L’an dernier, à la même date, peu d’experts auraient misé leur chèque de paye sur les Blues de St. Louis pour remporter la coupe Stanley. Après avoir gagné les deux premiers matchs à Winnipeg, ils venaient d’en perdre deux de suite devant leurs partisans. Le vent venait de tourner à la faveur des Jets.  

 

Mais on connaît tous la suite de l’histoire. L’équipe Cendrillon des séries 2019 a éliminé les Jets en six, et moins de deux mois plus tard, la coupe Stanley paradait pour la première fois dans les rues de St. Louis.

 

Cette année, plus personne ne considérait les Blues comme une équipe issue d’un conte de fées ou d’un scénario imaginé par Réjean Tremblay. S’il y avait encore des sceptiques au début de la saison, il n’y a en plus aujourd’hui. Quand la LNH est tombée en pause le 12 mars, les hommes de Craig Berube trônaient au premier rang de l’association de l’Ouest, prêts à défendre leur titre de champions. Et soulever la coupe deux années de suite, c’est un exploit plutôt rare. Depuis 25 ans, seules deux formations ont pu accomplir cet exploit : les Red Wings en 1997 et 1998 et les Penguins en 2016 et 2017.

 

À St. Louis, probablement plus que partout ailleurs, on souhaite donc désespérément que le hockey reprenne cet été afin que l’on puisse sacrer un champion. « L’arrêt a été très difficile à accepter, avoue l’attaquant québécois Samuel Blais. Nous sommes premiers dans l’Ouest et nous avons à peu près le même groupe de joueurs que l’an passé. Notre esprit d’équipe est vraiment incroyable. On pense qu’on est capables de le refaire et on est persuadés qu’on a tous les éléments pour gagner une deuxième coupe de suite. C’est dommage mais on n’a aucun contrôle sur la situation. »  

 

Aucune marge de manoeuvre

 

La pandémie de COVID-19 a paralysé la planète entière. Tout le monde est unanime, il n’y a qu’une seule priorité : il faut d’abord et avant tout sauver des vies. Mais économiquement, c’est un désastre. C’est vrai pour des grandes corporations comme pour des millions de simples travailleurs. La LNH n’y échappera pas. Peu importe que l’on recommence à jouer au hockey en juillet ou en novembre, il y aura des pertes très importantes. Comme le Dow Jones qui augmentait à un rythme régulier depuis une décennie, le plafond salarial connaissait une croissance constante, mais il risque descendre lui aussi et certains clubs vont se retrouver en difficulté.

C’est le cas des Blues. Le directeur général Doug Armstrong se retrouve aujourd’hui sans aucune marge de manœuvre avec une masse salariale de 83 millions de dollars. Et selon le site spécialisé Cap Friendly, ça ne tient même pas compte du salaire 7,5 millions de dollars de Vladimir Tarasenko qui était sur la liste des blessés au moment de l’arrêt. Au cours des dernières heures, Armstrong a choisi de s’assurer de garder deux joueurs pour un prix raisonnable. Il s’est entendu pour quatre ans avec le vétéran défenseur Marco Scandella qui empochera 3,7 millions par année et il a offert un nouveau contrat à Blais qui empochera trois millions au total pour les deux prochaines saisons.

 

« Je suis réellement content. Pour les deux prochaines années, je vais pouvoir me concentrer sur ma game sans trop stresser en pensant à mon contrat, ne cache pas le joueur originaire de Montmagny. Un contrat de deux ans, ça prouve que l’organisation croit en moi et de mon côté je veux leur démontrer qu’ils ont pris une bonne décision. »  

 

Il serait toutefois très étonnant qu’Armstrong soit capable de garder le défenseur Alex Pietrangelo à St. Louis. Le capitaine des champions de la coupe Stanley deviendra joueur autonome sans compensation et il sera le patineur le plus convoité à travers le circuit. On imagine que dans le vestiaire des Blues, c’est une motivation supplémentaire pour que l’on n’annule pas la saison et que l’on couronne un monarque cet été. « Il est notre capitaine et l’un de nos meilleurs joueurs. Je n’ai aucune idée de comment se passent les négociations mais j’aimerais vraiment ça qu’il reste avec nous. C’est notre leader, un élément important de notre club et tout le monde le respecte à travers la ligue. »

 

De retour au Québec demain
 

Quand la LNH a placé la saison sur pause, Samuel Blais a décidé de demeurer à St. Louis. Ce matin, il a toutefois sauté dans sa voiture pour aller rejoindre sa famille à Montmagny, près de Québec. En route, il va s’arrêter à Toronto pour déposer son coéquipier Vince Dunn chez lui. Puis dimanche matin, il reprendra le volant pour conclure un trajet qui lui aura pris une vingtaine d’heures au total. Les deux jeunes hockeyeurs de 23 ans partagent le même appartement pendant la saison de hockey et rien ne pressait d’aller vivre leur confinement avec papa et maman!

 

« On essayait de bien manger et de rester actifs. Il fait quand même assez beau à St. Louis alors on sortait à tous les jours pour faire du roller-blade ou jouer au soccer. On a fait beaucoup de cardio mais pour le reste c’était difficile car on ne peut pas aller dans un gym. En ce moment, mon plan c’est d’aller passer deux semaines chez mes parents et ensuite si tout va bien je pourrai aller à Montréal, où je m’entraîne habituellement pendant l’été.»

 

Pour ça que ça fonctionne, en théorie, il faudra que le gouvernement assouplisse les règles de confinement. C’est déjà commencé et toute la population souhaite que ça continue de s’améliorer. Mais pour ça, il faut continuer de travailler en équipe et suivre les consignes. Sur ce point, Blais risque d’être agréablement surpris par les Québécois.

 

« Disons qu’il y avait moins de monde dans les rues de St. Louis... mais les gens ne s’empêchent pas de tenir des rassemblements. Moi, je fais ma petite affaire. On respecte le confinement mais ce n’est vraiment pas tout le monde qui faisait ça avant que l’on parte. »