Dans l'édition d'hier du réputé quotidien The Globe and Mail, un chroniqueur sportif écrivait en préambule de son article que la volonté d'Eric Lindros de poursuivre sa carrière exclusivement avec les Maple Leafs de Toronto ne représentait pas, en soi, une nouvelle susceptible de "faire stopper les presses". Pourtant…

Pourtant, son propre journal a consacré une large portion de sa mince section sportive à ce nouveau chapitre de l'histoire Lindros. Le Toronto Star en a largement tapissé ses pages de sport avec des commentaires, des réactions, des entrevues et des photos. Le Sun a bondi à pieds joints sur la nouvelle, consacrant sa toute première page à un cliché géant de Lindros! A la télé sportive, il n'était question que de cela!

Visiblement, le controversé joueur a frappé fort avec sa déclaration de mardi et la ville de Toronto en fut quitte pour tout un émoi. Le Canada anglais (et particulièrement les torontois) a toujours considéré Lindros avec un égard démesuré et la simple hypothèse de le voir se rapprocher des Leafs était suffisante pour déclencher un battage médiatique tout aussi démesuré.

Il est intéressant de noter cependant que les opinions sont loin d'être unanimes quant à sa venue possible à Toronto. C'est que, voyez-vous, Bobby Clarke a lui aussi frappé très fort en disant que "si le docteur Kelly déclarait son patient apte à revenir au jeu, alors il était normal que les Flyers exigent en retour une compensation digne d'une grande étoile".

Or, aucun observateur ne semble emballé à l'idée de voir les Leafs sacrifier de bons jeunes joueurs comme Nik Antropov, par exemple, sans qu'il y ait de garantie sur la santé de Lindros à moyen et long terme. D'ailleurs, Pat Quinn a été assez direct lui aussi en entrevue en affirmant qu'il était hors de question de sacrifier une partie du noyau de son équipe pour faire l'acquisition de cet athlète fragile.

Où en sommes-nous, donc? Et bien, comme l'a dit souvent Bernard Derome lundi soir dernier, "voici la position des parties au moment actuel". S'il est vrai que les Maple Leafs et Lindros se sont déjà entendus sur un cadre d'entente satisfaisant pour tout le monde, alors ce dernier a joué une très belle carte en avouant publiquement son amour exclusif pour son équipe de rêve. Cela pourrait freiner dramatiquement l'ardeur des autres directeurs généraux de la LNH et priver ainsi Bobby Clarke de plusieurs options intéressantes.

A l'inverse, Clarke a savamment retourné tout le monde faire ses devoirs en disant que "lui et lui seul décidera de la meilleure offre pour le bien de sa formation". Ce faisant, il a non seulement refroidi une partie de la patate chaude que Lindros lui a placé entre les mains mais il a aussi rappelé au "clan" qu'il était toujours en excellente position pour lui faire payer toutes ces années de maux de tête!

Chose certaine, si on ne semble pas vraiment plus avancé qu'il y a quelques jours, au moins les amateurs de hockey auront été invités gentiment par toutes les personnes impliquées à suivre le dénouement de l'histoire via les médias. C'est déjà ça de plus que la semaine dernière, mes amis…

Green une bonne acquisition

André Savard a eu la main heureuse en embauchant Rick Green à titre d'adjoint à Michel Therrien. Larry Robinson ne disait que du bien de Green alors qu'il occupait les mêmes fonctions avec les Kings de Los Angeles. L'ancien défenseur des Capitals et du Canadien possède une excellente vision du hockey et son calme légendaire aura un effet positif sur les jeunes arrières montréalais.La présence de Green enlèvera aussi beaucoup de pression sur les épaules de Guy Carbonneau.

Burke a gagné son pari

Les Canucks de Vancouver, qui accueillent le Canadien ce soir, ne sont plus la risée de l'Association Ouest de la LNH. Bien au contraire. Ils luttent présentement pour le deuxième rang de la section Nord-Ouest avec les Oilers d'Edmonton et par le fait même, ils soufflent dans le cou de l'Avalanche du Colorado.

Si Marc Crawford mérite tout le crédit possible pour ce revirement de situation, surtout à cause de l'utilisation judicieuse de chacun de ses joueurs, il faut aussi reconnaître la clairvoyance de Brian Burke depuis qu'il a accepté la direction de cette formation devenue moribonde depuis plusieurs années.

Burke aura été particulièrement brillant en effectuant un "slalom" digne de Jean-Claude Killy lors du repêchage de 1999 pour ainsi mettre la main sur les jumeaux Sedin. Les deux jeunes Suédois commencent à provoquer l'impact souhaité à Vancouver et il y a de moins en moins de doute quant à leur chance de succès à long terme dans la Ligue Nationale. Il sera intéressant de les voir à l'œuvre ce soir.