MONTRÉAL – « Chip, c’est le joueur d’utilité par excellence! Il a joué à l’aile gauche, à l’aile droite, au centre, dans le top-6, à l’extérieur du top-6 et il a même été rayé de la formation une fois. On lui trouve toujours une place au sein de notre équipe. »

Ces mots de la bouche de Dave Tippett, l’entraîneur des Coyotes de l’Arizona, concernent Kyle Chipchura, cet athlète qui semblait arrivé à la croisée des chemins quand le Canadien l’a échangé aux Ducks d’Anaheim en décembre 2009.

En tout et partout, le 18e choix du repêchage de 2004 se sera limité à un parcours de 68 matchs répartis sur trois saisons avec le Tricolore. Déplacé de sa position naturelle de centre et laissé de côté à quelques reprises, Chipchura ne laissait pas croire qu’il allait s’établir dans la LNH.

Pourtant, près de six ans plus tard, Chipchura roule encore sa bosse dans le circuit Bettman dans lequel il a été en mesure de faire sa niche. Si l'on faisait une comparaison avec le baseball, on pourrait l'associer aux bons joueurs d'utilité comme Ben Zobrist ou bien F.P. Santangelo pour retourner à l'époque des Expos. Bien sûr – et il est le premier à l’admettre – il ne se transformera jamais en joueur de premier plan, mais il a fini par se trouver un filon intéressant.

« Évidemment, je n’ai pas atteint le rôle qu’on avait projeté pour moi, mais je suis devenu un joueur qui comble des besoins de profondeur et qui peut remplir différents rôles. Je me promène au sein de la formation selon les blessures », a confié le patineur albertain.

Chipchura s’était bâti une réputation enviable durant son séjour dans le junior avec les Raiders de Prince Albert. À l’époque, ses qualités de meneur ne faisaient aucun doute et les dépisteurs croyaient qu’il serait en mesure de poursuivre dans ce sens au niveau supérieur.

Force est d’admettre que ces projections étaient trop ambitieuses, mais ça n’a pas empêché Chipchura de se forger un rôle apprécié et reconnu avec les Coyotes, équipe avec laquelle il évolue pour une cinquième saison.

« C’est un travailleur acharné avec une attitude irréprochable, un très bon joueur d’équipe qui se sacrifie pour ses coéquipiers. C’est une pièce importante du club même s’il n’est pas une vedette, il s’assure notamment que les autres soient confortables. Les joueurs comme lui sont importants dans une équipe », a cerné le Danois Mikkel Boedker qui se classe parmi les meilleurs pointeurs du club.

Kyle ChipchuraDoté tout comme lui d’une personnalité plus calme, Antoine Vermette a salué son apport.

« Il est très versatile. En plus, il est bien apprécié du groupe et je m’entends bien avec lui. Ce n’est pas lui qui va passer le plus de minutes sur la patinoire, mais il est conscient de son rôle. Chaque année, il se rend utile à l’équipe et on l’a vu une autre fois en remplaçant (Martin) Hanzal à l’entraînement », a fait remarquer Vermette.

Chipchura a eu besoin de temps pour se sentir véritablement à l’aise sur la patinoire. Il n’était pas parvenu à y arriver à Montréal sous les ordres de Guy Carbonneau et Jacques Martin et ni à Anaheim sous la férule de Randy Carlyle.

« Le point tournant est arrivé quand j’ai obtenu un nouveau départ avec les Coyotes, ce qui a donné une bouffée d’air frais à ma carrière. On a effectué un parcours intéressant en séries et ça s’est replacé à partir de ce moment », a relaté Chipchura en parlant de la poussée jusqu’en finale de l’Association ouest.

Chipchura a donc gagné en confiance auprès de Tippett même s’il n’a jamais approché le rendement dont il rêvait quand il était plus jeune. Grâce à la maturité, il a mieux navigué avec les épisodes les plus éprouvants, ce qui lui permet d’être heureux de sa feuille de route.

« Quand j’étais plus jeune, je m’en faisais beaucoup trop avec les choses que je ne pouvais pas contrôler. Par exemple, je me souciais trop de savoir si les dirigeants allaient me rétrograder ou me rappeler. Je ne me concentrais pas assez sur mon jeu, ce que je fais maintenant », a-t-il évoqué.

Chipchura peut encore plus facilement savourer son métier en voyant tout le talent qui s’est greffé à l’organisation des Coyotes en commençant par Max Domi et Anthony Duclair.

« Ils sont tellement talentueux et énergiques, on s’amuse beaucoup avec eux. C’est clair qu’ils poussent les vétérans du club et ça offre un avenir intéressant », a convenu le gaucher. Assistant à la scène, le géant John Scott aurait bien aimé que Chipchura l’ajoute à ce groupe de piliers offensifs, mais il ne lui a pas fait cette fleur.

En observant ces athlètes très prometteurs, Chipchura se sent inspiré à redoubler d’ardeur et il voudrait continuer à jouer pendant quelques saisons. Ceci dit, ça ne l’empêche pas d’avoir commencé à réfléchir à sa deuxième carrière.

« Étant donné que je vais bientôt avoir 30 ans (en février), ça te trotte plus dans la tête et je me retrouve souvent à y penser durant l’été », a admis celui qui n'hésite pas à jeter les gants quelques fois par saison. 

Vermette de retour avec grand plaisir

Les personnes qui auraient abandonné l’actualité du hockey de la fin février au début juillet pourraient penser qu’Antoine Vermette n’a jamais quitté les Coyotes.

En fait, Vermette a profité de cette période pour aller remporter la coupe Stanley avec les Blackhawks de Chicago avant de se dire que la meilleure option pour lui, et sa famille, était de retourner dans le giron des Coyotes.

Le Québécois de 33 ans ne s’en cache pas, il a vécu toute une aventure avec les Hawks incluant des différends avec l’entraîneur Joel Quenneville. Il est tout autant comblé du résultat à Chicago que de son retour en Arizona.

« On regardait les possibilités et l’opportunité était intéressante avec les Coyotes et les jeunes qui s’épanouissent. Pour moi, un vétéran, c’était plaisant d’évoluer dans un contexte que je connais et de venir mettre l’épaule à la roue », a exposé celui qui a accepté une entente de deux saisons pour une somme de 7,5 millions.

Vermette a donc renoué avec plaisir avec Tippett et les nombreux jeunes qui poursuivent leur éclosion. Il a pris le temps d’ajouter notamment Tobias Rieder, Connor Murphy et Klas Dahlbeck à l’électrisant duo de Domi et Duclair.

En tant que vétéran très respecté dans le vestiaire et probablement un peu plus depuis qu’il a goûté au championnat de la LNH, Vermette aide à cimenter le groupe et il se fait un plaisir de répondre aux questions de ces jeunes sur son expérience vers la conquête de la coupe Stanley.