DENVER – Nathan MacKinnon, Cale Makar, leurs coéquipiers sans oublier leurs partisans partagent un désir commun : ils tiennent à rapatrier la coupe Stanley à Denver après une trop longue attente de 21 ans.

Ça saute aux yeux... et aux oreilles aussi.

Car pendant que les amateurs clamaient haut et fort des « On veut la coupe » aux quatre coins du Ball Arena, leurs favoris enfilaient sept buts sans riposte pour infliger une raclée gênante au Lightning; pour prendre les devants 2-0 dans une finale qui est jusqu’ici à sens unique; une finale qui pourrait être bien plus expéditive que prévu.

Pour un deuxième match de suite, l’Avalanche a déferlé sur le Lightning dès la mise en jeu initiale. Le duo Ryan McDonagh-Erik Cernak et leurs coéquipiers attaquants se sont immédiatement retrouvés sur les talons. Ils ont cafouillé avec la rondelle tant ils étaient pressés dans leurs actions en raison de l’intensité de l’échec avant déployé par l’Avalanche. Après pas un, pas deux, mais trois cafouillages de ces deux défenseurs habituellement très fiables, McDonagh a été poussé à la faute : il a écopé une pénalité aux dépens de T.J. Compher.

C’était le début de la fin.

Le Lightning s’est bien débrouillé pendant les 100 premières secondes écoulées à court d’un homme. Mais sept secondes avant la fin de la pénalité, Valeri Nichushkin a reçu une passe parfaite dans l’enclave d’où il a déjoué Andreï Vasilevskiy qui n’y pouvait rien.

Le gardien des « Bolts » et ses coéquipiers ne le savaient pas encore, mais le match était déjà fini. Fini, comme dans f-i fi et n-i ni!

Remarquez qu’ils l’ont vite appris à leurs dépens.

Car après avoir admis candidement qu’ils avaient du bien meilleur hockey à offrir que ce qu’ils avaient offert lors du premier match et promis qu’ils le démontreraient dès les premiers instants de la deuxième rencontre, les joueurs du Lightning n’ont rien fait de bon. Comme dans rien de rien!

Un match parfait

Ce que les joueurs du Lightning ont fait samedi, c’est de regarder leurs adversaires de l’Avalanche tournoyer autour d’eux et prendre le plein contrôle de la patinoire. Le plein contrôle des trois zones. Le plein contrôle dans tous les aspects du jeu.

« Je n’accorde pas beaucoup d’importance au fait que nous ayons marqué sept buts. Mais j’accorde une grande importance au fait que tous les membres de notre équipe ont disputé un match qui se rapproche le plus possible de la perfection », a reconnu Jared Bednar, l’entraîneur-chef de l’Avalanche.

Bednar découpe chaque période en petits matchs de cinq minutes. Cinq minutes, c’est à peu près le temps nécessaire pour permettre à ses joueurs d’effectuer entre quatre et cinq présences selon le rythme de la rencontre.

L’objectif est simple : il faut gagner le plus de petits matchs de cinq minutes pour mousser ses chances de victoires.

« En disséquant le match de cette façon, on donne une meilleure chance à nos joueurs de reprendre le contrôle lorsque nous avons connu une moins bonne séquence de cinq minutes », que Bednar a plusieurs fois expliqué depuis le début de la finale.

Samedi soir, l’Avalanche a gagné les 12 séquences de cinq minutes disputées contre le Lightning. La troupe de Bednar a balayé les trois premières séquences du premier tiers. Elle a gagné à 75 % la quatrième.

Le score de 3-0 favorisant Colorado, mais surtout les 11 tirs de l’Avalanche contre les cinq du Lightning et plus encore les 24 tirs tentés contre les 10 seulement pour Tampa donne plus d’envergure encore que le score à la domination des « Avs ».

Même résultat en période médiane. L’Avalanche a dominé totalement trois des quatre séquences et 80 % de la quatrième. Le trio piloté par Pierre-Édouard Bellemare et complété par les gros Pat Maroon et Corey Perry a donné au Lightning une bonne séquence en zone offensive. Mais ce fut la seule de l’engagement. Et elle n’a pas duré bien plus que 35 ou 40 secondes.

Après deux périodes, le Lightning avait l’air de tout, sauf d’un club en quête d’une troisième conquête consécutive de la coupe Stanley. Ils tiraient de l’arrière 5-0, n’avaient cadré que 12 tirs, 11 de moins que l’Avalanche, et en avaient décoché 20 seulement, contre les 43 de l’Avalanche.

Les doubles champions ont même établi un record de médiocrité dans la rencontre alors qu’ils ont eux-mêmes bousillé une attaque massive en période médiane se rendant coupable d’un hors-jeu à la ligne bleue ennemie et d’un dégagement refusé.

La troisième?

Les deux équipes auraient pu décider de ne pas la disputer tant elle n’a rien changé au cours du match. En fait oui, cette troisième a permis à l’Avalanche de faire plus mal paraître encore un rival qui pour l’instant ne fait absolument pas le poids contre lui alors que Makar y est allé d’un but en désavantage numérique et d’un autre lors d’une attaque massive.

D’où le score final de 7-0. Les 30 tirs contre 16 en faveur de l’Avalanche, les 70 tirs tentés contre les 29 seulement pour Tampa.

Critiqué – injustement et surtout de manière exagérée à mes yeux – parce qu’il n’avait pas réussi à toucher la cible lors du premier match, Makar s’est très bien repris samedi. Il a non seulement été actif offensivement, mais c’est aussi imposé en défensive. Il a été victime d’une mise en échec de Ross Colton qui l’a atteint à la jambe gauche en deuxième période.

Makar a donné des signes qu’il avait été blessé, mais il n’a pas manqué de présence et a maintenu son rythme endiablé jusqu’à la fin de la partie.

« Ça fait partie du jeu. Je l’ai vu à la dernière seconde, c’est donc un peu de ma faute ce qui s’est produit », a souligné Makar qui a une fois encore éclipsé Victor Hedman qui est loin d’assumer son rôle de pilier à la ligne bleue des « Bolts » depuis le début de la finale.

Fort de ses sept buts marqués jusqu’ici en séries et des 24 points qu’ils revendiquent en seulement 16 matchs disputés, on peut commencer à parler de Makar comme du favori actuel dans la course au trophée Conn-Smythe.

Les « Avs » bien meilleurs que les Rangers

Je sais! Il est un peu tôt pour déjà mettre entre les mains d’un joueur de l’Avalanche le trophée remis au joueur le plus utile des séries.

Surtout que le Lightning avait encaissé deux défaites consécutives à New York, en lever de rideau de la finale de l’Est avant balayé les Rangers avec quatre gains consécutifs.

Mais voilà!

Les joueurs de l’Avalanche sont bien plus forts, bien plus rapides et bien plus affamés de victoires que ne l’étaient les joueurs des Rangers. L’Avalanche est un bien meilleur club de hockey que les Blueshirts. Une bien meilleure équipe que les Panthers de la Floride que Tampa a balayé en quatre matchs. Que les Maple Leafs contre qui le Lightning a comblé un déficit de 2-3 dans la série pour finalement s’envoler vers la deuxième ronde en gagnant la septième et décisive rencontre.

L’Avalanche a marqué 11 buts en deux matchs aux dépens du Lightning. Il en a enfilé au moins quatre dans chacune de ces rencontres.

De fait, l’Avalanche a enfilé au moins quatre buts dans 12 des 16 parties disputées depuis le début des séries. C’est énorme.

Sans oublier qu’il n’a encaissé que deux revers lors de ces 16 rencontres. Deux revers subis aux mains des Blues de Saint Louis. Et deux revers en 16 matchs, c’est très peu.

La solution pour les « Bolts » : imiter les « Avs »

Est-il quand même possible pour le Lightning de profiter d’un retour à domicile pour niveler les chances dans la série contre l’Avalanche, comme il l’a fait aux dépens des Rangers?

Oui c’est possible.

Mais pour que ça devienne probable, il faudrait que le Lightning se mette à jouer comme l’Avalanche. Et ça aidera la cause de Tampa, si l’Avalanche se mettait à jouer comme le Lightning.

Ou à ne pas jouer, car c’est exactement ce que le Lightning fait depuis le début de la finale.

« Deux très bonnes équipes s’affrontent en finale. L’Avalanche joue à un niveau élite jusqu’ici, nous ne le faisons pas. C’est aussi simple que ça. Nous avons une histoire en finale de l’Est, il faut maintenant prendre les moyens pour en écrire une autre maintenant. Pour y arriver, il faudra offrir nous aussi du hockey élite. On ne l’a pas fait ce soir. Et si on ne le fait pas rapidement, cette série sera courte », a reconnu Jon Cooper qui ne remet d’aucune façon la volonté de gagner de ses joueurs.

L’entraîneur-chef du Lightning a aussi balayé du revers de la main les remises en question de sa décision de garder Andreï Vasilevskiy devant sa cage après deux périodes alors que le match était pratiquement joué et qu’il valait peut-être mieux protéger le gardien étoile d’une dégelée plus amère à encaisser,

« Andreï est notre homme. Il est notre gardien. Il est le meilleur gardien de but au monde. C’est avec lui devant la cage que nous avons les meilleures chances de gagner et il sera devant le filet lors du prochain match. C’est pour cette raison que j’ai décidé de le garder là. Cela dit, même si je lui avais demandé de rester au banc en troisième, je ne crois pas qu’il aurait accepté. Il est à ce point compétiteur qu’il aurait voulu rester dans le filet », que Cooper a plaidé.

Entre les lignes

– Vasilevskiy a été généreux sur un ou deux buts de l’Avalanche. Celui de Darren Helm – 5-0 en fin de période médiane – et peut-être aussi celui de Josh Manson qui portait le score 2-0 au premier tiers. Mais il a aussi réalisé plusieurs arrêts solides. L’Avalanche a profité de quatre échappées, de plusieurs attaques en surnombre et d’au moins une quinzaine de bonnes occasions de marquer...

– À l’autre bout de la patinoire, Darcy Kuemper a connu une soirée bien tranquille. Pour signer son deuxième jeu blanc en carrière en séries, le gardien de l’Avalanche a eu à effectuer trois ou quatre arrêts difficiles tout au plus. Mais il les a effectués...

– Malgré ses 35 ans bien comptés, Helm affiche la forme d’un jeunot. Il a démontré beaucoup de vitesse sur son but. Son deuxième des présentes séries. Après avoir distribué 10 mises en échec lors du premier match, le vétéran joueur de centre en a ajouté une douzaine samedi soir. « En finale de la Coupe Stanley, tu donnes tous les efforts nécessaires et tu fais tout ce que tu dois faire pour maximiser les chances de victoire de ton équipe. Je ne suis pas le plus gros, mais je m’assure de toujours bien terminer mes mises en échec pour compliquer les attaques de l’équipe adverse...

– Quatorze ans après avoir soulevé la coupe Stanley avec les Red Wings de Detroit – victoire en grande finale aux dépens des Penguins de Pittsburgh – Helm est à deux gains de répéter l’exploit. « Mon expérience me sert beaucoup, mais je n’ai pas à mettre mes coéquipiers en garde dans le vestiaire. Nous avons beaucoup de solides leaders au sein de l’équipe et nos jeunes joueurs sont tous très matures. Mais c’est une belle sensation de me retrouver en finale après une si longue absence... »

Mikko Rantanen a récolté trois passes samedi. Il revendique 17 passes et 22 points en 16 matchs depuis le début des séries...

– Auteur du but gagnant en prolongation mercredi, lors du premier match, Andre Burakovsky a préparé le premier but de son équipe et il a marqué le troisième fin du de première période avant de retraiter au vestiaire en raison d’une blessure indéterminée – il a semblé être atteint à une main par une rondelle – qui l’a gardé sur la touche pour le reste du match...

– Les deux équipes mettront le cap sur Tampa Bay dimanche alors que les troisième et quatrième matchs seront disputés lundi et mercredi soir au Amalie Arena...