Démystifier les statistiques avancées
LNH mardi, 6 mars 2018. 12:18 jeudi, 12 déc. 2024. 03:50De plus en plus d’équipes de la LNH ont aujourd’hui recours aux statistiques avancées. Celles-ci ont pourtant été popularisées par le baseball, un sport beaucoup plus lent où chaque action peut être décortiquée individuellement. Au hockey, le jeu est beaucoup plus rapide et c’est plutôt un collectif de joueurs qui dictent l’action. Malgré tout, les statistiques avancées parviennent à faire leur place au hockey et sont désormais un outil indispensable pour la majorité des clubs.
Ces dernières années, le principal apport des statistiques avancées dans le monde du hockey a été de révéler à quel point la qualité des tirs importe davantage que le volume de lancers. Cela a une influence directe sur la façon dont les équipes jouent aujourd’hui, celles-ci tentant beaucoup plus régulièrement de cadrer leurs tirs depuis l’enclave.
Les statistiques avancées les plus raffinées ont véritablement fait apparition au hockey lors de la saison 2015-2016. À ce moment, la médiane de la LNH pour la proportion de tirs provenant de l’enclave était de 30,2 %. Cette année, cette même médiane est de 35,5 %. Il s’agit d’une hausse fulgurante de 17,6 % en à peine 2 saisons. Il ne fait aucun doute que les statistiques avancées dictent maintenant le spectacle que vous offrent les joueurs.
Comment expliquer ce phénomène?
Au moment d’écrire ces lignes, les sept équipes inscrivant le plus de buts par partie cette saison sont Tampa Bay, Vegas, Winnipeg, Boston, Pittsburgh, Nashville et Toronto. Or, six de ces mêmes sept formations se classent parmi les huit clubs cadrant le plus de tirs depuis l’enclave à chaque partie. Ceci n’est pas dû au hasard.
Le gardien de but moyen de la LNH stoppe plus de 96,0 % des tirs provenant de la périphérie. Lorsque le lancer est décoché du haut de l’enclave, ce pourcentage d’arrêts chute drastiquement à 88,7 %. Même que face aux tirs provenant du bas de l’enclave, ce ne sont que 78,5 % des lancers qui sont interceptés par les cerbères.
En d’autres termes, un tir provenant du bas de l’enclave a cinq fois plus de chances de faire vibrer les cordages qu’un lancer décoché depuis la périphérie.
La recette est simple. Pour marquer dans la LNH, il faut cadrer ses tirs depuis la zone payante : l’enclave. Les gardiens professionnels sont tellement bons techniquement que seule la dualité d’un angle de tir optimal et d’un temps de réaction minimal permet aux hockeyeurs de les battre avec régularité.
Certes, il était instinctivement possible d’arriver à la conclusion qu’un tir décoché depuis l’enclave a plus de chances d’être converti en but. Sauf que les statistiques avancées ont quantifié cet impact, ce qui a changé la façon de faire dans la LNH.
À présent que la clé pour marquer des buts est devenue un secret de polichinelle, le réel défi s’avère d’exploiter l’enclave avec efficacité.
Le premier de classe du circuit Bettman à cet égard est sans surprise le Lightning de Tampa Bay. La troupe de Jon Cooper est l’équipe cadrant le plus de tirs par partie depuis l’enclave. Elle est aussi la formation complétant le plus de passe en zone offensive. C’est son mode opératoire.
L’habileté de Tampa à faire circuler le disque en territoire adverse bousille complètement la couverture défensive. Il en résulte que les adversaires du Lightning gaspillent leur énergie à pourchasser ces nombreuses passes. Essoufflés, les joueurs en défensive finissent inévitablement par commettre une erreur, ce qui libère l’enclave. C’est à ce moment que Tampa frappe, s’avérant également l’équipe de la LNH complétant le plus grand nombre de passes dans l’enclave par rencontre.
En somme, le Lightning de Tampa Bay est l’équipe marquant le plus de buts par partie. Ce n’est pas surprenant considérant qu’elle tire régulièrement depuis la zone payante, après avoir épuisé la défensive adverse via ses nombreuses passes en zone offensive.
Toutes les équipes y vont de tactiques différentes, dépendamment de leur banque de talent et du style de jeu préconisé par leur entraîneur-chef, pour cadrer le plus grand nombre possible de tirs depuis l’enclave. Certaines méthodes rapportent plus de dividendes que les autres.
La constante demeure que le rendement offensif est directement lié à la présence dans l’enclave, ce qui est le nerf de la guerre au hockey. Les équipes de la LNH tentent plus souvent que jamais auparavant de tirer depuis cet emplacement, ce qui n’est pas étranger à ce que les statistiques avancées nous ont révélé depuis quelques années.
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