas à être échangé, même si je l’avais demandé. À cause de mon opération, ma valeur devait avoir baissé et ils (les Olympiques) ne voulaient pas me laisser partir pour rien. Je comprends ça, c’est normal. »

 

Il ne lui restait donc plus qu’à rétablir sa valeur marchande. Avec le précieux support moral de ses parents, qui ont fait quelques allers-retours pour le voir à l’œuvre, et surtout de sa famille de pension, c’est ce qu’il est parvenu à faire.

 

Partageant le filet des Olympiques avec son bon ami Tristan Bérubé, Bellemare s’est forgé une fiche de 8-7 et a maintenu une moyenne de buts alloués de 2,79, de même qu'un taux d’efficacité de ,908 depuis le début de la campagne.

 

« Je suis très content d’où je suis rendu, j’ai travaillé fort. Je voulais être en confiance pour les vacances de Noël. Je pense que mon objectif est atteint. »

 

En confiance et à la maison. Quoi demander de plus? Mario Bellemare, lui, ne pourrait demander mieux.

 

« C’est terminé, le pire est derrière nous. »