MONTRÉAL – Nathan Gaucher mesure 6 pieds 3 pouces. La balance oscille aux alentours de 90 kilos quand il y monte. Le jeune est costaud. Mais lui-même admet qu’il se sentait petit à son arrivée au camp d’évaluation estival d’Équipe Canada junior.

L’attaquant des Remparts de Québec est l’un des plus jeunes joueurs parmi la cinquantaine qui a reçu une invitation pour cette première grande audition visant à former l’équipe qui représentera le pays au championnat du monde en décembre. La plupart des gars qu’il y côtoie ont été repêchés par une équipe de la Ligue nationale. Certains ont même déjà de l’expérience chez les professionnels.

Avec l’Ontarien Shane Wright, Gaucher est l’un des deux joueurs présents au camp qui ne seront admissibles au repêchage de la Ligue nationale qu’en 2022.

« Honnêtement, c’était un peu intimidant. Quand tu regardes le lineup, c’est sûr que tu vois ça gros », n’a pas caché le grand rouquin lorsque RDS l’a joint à l’avant-dernier jour du camp.

« Mais je me suis fait rassurer par mon agent et les gars que je connais. On est quand même beaucoup de gars du Québec avec qui j’ai déjà joué. Et je me suis rendu compte qu’une fois qu’on est sur la glace, tout le monde est rendu égal. »

Gaucher, il faut le dire, n’a pas été invité à Calgary pour ses beaux yeux. Il vient de connaître une solide deuxième saison dans la LHJMQ. Il a complété le calendrier écourté de 30 parties avec une moyenne d’un point par match et ses 14 buts lui ont permis de surpasser son total de l’année précédente tout en jouant deux fois moins de matchs.

À l’aube de la plus importante saison de sa jeune carrière, cette feuille de route lui permet, sur papier, de se positionner avantageusement parmi l’élite de son groupe d’âge. Gaucher est d’ailleurs considéré comme un candidat sérieux pour être repêché en première ronde dans un an. Mais il y a des réponses que l’on ne peut obtenir que sur la patinoire.

Lorsque Hockey Canada l’a appelé pour lui proposer de remplacer un joueur blessé – le choix de première ronde des Flyers Tyson Foerster – c’est ce que Gaucher a vu : une opportunité assumée de mesurer son progrès face à ses pairs. D’autant plus qu’exceptionnellement cette année, Hockey Canada a réuni au même endroit ses meilleurs joueurs U20 et ceux qui sont pressentis pour participer au championnat du monde des moins de 18 ans en avril prochain. Les deux groupes ont été fusionnés mardi dans le but d’organiser deux matchs amicaux.

Gaucher a donc pu s’entraîner avec des vétérans comme l’espoir du Canadien Kaiden Guhle, qui est pressenti pour être le capitaine d’Équipe Canada junior cette année, et jouer contre des jeunes qui visent le prochain repêchage de la LNH comme Wright, Matthew Savoie et Conor Geekie.

« Comme j’ai dit c’est vraiment le fun de pouvoir se comparer. Tous ces joueurs-là qui se sont fait repêcher, soit cette année ou l’année d’avant, c’est le fun de voir que je suis capable de jouer avec eux autres, capable d’avoir un bon rythme, de m’adapter assez facilement. [...] C’est le fun de pouvoir se comparer aux plus jeunes aussi, aux 2004 si je peux dire ça comme ça, en vue du repêchage qui s’en vient. »

Précieuse polyvalence

Gaucher s’est rapidement retrouvé hors de sa zone de confort sous les ordres de Dave Cameron et ses adjoints. Pour le premier match intra-équipe du camp, le joueur de centre a été placé à l’aile sur un trio complété par Xavier Bourgault et l’espoir des Flames Rory Kerins. Dans le deuxième match, il s’est retrouvé au centre de Bourgault et du récent choix de première ronde des Rangers Brennan Othmann.

« Les deux matchs, ça a super bien été, juge-t-il. C’est sûr que quand je me suis retrouvé à l’aile droite, c’est pas très habituel pour moi. Mais dans un scénario comme celui-là, tu ne peux pas te plaindre. Peu importe le poste que tu vas avoir, va falloir que tu performes. Alors je me suis habitué. Ça a pris peut-être deux présences et je me suis habitué. Le deuxième match, j’étais plus dans mon confort, au centre, et j’ai vu justement que j’étais capable de faire plus. »

Sachant que la polyvalence est l’une des qualités les plus recherchées dans les grands rendez-vous internationaux, Gaucher voit sa récente semaine de formation comme de la précieuse expérience en banque.

« Quand tu regardes les anciennes formations [d’Équipe Canada junior], des fois c’est une dizaine de joueurs sur douze qui sont des centres. Donc c’est beaucoup d’adaptation, mais dans cette situation, tu fais tous les sacrifices possibles pour pouvoir te tailler un poste. »

« Honnêtement, je pense que j’ai montré ce que j’avais à montrer, conclut-il en repensant à sa semaine. J’ai fait ma job, comme on peut dire. À partir de là, ça va être dans les mains des dirigeants. »

En réalité, Gaucher a encore une grosse partie de son sort entre ses mains. Si les chiffres qu’il a fournis l’an dernier l’ont mené jusqu’à ce point, ils auront bientôt perdu toute leur pertinence aux yeux de ceux qu’il devra convaincre.

Mais rien ne laisse présager un relâchement et avec l’acquisition désormais confirmée de Zachary Bolduc par les Remparts, les conditions lui seront favorables pour qu’il défende bien sa cause d’abord devant les juges de Hockey Canada et ensuite aux yeux des recruteurs de la LNH.

 « Des objectifs, j’en ai un peu, mais ils ne sont pas trop élevés. J’essaie de me mettre le moins de pression possible. On va voir ce qui va arriver. Tout le monde me dit, c’est le cliché, de ne pas trop y penser. C’est sûr que ça te rentre un peu dans la tête. Faut juste que tu contrôles les bruits extérieurs et que tu te concentres sur tes petites affaires. Je pense que ça va être ça la clé cette année. »