Avec l'acquisition d’Eric Staal, Marc Bergevin a décidé de frapper avant la date limite des transactions. Bien qu’il peut très bien nous surprendre, comme il l’a fait en échangeant pour Staal une journée seulement après avoir affirmé que Montréal serait tranquille sur le marché des échanges, il semble que le CH ait déjà fait le gros de son magasinage.

Au cours des dernières années, les Canadiens nous ont habitués à regarder les clubs derrière eux au classement, pour savoir avec qui une place en série sera disputée. Cette année, c'est un peu différent. Avec 6 points d’avance et 4 matchs en main sur les Canucks au 5e rang, le CH est en excellente position pour s’emparer d’une des quatre premières places dans la division Nord. Cette saison, je me sens un peu plus optimiste qu’à l’habitude et préfère regarder vers les trois clubs qui devancent le CH : les Oilers, les Jets et les Maple Leafs. Trois clubs qui sont menés par certains des meilleurs joueurs de la Ligue nationale de hockey, mais qui ont également des faiblesses qu’ils devraient chercher à colmater d’ici au 12 avril. Que peut-on s’attendre des rivaux du Tricolore d’ici la date limite des transactions?

Edmonton : un ou des marqueurs autres que McDavid et Draisaitl

À Edmonton, ce n’est pas un secret : le succès des Oilers dépend entièrement de Connor McDavid et Leon Draisaitl. Oui, c’est le meilleur duo offensif de la LNH au cours des deux dernières saisons, et de loin. Par contre, la profondeur offensive derrière eux est pratiquement inexistante. Leurs 3e et 5e meilleurs pointeurs sont des défenseurs en Tyson Barrie (32 points) et Darnell Nurse (27). Chez les attaquants, Ryan Nugent-Hopkins a 28 points, mais il est le seul autre attaquant des Oilers à avoir franchi le plateau des 10 buts et 20 points.

Dave Tippett a cruellement besoin d’ajouter de la profondeur offensive à son club. Nugent-Hopkins connaît une saison plutôt difficile niveau production, mais il obtient ses chances en jouant avec McDavid, se classant au 5e rang de la LNH en chances de marquer. McDavid et Draisaitl sont 1er et 3e en passes complétées dans l’enclave cette saison. Évoluer à l’aile de l'un ou de l’autre est une situation rêvée pour un franc-tireur intelligent, qui n’aurait qu’à se frayer un chemin vers l’enclave, créer un peu d’espace et l’une des deux supervedettes trouvera une façon de lui refiler le disque.

Edmonton pourrait se tourner vers le Sud-Ouest américain pour se procurer des renforts sous la forme de Rickard Rakell des Ducks d’Anaheim. Rakell est présentement blessé, mais devrait revenir cette saison. De plus, il aurait du temps pour se remettre pendant la quarantaine de 7 jours. L’ailier de 27 ans a deux saisons d’au moins 30 buts à sa fiche et continue de créer des occasions de marquer pour Anaheim, se classant dans le top-40 de la ligue à ce chapitre. Rakell est également sous un contrat assez raisonnable d’environ 3,8 millions $ US qui est également valide pour la saison prochaine. Il ne serait pas seulement une location pour les Oilers et pourrait les aider à bon prix l'an prochain.

Kyle Palmieri serait un autre bon candidat. Il est un peu plus âgé à 30 ans et son contrat de 4,65 M$ se termine à la fin de cette saison, mais il est un marqueur prouvé dans la LNH. Palmieri a marqué entre 24 et 30 buts lors de chacune des cinq dernières saisons. Il n'a que 8 buts pour les Devils cette année, mais comme Rakell, il se classe dans le top-40 en chances de marquer cette saison. Il serait un très bon complément aux talents de passeur des deux joueurs étoiles des Oilers.

Quel que soit le joueur ciblé, Ken Holland doit absolument trouver des renforts offensifs pour aider McDavid et Draisaitl, car si un club trouve comment les ralentir lors d’une série de 7 matchs, l’attaque des Oilers n’a pas de plan B.

Winnipeg : un défenseur. Ou deux. Ou trois.

Les Jets sont l’opposé des Oilers offensivement. Leur groupe d’attaquant déborde de talent. Six joueurs ont au moins 10 buts pour le club et Mason Appleton n'est qu’à un but de se joindre à ce groupe. Et c’est sans compter Pierre-Luc Dubois, qui est extrêmement talentueux, mais s'adapte encore à son nouvel environnement. Le problème des Jets se trouve plutôt à la ligne bleue, un thème commun depuis deux ans après avoir perdu Jacob Trouba, Dustin Byfuglien, Tyler Myers, et Ben Chiarot avant la saison 2019-2020. La défense se classait au 10e rang en buts accordés l'an dernier, mais c’est plutôt dû aux miracles de Connor Hellebuyck, qui a remporté le trophée Vézina pour ses efforts. En termes de tirs de qualité accordés, ils étaient parmi les pires de la LNH et la tendance se maintient cette saison.

Neal Pionk a prouvé qu’il mérite sa place dans le top-4, mais le reste du groupe à la ligne bleue laisse à désirer. Josh Morrissey a régressé au cours des deux dernières saisons du côté défensif même s'il reste productif offensivement. Le reste de la brigade défensive est remplie de joueurs qui sont solides, mais pas au niveau d’occuper le top-4 pour un club. Derek Forbort, Tucker Poolman, Nathan Beaulieu, et Dylan DeMelo sont présentement les défenseurs les plus occupés derrière Pionk et Morrissey. Pas tout à fait une unité qui inspire beaucoup de confiance.

La cible numéro un pour Winnipeg devrait être David Savard. Savard est capable de manger de grosses minutes, jouant en moyenne 21:07 par match depuis 2014-2015. Il excelle dans son propre territoire, se classant 4e en tirs bloqués avec 83 et parmi le top-30 en passes bloquées en zone défensive. Il est également droitier, le côté le plus faible chez les Jets. Le natif de Saint-Hyacinthe n’apporte pas grand-chose du côté offensif, mais les Jets ne sont pas en manque de force de frappe. Mattias Ekholm est une autre bonne option, mais avec les Predators qui se sont hissés dans la course aux séries à nouveau, il est possible qu’ils préfèrent garder ses services maintenant.

Savard sera un joueur convoité d’ici à la date limite et ne sera pas donné. Si l’enchère pour ses services devient trop riche à leur goût, la priorité restera d’ajouter de la profondeur à une ligne bleue qui en a grandement besoin. Hellebuyck est excellent, mais même le meilleur gardien au monde ne peut tout faire par lui-même, ce que les partisans du CH peuvent confirmer avec certitude.

Toronto : un attaquant polyvalent

Les Leafs ont leur club le plus complet des dernières années cette saison. Les vedettes produisent offensivement et ils ont fait du bon travail pour apporter des joueurs de soutien comme Joe Thornton et Wayne Simmonds. La défensive protège bien l’enclave (9e en tirs accordés de la zone payante) et se classe dans le top-10 en buts alloués. Il y a des questions autour de Frederik Andersen, qui est présentement blessé, mais il serait surprenant de voir les Leafs faire une transaction majeure devant le filet, surtout avec Jack Campbell qui performe bien en relève.

Malgré tout, ajouter un autre marqueur secondaire pourrait faire la différence dans la formation des Leafs. Un joueur comme Mikael Granlund, qui a deux saisons de 60 points à sa fiche et 5 d’au moins 40 points, ajouterait une arme polyvalente à l’arsenal de Sheldon Keefe. Granlund serait le meilleur 3e centre des Leafs depuis que Nazem Kadri a été échangé. Il pourrait également évoluer à l’aile avec John Tavares et William Nylander au besoin, ce qui serait définitivement une option plus dangereuse que les Ilya Mikheyev, Alex Galchenyuk, Alexander Kerfoot et autres qui ont été déployés sur ce trio jusqu’à présent.

Parlant de Kerfoot, il pourrait faire partie du retour demandé par les Predators en raison de son salaire similaire à Granlund (3,5 M$ pour Kerfoot, 3,75 M$ pour Granlund), puisque les Leafs, comme toujours, sont très près du plafond salarial. Comme mentionné dans la section sur les Jets, Nashville est de retour dans la course aux séries, mais même s’ils se qualifient, ils sont loin d’être des favoris. Échanger Granlund pour Kerfoot et un choix au repêchage ou un espoir pourrait être bénéfique pour les deux clubs. Kerfoot est trois ans plus jeune que Granlund et son contrat se termine après la saison 2022-2023, alors que Granlund est joueur autonome cet été. De plus, le joueur des Leafs avait marqué au moins 40 points lors de chacune de ses deux années avec l’Avalanche avant d’être échangé à Toronto, où sa production a chuté.

Nashville pourrait obtenir un joueur plus jeune, sous contrat à moyen terme, qui a encore du potentiel offensif et peut contribuer dans l’immédiat en plus d’une pièce pour le futur, que ce soit un choix ou un espoir. Toronto, quant à eux, obtiendrait un joueur qui solidifierait le club dans l’immédiat sans sacrifier la profondeur. Évidemment, ce ne sont que des spéculations de ma part au niveau de la composition de la transaction, mais plusieurs rumeurs ont lié Granlund et les Leafs récemment. Kyle Dubas semble sérieux à propos des chances des Leafs cette saison et il serait surprenant qu’il reste silencieux d’ici au 12 avril.