MONTRÉAL – En raison des modestes célébrations tenues à Montréal, le centenaire de la Ligue nationale de hockey n’a pas affiché l’éclat qu’on aurait pu prévoir. Pourtant, il ne suffit que de plonger dans l’histoire de ceux qui ont façonné cette organisation pour apprécier le chemin qui a été parcouru.

 

Durant la saison 1963-1964, Yvan Cournoyer a effectué ses premiers coups de patin avec le Canadien de Montréal alors que la LNH ne comptait encore que six équipes. Plus de 50 ans plus tard, celui qui a été l’un des plus habiles patineurs de son époque savoure chaque instant de cet anniversaire.

 

« Je trouve ça vraiment merveilleux d’avoir pu être là pour le 100e du Canadien et de la LNH maintenant. Je suis très honoré de pouvoir y participer », a confié l’ancien numéro 12, qui affiche encore une belle santé à 73 ans.

 

Cournoyer a fait partie des ambassadeurs de ces célébrations avec Dave Keon, Frank Mahovlich, Rod Gilbert, Raymond Bourque et Denis Savard. Chacun à leur façon, ils ont fasciné les amateurs et les plus jeunes auraient mérité qu’on leur en apprenne davantage sur l’héritage qu’ils ont laissé.

 

La LNH a tellement changé depuis sa fondation en 1917 entre les murs de l’Hôtel Windsor de Montréal que ces grands noms du hockey auraient pu rêver de jouer à une autre époque. Mais Cournoyer n’est nullement nostalgique à cet égard.

 

« Non, parce que la LNH était encore formée de six équipes quand je suis arrivé donc ça n’avait pas tant changé. J’ai connu l’époque de voyager en train avec seulement six clubs. On jouait 14 fois contre chaque adversaire. Ensuite, j’ai assisté à l’expansion et les choses ont bien évolué avec le voyagement ou les affrontements contre l’URSS », a-t-il exprimé.

 

Cournoyer demeure persuadé que les meilleurs joueurs de son ère auraient eu les capacités pour tenir leur bout dans le hockey d’aujourd’hui s’ils avaient bénéficié des mêmes évolutions du sport.

 

Né en 1943, l’ancien numéro 12 du Tricolore n’a pas grandi en imitant des idoles comme les générations suivantes ont pu le faire. C’est fascinant de l’entendre parler de son enfance quand, aujourd’hui, il ne suffit que de jeter un coup d’œil sur son cellulaire pour admirer le dernier but de Connor McDavid ou Auston Matthews.

  

« Je vivais à Drummondville et le hockey a commencé très tard à la télévision. On passait beaucoup de temps à jouer à l’extérieur, je jouais dans une petite ligue. Bref, j’étais tout le temps sur la patinoire et je n’essayais pas d’imiter un joueur en particulier.

 

« Mais quand je suis arrivé avec le Canadien junior, je regardais souvent les entraînements du Canadien et j’aimais observer Gilles Tremblay pour sa manière de patiner. Encore de nos jours, c’est toujours ce que je regarde en premier chez un joueur », a raconté le sympathique auteur de 863 points en 968 parties régulières.

 

La décision ne lui appartient pas sauf que Cournoyer espère toujours que la LNH procède à un ajustement, un seul.

 

« J’aurais voulu qu’on ajoute 10 pieds de largeur aux patinoires, ce n’est même pas nécessaire de se rendre jusqu’aux dimensions des surfaces olympiques. Avec toutes les améliorations qui sont survenues au fil du temps, la patinoire est devenue trop petite. On voit beaucoup plus de créativité quand le jeu tombe à quatre contre quatre. Je ne dis pas qu’on doit enlever un joueur de chaque côté parce que ce serait dénaturer le hockey, mais on peut leur donner plus d’espace avec une glace plus grande », a déclaré Cournoyer qui pourrait ainsi encore plus s’émerveiller avec la vitesse de certains patineurs.

 

Bourque, modeste jusqu’au bout de sa palette
 

La carrière de Cournoyer s’est achevée tôt lors de la saison 1978-1979 qui s’est conclue par une quatrième conquête consécutive de la coupe Stanley par le Canadien. La remontée dans le septième match de la demi-finale contre les Bruins de Boston de Don Cherry demeure le fait saillant de ce championnat.

 

Ce soir-là, en mai 1979, le jeune Raymond Bourque n’avait que 18 ans.

 

« Je jouais pour les Éperviers de Verdun dans la LHJMQ et des matchs de la coupe Memorial étaient présentés à l’Auditorium de Verdun. Je prenais l’autobus pour me rendre à la maison et je suis arrêté en avant du Forum pour célébrer. Je me disais qu’on venait encore de les battre. Quelques semaines après, je m’en allais avec les Bruins. Je n’étais plus un fan du Canadien et, en arrivant à Boston, j’ai constaté à quel point cette rivalité était spéciale ! », a confié Bourque qui avait été repêché au huitième rang par les Bruins.

 

Même s’il fait partie des grands noms des événements entourant le 100e de la LNH, Bourque se sent plus comme un partisan qui rend hommage aux grands joueurs qui l’ont précédé.

  

« On était gâtés à mon époque, on pouvait regarder le Canadien gagner une coupe après l’autre. J’aimais vraiment le Big Three, je les regardais sans arrêt. J’étais vraiment un mordu du Canadien. C’est pour ça que j’ai remercié le Canadien d’avoir fait rêver un jeune pendant mon discours d’intronisation au Temple de la renommée », s’est souvenu Bourque avec le sourire.

 

« C’est toute une histoire, celle de la LNH. Je trouve ça plaisant de repenser aux joueurs qui sont passés dans la LNH avant nous », a-t-il ajouté.

 

Son humilité est tout à son honneur puisque l’ancien numéro 77 s’est hissé parmi les meilleurs défenseurs de l’histoire de la LNH. Devenu une véritable inspiration pour les partisans et plusieurs de ses coéquipiers, il a amassé 1579 points en 1612 matchs réguliers.

 

Il aurait bien pu s’imaginer à une autre époque, mais il se considère avant tout privilégié de son parcours.

 

« Je préfère me dire à quel point j’ai été chanceux. J’ai vécu un rêve en partant du petit jeune qui regardait le Canadien et qui a pu se rendre dans la LNH. J’ai fini par jouer pendant 22 ans, je n’aurais jamais pensé ça à mes débuts. Je n’aurais pas plus rêvé d’accomplir ce que j’ai pu faire dans ma carrière », a évoqué celui que les Bruins ont laissé quitter Boston comme marque d’appréciation pour son dévouement de deux décennies.

 

Bourque a pu conclure sa carrière par l’une des plus belles scènes de ce centenaire, soulever la coupe Stanley après 22 saisons, un accomplissement que même ses adversaires souhaitaient qu’il puisse réaliser.