MONTRÉAL – Y pensez-vous encore? La déchirante défaite du Canada aux mains des Américains en finale du Mondial junior occupe-t-elle encore vos pensées?

Oui? Vous êtes pardonnés. Le deuil d’une médaille d’or pour bien des Canadiens est rarement l’affaire que de quelques jours.

Une semaine après avoir bien malgré lui porté l’espoir de tout un pays sur ses épaules l’instant que de quelques secondes et d’une montée en tirs de barrage, Nicolas Roy, lui, doit tourner la page.

Et vite à part ça.

Après une pause plus que méritée de quelques jours, l’attaquant des Saguenéens de Chicoutimi reprendra en effet du service ce soir, à l’occasion de la visite de l’Armada de Blainville-Boisbriand au Centre Georges-Vézina.

Pas le temps donc de se perdre en regrets inutiles. Comme quatre de ses frères d’armes avant lui – Dylan Strome, Matthew Barzal, Tyson Jost et Anthony Cirelli – Roy n’a pu déjouer Tyler Parsons, perdant possession du disque alors que le portier américain semblait s’être compromis.

Ça arrive.

« Il n’y a pas de secret là-dedans, tout le monde rate des lancers comme ça. Même dans les pratiques, je vais en manquer. J’ai juste échappé la rondelle », observait-il cette semaine dans un entretien avec le RDS.ca.

Sachant à l’avance qu’il allait être le cinquième tireur à tenter sa chance, Roy ne s’est pas contenté de fermer les yeux en espérant un contexte favorable avant de s’élancer sous le regard des quelque 20 000 spectateurs présents au Centre Bell et des millions de téléspectateurs se croisant les doigts du bout de leur divan.

Non. L’espoir des Hurricanes de la Caroline a plutôt attentivement observé ses coéquipiers s’exécuter avant lui, à la recherche de la moindre défaillance de Parsons dont il pourrait tirer avantage.

« Je l’avais regardé et je le trouvais quand même avancé pas mal. Je savais ce que j’allais faire. »

L’idée était bonne. S’amenant à une bonne vitesse, Roy a d’abord levé la jambe gauche et feinté un lancer, forçant ainsi Parsons à poser le premier geste, avant de perdre possession du disque alors qu’il s’apprêtait à l’amener de son côté revers.

L’or appartenait dès lors aux Américains, couronnés grâce à un but marqué par leur spécialiste en pareilles circonstances, Troy Terry.

« Même si je scorais, on ne gagnait pas la game nécessairement. J’avais pas tout le poids sur mes épaules », relativise sagement Roy.

Dès le lendemain, Roy était de retour à Chicoutimi, sa ville d’adoption, où il a profité de quelques jours de repos avant de reprendre l’entraînement avec les Saguenéens mercredi.

« Tous les gens à qui je parle sont vraiment contents et fiers de nous. On s’en rend compte de plus en plus, même si c’est plate. Ça fait encore mal et au début ça faisait encore plus mal, mais les gens sont fiers de nous », insiste-t-il.

Prêt à renouer avec l’action, Roy aura à nouveau l’occasion de faire la fierté de ses proches alors que les Saguenéens amorcent leur marche vers ce qu’ils espèrent être de hauts sommets.

Nicolas RoyBien entouré

Conscient que la carrière junior de Roy approche de son dénouement – et sans doute pour remercier les partisans pour leur patience au fil des dernières saisons – le directeur général et entraîneur-chef des Saguenéens Yanick Jean a fait tout son possible pour bien entourer son joueur étoile à un peu plus d’un mois des séries éliminatoires.

Tour à tour, les attaquants Joey Ratelle, Kelly et Kevin Klima, de même que le défenseur Olivier Galipeau ont été acquis lors de la dernière période de transactions. À ceux-ci s’est ensuite ajoutée la plus grosse prise de Jean, l’attaquant russe German Rubtsov, qui a finalement été libéré de ses engagements de l’autre côté de l’Atlantique. Le choix de premier tour des Flyers de Philadelphie n’a toutefois pas encore fait ses débuts dans l’uniforme des Bleus, lui qui se remet d’une opération au nez.

Occupé avec Équipe Canada junior, c’est à distance que Roy a gardé un œil sur les derniers mouvements de personnel opérés par son patron.

« Je ne savais pas à quel point, mais je savais qu’il allait bouger. Je suis vraiment content. »

À l’entraînement, Roy a déjà hérité de Ratelle sur son trio, un joueur de 20 ans qui a déjà 27 buts à sa fiche. Si Brendan Hamelin risque de compléter cette unité ce soir face à l’Armada, Rubtsov pourrait fort bien le remplacer à la droite de Roy lorsqu’il aura reçu le feu vert des médecins.

De quoi permettre aux Saguenéens et à Roy de rivaliser avec les puissances du circuit Courteau.

« On a une équipe complète. On va être dur à battre. »