NASHVILLE - Contrairement à bien du monde, je ne suis pas prêt à lancer la pierre à P.K. Subban qui a promis une victoire lors du match numéro trois qui opposera ses Predators aux Penguins vendredi.

Parce que P.K. est P.K., il ne s’est pas contenté de garantir la victoire en guise de commentaire d’après-match, mercredi, à Pittsburgh. Il a appuyé cette promesse encore jeudi. Eh oui! Il en a rajouté après l’entraînement de vendredi.

« Je dis ce que je dis parce que je le crois. Je n’ai pas une tribune quotidienne comme tous les commentateurs et je sais que certains contestent ce que j’ai dit. C’est leur droit. On a tous droit à son opinion. Mais nous sommes en finale de la coupe Stanley et je ne vais certainement pas m’empêcher d’en profiter », a lancé Subban devant son casier dans le petit vestiaire des Predators.

Ses détracteurs ne manqueront pas de souligner ce nouveau cas d’effervescence de P.K. devant les caméras qui l’ont tenu en joue pendant près de 15 minutes vendredi midi. Une éternité dans le contexte des points de presse quotidiens. Même en finale de la coupe Stanley.

Mais quand on y pense, avait-il le choix?

Du moment qu’il a lancé sa première promesse, P.K. ne pouvait plus vraiment reculer. S’il avait tenté de nuancer ses propos, il aurait été facile de souligner que ce repli, loin d’être stratégique, dénotait un sérieux manque de confiance à l’endroit de son équipe. Pis encore, un tel repli aurait aussi soulevé la possibilité que P.K. ait été forcé de se rétracter par des coéquipiers un brin outrés ou par un état-major deux brins en colère parce qu’une telle promesse offre des munitions supplémentaires à des Penguins qui n’en ont pas vraiment besoin.

Surtout que Subban s’est bien gardé d’afficher de la prétention, voire du mépris à l’endroit des Penguins dans le cadre de cette promesse.

La seule chose que P.K. Subban ne pouvait absolument pas faire était de tourner le dos aux chances de son équipe de revenir de l’arrière et de soulever la coupe. S’il avait dit : les Penguins sont trop forts; notre gardien a été trop généreux; nos chances de revenir de l’arrière sont nulles et les Penguins ont de bonnes chances de nous balayer, là on pourrait vraiment en vouloir à Subban.

Mais dans le contexte actuel, on peut lever les yeux au ciel en soupirant : « Qu’est-ce que P.K. vient de dire encore...? » Mais on peut difficilement le blâmer.

Surtout qu’en faisant la promesse qu’il a faite et qu’il a répétée, Subban se met beaucoup de pression sur les épaules.

Demain soir contre les Penguins, il devra offrir une performance à la hauteur de la promesse de victoire qu’il a lancée. Il ne peut se permettre d’associer sa promesse à de banales paroles en l’air. Il doit pouvoir scander après la rencontre : chose promise, chose due!

Et vous savez quoi? Ceux qui aiment P.K. au point de l’adorer au même titre que ceux qui le contestent au point de le détester seront d’accord au moins sur une chose : si un joueur des Predators est capable de disputer un grand match afin de mousser ses chances de tenir promesse, c’est bien P.K. Subban.

Confiance vs excès de confiance

Comme ils le font à la fin de chacun de leurs entraînements, les Predators se sont regroupés au centre du Bridgestone Arena au terme de la séance soutenue qu’ils ont tenue vendredi midi.

Une fois au vestiaire, ils étaient loin d’être abattus malgré le déficit de 0-2 qu’ils doivent combler pour revenir dans la série finale. Une série finale qui pourrait être très expéditive si les Penguins devaient signer un troisième gain de suite.

Devant les journalistes, l’entraîneur-chef Peter Laviolette tout comme les coéquipiers de P.K. Subban ne semblaient d’ailleurs pas déstabilisés par sa promesse faite et répétée.

« Demain, c'est l'équipe qui compte, pas mes propos »

« Je ne crois pas que P.K. ait promis quoi que ce soit. Je n’ai pas entendu les mots exacts qu’il a utilisés et je ne voudrais pas entrer dans un débat de citations ici », a d’abord lancé l’entraîneur-chef des Predators.

Une fois informé des mots exacts prononcés et répétés par Subban, Laviolette, avec expérience, s’est assuré de trouver un volet positif à cette situation. «Tout ce que je peux dire, c’est que je n’ai aucun problème avec le fait qu’un joueur affiche de la confiance à l’endroit de notre équipe. J’ai moi-même confiance en notre groupe et en nos chances de succès. Et je sens cette confiance au sein de notre équipe», a-t-il insisté en guise de conclusion.

La plus belle réaction remarquée dans le vestiaire des Predators vendredi est venue de Roman Josi. Grand leader de la défensive des Preds, Josi a esquissé un petit sourire alors qu’il entendait défiler la question associée à la promesse de son coéquipier. Avant de répondre, Josi s’est mordillé les lèvres une fois, deux fois, trois fois; comme s’il cherchait les mots ou, plus encore, le ton juste pour répondre.

« P.K. est un joueur important au sein de notre équipe et c’est rassurant de voir qu’un tel joueur affiche autant de confiance », a finalement répondu Josi.

Dans le camp des Penguins, le collègue Luc Gélinas a demandé au gardien Marc-André Fleury et au capitaine Sidney Crosby ce qu’ils pensaient de la promesse de leur flamboyant adversaire.

Comme on le voit dans le reportage de Luc, Fleury a accueilli cette promesse avec beaucoup d’humour alors que Crosby, toujours aussi sérieux, n’a pas semblé le moindrement déstabilisé insistant sur le fait que lui et ses coéquipiers n’avaient que le match de samedi et surtout son résultat en tête.

Tout dépendra de Rinne

Malgré la promesse de P.K. Subban, la pression qui l’accompagne et l’obligation qu’il aura de performer à la hauteur de ses paroles, c’est sur les jambières du gardien Pekka Rinne que reposera toute la pression samedi soir.

Dans une ville qui vibre au rythme de son équipe de hockey – la mairesse Megan Barry a proclamé la journée du lundi 5 juin comme journée de la fierté des Preds – une ville qui sera paralysée samedi par le premier match local en finale de la coupe Stanley et par un concert en plein air offert gratuitement par la grande vedette locale et plus grande vedette encore sur la scène country Alan Jackson, les Predators doivent gagner.

Et pour y arriver, Rinne devra faire oublier les deux mauvais matchs qu’il a disputés à Pittsburgh. Victime de quatre buts sur 11 tirs lors du premier match, Rinne a été chassé après avoir accordé trois buts sur six tirs au cours d’une courte séquence de 3 mins 28 s en début de troisième période.

Victime de huit buts sur les 36 tirs qu’il a affrontés, Rinne affiche une moyenne d’efficacité de 77 % seulement. Pis encore, il n’a encore jamais battu les Penguins à titre de gardien partant contre Pittsburgh affichant un dossier de six revers en temps réglementaire et deux autres en prolongation ou tirs de barrage. Le seul gain de Rinne aux dépens des Penguins est survenu en janvier 2009 dans le cadre d’un match au cours duquel il était venu en relève.

Rinne a répondu à toutes les questions qui lui ont été posées vendredi. Comme j’étais dans le groupe de journalistes qui échangeaient avec P.K. Subban, je n’ai pas entendu les réponses du gardien des Preds.

Mais que ce soit par le biais de P.K. Subban ou de son entraîneur-chef Peter Laviolette, le gardien finlandais a obtenu des appuis de taille.

« Les statistiques sont trompeuses. Sur les 120 minutes disputées en finale, nous avons joué 110 minutes de très gros hockey. L’ennui, c’est que même si nous avons limité au minimum notre nombre d’erreurs, celles que nous avons commises ont donné des occasions de premier plan aux Penguins qui ont su en profiter. Nous devrons trouver une façon de générer plus d’attaque lors des prochains matchs, mais aussi d’être plus solide encore en défensive», a lancé Peter Laviolette qui n’a jamais laissé entrevoir la possibilité d’y aller avec son gardien numéro 2 Juuse Saros samedi.

« Ce qui est arrivé lors des deux premiers matchs ne compte plus du tout. Les Penguins ont été chanceux à quelques occasions. C’est vrai. Mais je leur donne le crédit sur ces jeux, car ils ont su mousser leur chance. Pour gagner demain, il faudra que nous soyons tous meilleurs que nous l’avons été. Moi le premier. Il faudra que nous soyons bien meilleurs devant Pekka afin de diminuer le nombre d’occasions en or que nous avons offertes lors des deux premiers matchs. Si tu ne donnes pas beaucoup d’occasions à tes adversaires, mais qu’elles sont toutes de catégorie A-1, tu n’aides pas la cause de ton gardien. On sait ce qu’on doit faire pour gagner et on le fera samedi. Et si on le fait, on gagnera », a conclu Subban.