En s’associant à RDS pour les 12 prochaines années, les Sénateurs d’Ottawa réussiront enfin à tisser des liens plus étroits avec leur public francophone. Ils pourront même étendre une popularité qui a stagné au fil des dernières années.

Ne pouvant compter sur la complicité d’un diffuseur régulier d’envergure, les Sénateurs ont été incapables de conquérir la rive québécoise de la rivière des Outaouais depuis leur renaissance dans la capitale fédérale en 1992. Ils ont obtenu moins de succès encore dans le reste de la Belle Province.

Il faut dire que la direction de l’équipe est loin d’avoir aidé sa cause sur le plan de la mise en marché. En minimisant la présence de joueurs francophones au sein de son organisation et en refusant de multiplier les efforts de marketing pour tenter de secouer, au moins un peu, la domination du Canadien en Outaouais québécois et aussi dans l’Est de l’Ontario, les Sénateurs ont longtemps donné l’impression de refuser de s’attaquer à un géant contre qui il ne pouvait gagner.

Les Sens montent en grade 

Associés au Canadien par l’histoire, la langue et aussi - surtout - par la SRC, TQS et RDS depuis que le Réseau des Sports a obtenu l’exclusivité de la diffusion des matchs du Tricolore, les amateurs de hockey de l’Outaouais ont donc toujours regardé les Sénateurs comme des voisins sympathiques. Mais un voisin qu’on ne s’empressait pas de visiter. Qu’on s’empressait moins encore d’adopter.

Lorsque Daniel Alfredsson a fait des Sénateurs une équipe bien supérieure au Tricolore qui en arrachait au tournant des années 2000, les voisins d’Ottawa sont devenus plus attrayants. Quelques amateurs ont même décidé de changer de camp.

Mais le Canadien n’a jamais été loin derrière. En fait non. Le Canadien a toujours été un brin ou deux devant dans le cœur et la tête des amateurs de hockey de l’ouest du Québec.

Cette réalité pourra changer dès l’an prochain alors que les Sénateurs auront un accès direct et régulier aux salons des abonnés de RDS qui diffusera un minimum de 40 matchs de saison régulière des Sens. Un accès semblable à celui du Canadien qui se retrouvera jusqu’à 60 fois par saison régulière à RDS.

« L’objectif est de présenter 52, voire 55 matchs des Sénateurs à compter de l’an prochain », m’a indiqué le président de RDS Gerry Frappier lors de l’annonce de cette association des Sénateurs avec Bell Média, mercredi midi, au Centre Canadian Tire.

En plus de monter en grade l’an prochain en s’associant à RDS après avoir passé les dernières années dans l’ombre du Canadien dans le marché francophone, les Sénateurs font également une entrée remarquée dans le marché anglophone alors que nos cousins de TSN présenteront un minimum de 52 matchs de saison régulière par année à compter de la saison prochaine. Deux percées médiatiques qui assurent l’équipe d’une plus grande visibilité, d’une plus grande popularité.

Il ne restera aux Sénateurs qu’à faire leur part sur la patinoire.

RDS veut rallier d'autres partisans

Rivalité à mousser

Malgré une proximité géographique presque incestueuse, la rivalité attendue, voire espérée, qui devait prendre la relève – sans les débordements bien sûr – de la guerre Canadien-Nordiques ne s’est jamais développée.

Bon! Le premier duel en séries le printemps dernier, duel qui a permis aux Sénateurs de faire subir au Canadien et ses partisans l’affront d’une élimination hâtive dès la première ronde, a attisé cette rivalité qu’on en finissait plus d’attendre.

Le but controversé de Mika Zibanejad, la mise en échec d’Eric Gryba qui a passé le K.-O. à Lars Eller, le temps d’arrêt réclamé par Paul MacLean avec quelques secondes à faire alors que la victoire était acquise depuis un bon moment ont certainement attisé la rivalité naissante, mais l’absence de braise a fait qu’elle s’est vite éteinte.

Maintenant qu’ils partageront le temps d’antenne à RDS avec le Canadien, les Sénateurs pourront se faire connaître davantage. Cette présence accrue leur permettra de se faire de nouveaux amis. Elle leur permettra aussi de se faire de nouveaux ennemis.

Un heureux mélange nécessaire pour qu’une saine rivalité s’installe et s’intensifie juste assez pour animer les duels entre les deux équipes, pour rendre plus intéressante encore la course aux séries.

Avec la diffusion des matchs régionaux du Canadien et des Sénateurs, RDS présentera donc autour de 110, voire 115 peut-être même 120 matchs de hockey l’an prochain.

En plus des matchs, combats, duels, parties, affrontements, bottés, lancés, courses sur lesquels le Réseau des Sports a toujours la main mise à titre de diffuseur.

Pas mal pour un réseau que quelques personnes mal intentionnées ou enivrées par une victoire inattendue à la loterie donnaient pour mort il y a deux mois à peine…

Que se passera-t-il les soirs où le Canadien et les Sénateurs seront actifs chacun de leur côté?

Les amateurs auront le choix : ils pourront suivre le Canadien à RDS et les Sens à RDS2. Les fans déçus des deux équipes pourront donc changer de chaîne si leurs favoris en ont une mauvaise dans le système ou qu’ils encaissent une autre dégelée. C’est lors de ces soirées de grand marasme sur la patinoire que le Canadien et les Sénateurs pourraient voir des partisans les abandonner au profit de leur plus proche rival géographique.

National vs régional 

Petite précision en terminant : les notions de matchs nationaux et régionaux tel qu’on le fait dans le monde de la LNH portent à beaucoup de confusion. Elles n’ont rien à voir avec des considérations géographiques.

Les matchs nationaux sont disponibles les mercredis, samedis et dimanches en saison régulière. Ils regroupent aussi toutes les rencontres de séries éliminatoires, les matchs des étoiles et/ou classiques hivernales, héritage et autres matchs en plein air tels que les rencontres de la Série des stades qui bat son plein cet hiver.

Un diffuseur détenant les droits nationaux a donc le loisir de sélectionner 22 parties de saison régulière les mercredis, samedis ou dimanche.

Si un diffuseur décide de présenter les 16, 17, 18, 19, ou 20 matchs présentés les samedis en saison régulière selon les fluctuations annuelles du calendrier, il peut ensuite piger dans la liste des matchs du mercredi et du dimanche pour compléter sa grille de 22 rencontres.

Les 60 autres matchs deviennent alors les matchs de diffusion régionale.

C’est une explication un brin simpliste, mais qui illustre bien de quelle façon la LNH et ses 30 équipes s’y prennent pour élaborer les deux catégories de rencontres.

Mais peu importe qu’ils soient nationaux ou régionaux, un minimum de 40 matchs des Sénateurs et un maximum de 60 du Canadien seront présentés à RDS l’an prochain et pour les 11 saisons suivantes.

Une bonne nouvelle pour RDS, pour ses employés, pour ses téléspectateurs amateurs de hockey et d’autres sports aussi – les revenus associés au hockey permettent d’acquérir d’autres propriétés sportives – mais aussi une bonne nouvelle pour les Sénateurs, le Canadien et leurs partisans.

Ah oui! À tous ceux et celles qui croient que je déborde de satisfaction en voyant « mes » Sénateurs débarquer à RDS pour les 12 prochaines années, je promets, neutralité professionnelle oblige, de couvrir les activités des Sens avec le même œil critique que j’ouvre tout grand quand je suis les activités du Canadien.

La décision vraiment déchirante viendra lorsque la LNH décidera de faire renaitre les Nordiques. Mais comme ce n’est pas pour demain, j’aurai le temps de me bien préparer!