Jonathan Bernier a toutes les raisons au monde de se réjouir de l’arrivée de Mike Babcock à la barre des Maple Leafs. Le gardien lavallois devrait finalement obtenir ce qu’il attend depuis son arrivée à Toronto : le titre de gardien numéro un. Il obtiendra aussi et surtout l’appui d’un entraîneur-chef qui saura instaurer un système défensif susceptible d’aider son gardien à bien performer.

« Cette équipe a besoin de marquer plus de buts, c’est un fait. Mais elle a surtout besoin d’en accorder beaucoup moins », a lancé avec insistance Mike Babcock lors de son point de presse de jeudi à Toronto.

L’an dernier, les Leafs ont accordé 51 buts de plus (257) qu’ils en ont marqués (206). Difficile, voire impossible, de gagner sur une base régulière avec un tel déséquilibre. À titre de comparaison, le Canadien qui a enfilé huit buts de plus seulement que Toronto (214) en a accordé 73 de moins (184). Vrai que Carey Price est le meilleur gardien de la LNH en ce moment comme le confirme son trophée Vézina et qu’il est la pierre angulaire du Tricolore, comme le confirme son trophée Hart. Mais Jonathan Bernier est un bien meilleur gardien que ses statistiques personnelles le démontrent. Choix de première ronde des Kings de Los Angeles en 2006 (11e sélection), Bernier a affiché des moyennes de 2,7 et 2,87 buts accordés par match lors de ses deux dernières saisons à Toronto. Son taux d’efficacité était toutefois de 92,2 % et 91,2 %. Des statistiques honnêtes.

« On va aider nos gardiens en établissant une bien meilleure structure en zone défensive. Ce sont les gardiens qui font les arrêts, mais on doit les aider à faire leur travail. En jouant de façon structurée, on peut obliger l’adversaire à décocher des tirs d’un certain endroit, d’un certain angle. Quand les gardiens peuvent prévoir d’où la rondelle viendra au lieu d’être canardés de tous bords tous côtés, leurs chances d’effectuer les arrêts sont bien meilleures. On va donc commencer à structurer notre défensive pour accorder moins de buts et nous donner la chance d’aller en marquer davantage à l’autre bout », assurait Babcock en élaborant les grands pans de ses objectifs en vue de sa première saison à la barre des Leafs.

S’il admet remettre entre les mains de son adjoint la tâche de suivre ses gardiens au quotidien, Mike Babcock établit les grands principes. Et le nouveau coach des Leafs n’est pas du genre à alterner ses gardiens. Il trouve son homme de confiance et lui fait… confiance.

« Quand j’ai commencé à coacher – dans un collège en Saskatchewan – j’ai passé l’année à alterner entre nos deux gardiens dont j’ai oublié les noms. J’ai alterné en saison régulière. J’ai alterné en séries et nous avons perdu. Je ne suis pas un adepte de l’alternance depuis ce temps. On a deux gardiens qui se battent pour le job. Ils auront des matchs pour nous démontrer ce qu’ils peuvent faire. À eux de prendre la place et de la garder », a convenu Babcock.

Bien qu’il n’ait pas encore le titre officiel de gardien numéro un, Jonathan Bernier s’appuie sur sa feuille de route pour s’en convaincre.

« Les matchs disputés (55 il y a deux ans et 58 l’an dernier) donnent une indication claire, il me semble. J’aimerais que les choses soient officielles. Ça limiterait ainsi les spéculations et les questions sur qui est le numéro un. Randy (Carlyle) et Peter (Horacek) ne dévoilaient jamais l’identité du gardien partant l’an dernier.

Mais je savais que c’était moi. Personnellement, je préfère que les choses soient claires. Ça te donne plus confiance et ça t’offre aussi une petite marge de manœuvre alors que tout n’est pas remis en question ou à recommencer après un ou deux mauvaises sorties. J’aime que l’entraîneur-chef vienne me voir le moins souvent possible. Ça veut dire que c’est moi qui garde les buts et que les choses vont bien. Quand il demande à me parler, c’est que ça va mal», expliquait le gardien québécois croisé jeudi lors de la première journée du camp des Maple Leafs.

S’il a l’étoffe et le talent d’un gardien numéro un dans la LNH et qu’il profite aussi de l’appui de son nouvel entraîneur-chef, Jonathan Bernier devra faire sa part pour convaincre les partisans qu’il peut assumer ce rôle avec succès. «Je devrai être plus constant dans mes performances», a plusieurs fois répondu Bernier aux collègues de Toronto qui lui demandaient ce qu’il devait faire pour assumer pleinement son rôle de gardien numéro un, s’il l’obtient aux dépens de James Reimer. Ce qui ne devrait être qu’une formalité.

En 55 rencontres à sa première saison à Toronto il y a deux ans, Jonathan Bernier a maintenu une fiche de 26 victoires, 19 revers et sept défaites en prolongation ou tirs de barrage. L’an dernier, il s’est contenté de 21 gains (28 revers et sept en prolongation ou tirs de barrage) et a vu sa fin de saison être minée par une blessure à une main.

« Je suis en forme, je suis en santé et je suis vraiment emballé à l’idée d’amorcer non seulement une nouvelle saison, mais vraiment de vivre le renouveau complet des Leafs avec la nouvelle direction et surtout une nouvelle philosophie. L’atmosphère est plus propice au hockey cette année. Les gars sont enthousiastes. On veut tous faire oublier ce qu’on a vécu l’an dernier et collectivement nous sommes tous plus positifs. J’ai hâte de voir ce que ça donnera sur la patinoire », a conclu le gardien de 27 ans qui amorce la première saison d’un contrat de deux ans d’une valeur de 8,3 millions $.