DENVER - Logan Couture est un leader discret. Le genre de gars qui ne fait pas de bruit dans le vestiaire et qui n’attire pas vraiment l’attention sur la patinoire.

Pourtant : les trois buts qu’il a enfilés mardi pour mener ses Sharks à une victoire de 4-2 aux dépens de l’Avalanche pour reprendre l’avance (2-1) dans la série qui se poursuivra jeudi à Denver étaient ses 41^e, 42^e et 43^e enfilés au cours des 106 matchs de séries éliminatoires qu’il a disputés depuis qu’il a fait le saut dans la LNH en 2010.

Vous trouvez que c’est beaucoup? Vous avez pleinement raison.

Car les 43 buts de Couture le hissent au deuxième rang des francs-tireurs les plus prolifiques en séries depuis 2010. Seul Alexander Ovechkin des Capitals de Washington le devance. Et Ovechkin a disputé un match éliminatoire de plus que Couture depuis 2010.

Logan Couture devance Sidney Crosby (42 buts en 115 matchs), Patrick Kane (41 buts en 111 parties) et Evgeny Malkin (39 buts en 113 parties) pour ne nommer que ceux-là.

« C’est intéressant comme statistique, mais ça demeure une simple statistique », a lancé presque stoïque le héros de la rencontre alors qu’il était encerclé de journalistes dans le vestiaire des Sharks.

Ce n’est pas tout : des 43 buts qu’il revendique en séries depuis 2010, Couture compte huit filets gagnants sur un pied d’égalité avec Jonathan Toews avec qui il partage le troisième rang à ce chapitre derrière Patrick Kane qui a enfilé 11 buts gagnants et Joe Pavelski qui en a neuf à son actif.

Ah oui! Couture ne se contente pas de marquer des buts à profusion. Il s’est aussi fait complice de 50 buts marqués par les Sharks en séries depuis 2010.

Sa récolte de 93 points le place d’ailleurs au sixième rang des meilleurs marqueurs en séries au cours de cette période derrière Sidney Crosby (42 buts, 123 points), Patrick Kane (41 buts, 109 points), Evgeny Malkin (39 buts, 106 points), Jonathan Toews (33 buts, 97 points) et Alexander Ovechkin (50 buts, 96 points). Crosby, Kane, Malkin, Toews et Ovechkin ont tous soulevé la coupe Stanley à au moins une reprise en plus de recevoir le trophée Conn-Smythe remis au joueur le plus utile à son équipe en séries éliminatoires.

Deux titres qui manquent au répertoire de Couture. Du moins pour le moment. Mais s’il maintient son rythme actuel et qu’il continue à guider son équipe vers la victoire, Couture pourrait à tout le moins rejoindre et dépasser Ovechkin et Toews au cours des présentes séries.

« Mes statistiques ne comptent pas. On dispute 82 matchs dans une saison pour avoir la chance de jouer en séries éliminatoires. On se bat pour les grands honneurs. Les fiches personnelles ne veulent rien dire. C’est la coupe Stanley qui demeure le seul objectif qu’on doit avoir en tête », a ajouté Couture.

« Logan est tellement bon et productif qu’on en vient à tenir ses exploits pour acquis. On ne réalise pas assez l’importance de sa contribution. Plusieurs joueurs nous ont offert de solides performances ce soir, mais Logan vient en tête de liste. Logan est un joueur qui s’impose lors des gros matchs en réalisant de gros jeux et en obtenant les bons résultats », a lancé l’entraîneur-chef Peter DeBoer après la rencontre.

« Il est une vedette au même titre que toutes les autres grandes vedettes de la LNH, mais Logan n’obtient jamais la même reconnaissance que les autres. Il reste sous le radar », a ajouté Marc-Édouard Vlasic après la rencontre.

Le défenseur québécois a défilé les louanges dès qu’on lui a demandé de parler de son coéquipier. « Il a beaucoup de qualités. C’est notre joueur de centre qui marque les gros buts, mais c’est aussi notre joueur de centre qui affronte les meilleurs joueurs de l’autre côté. »

Promesse tenue

Discret et efficace sur la patinoire, Logan Couture l’est tout autant dans le vestiaire.

Les collègues affectés à la couverture des Sharks ont été un brin surpris hier midi lorsque, tout juste rentré au vestiaire après l’entraînement matinal, Couture a lancé qu’il était insatisfait de ses performances et de celle de l’équipe lors des deux premières rencontres. Il a poursuivi en soulignant qu’il n’acceptait pas de ne pas avoir marqué lors des deux premières rencontres avant d’ajouter que lui et ses coéquipiers allaient jouer beaucoup mieux lors du troisième match.

Il a tenu promesse avec une performance propre aux grands leaders. Un rôle que Couture semble avoir saisi au vol lorsque son capitaine Joe Pavelski s’est blessé sérieusement à la tête en effectuant une chute en milieu de troisième période lors du match décisif face aux Golden Knights de Las Vegas en première ronde.

Couture a sonné la charge dans le cadre de la remontée gagnante enfilant deux des quatre buts marqués par les Sharks lors de la pénalité majeure écopée par Cody Eakin sur la séquence qui a mené à la blessure de Pavelski. Il en a donné une autre preuve mardi en devenant le quatrième joueur de l’histoire des Sharks à réaliser un tour du chapeau en séries.

« Logan est un très bon leader et ça n’a rien à voir avec l’absence de Joe Pavelski. Mais nous avons beaucoup de leader au sein de notre équipe : Brent Burns, Joe Thornton, Erik Karlsson et je pourrais en nommer trois ou quatre autres. Ce n’est pas juste un gars qui se lève chaque soir, mais plusieurs qui peuvent le faire et ce soir, c’est lui qui l’a fait », a ajouté Vlasic qui s’est bien gardé d’ajouter son nom à la liste de leader bien qu’il en fasse partie.

Couture a marqué le premier but du match alors qu’il a profité d’un rebond accordé par Philipp Grubauer et d’un moment d’inattention du jeune défenseur Cale Makar qui l’a oublié à la porte des buts pour tirer dans une cage déserte.

Il a inscrit son deuxième en feignant d’effectuer une passe vers l’enclave avant de surprendre le gardien de l’Avalanche avec un tir parfait. Grubauer a mordu à la feinte et s’est détaché du poteau sur sa gauche de quelques centimètres. Juste assez pour permettre à Couture de marquer.

Ce but a fait très mal à l’Avalanche qui, 65 secondes plus tôt, venait de niveler les chances 2-2 et de soulever la foule. Le but de couture a mis un terme hâtif à la fête.

Le leader des Sharks a mis un terme définitif à la fête en complétant son tour du chapeau dans un filet désert.

MacKinnon : les Sharks ont limité les dégâts

Fort de ses trois buts, Logan Couture a moussé sa production à 12 points (neuf buts). Il partage le premier rang des marqueurs avec Mark Stone des Golden Knights (6 buts, 6 passes) et Nathan MacKinnon qui revendique lui aussi 12 points depuis le début des séries.

MacKinnon a marqué le premier but de son équipe à l’aide d’un puissant et précis tir des poignets qu’il a décoché après avoir intercepté une très vilaine passe de Brent Burns en sortie de zone.

Sur cette séquence, MacKinnon a démontré sa vitesse d’accélération, son sens du hockey et sa puissance sur patins tout autant que la puissance de son tir. Un tir qui n’est pas sans rappeler celui de son patron actuel et ancien capitaine des Nordiques et de l’Avalanche Joe Sakic.

Avec ce but, MacKinnon a prolongé à sept matchs sa séquence de parties consécutives avec au moins un point. Séquence au cours de laquelle il a inscrit cinq buts et ajouté sept passes.

« Nathan MacKinnon est un joueur très dangereux. On a vu ce qu’il est en mesure de faire en première ronde contre Calgary. Si tu lui donnes de l’espace et du temps, il saura en profiter pour te faire mal. Notre mot d’ordre est donc d’être agressif en échec avant contre lui. Il est impossible de le freiner complètement, mais si on arrive à le limiter à un but par match comme cela a été le cas ce soir, je serai très satisfait », a souligné l’entraîneur-chef des Sharks.

À l’image de son coach Peter DeBoer, Marc-Édouard Vlasic était somme toute satisfait du travail que lui et ses coéquipiers venaient d’effectuer aux dépens de MacKinnon et des membres du premier trio. Surtout que MacKinnon (-2), Gabriel Landeskog (-2) et Mikko Rantanen (-3) ont terminé la rencontre avec un différentiel combiné de moins-7.

« MacKinnon a marqué à la suite d’un revirement qu’on aurait pu éviter. On ne peut pas leur donner de l’offensive gratuite comme ça. Mais oui, on est satisfait de la victoire de ce soir, mais il n’est pas question de s’en contenter. On veut retourner à la maison avec une avance de 3-1 et non une égalité de 2-2. »

Dans le camp de l’Avalanche, les joueurs avaient le caquet bas : « On n’a jamais vraiment été capable de trouver notre rythme. On a eu de bonnes séquences en troisième ce qui nous a permis de niveler les chances – MacKinnon et Nieto ont répliqué aux deux premiers buts des Sharks en fin de période médiane et milieu de troisième tiers – mais on a commis des erreurs qui ont été coûteuses toute la soirée», a convenu Nathan MacKinnon.

Les tirs au but (31-27 en faveur des Sharks) et le fait que San Jose ait marqué dans un filet désert en fin de rencontre laissent croire que le match a été plus serré qu’il ne l’a été en réalité.

De fait, les Sharks ont largement dominé la première période et de grands pans de la rencontre. N’eût été quelques arrêts solides de Philipp Grubauer – il s’est entre autres imposé devant Evander Kane en échappée pour empêcher les Sharks de prendre les devants 3-0 – et du fait que ses poteaux lui sont venus en aide à quatre ou cinq reprises, l’issue du match aurait été scellée bien avant la fin du dernier tiers.

En bref

• Malgré la défaite et le fait que Cale Makar se soit rendu coupable de quelques erreurs défensives et d’un dégagement refusé alors qu’il n’avait qu’un coup de patin à donner pour atteindre la ligne rouge et l’éviter, Samuel Girard et son jeune partenaire de travail ont multiplié les sorties de zone rapides et les prouesses en zone offensive. On les a vus s’échanger la rondelle et changer de position le long de la ligne bleue à plusieurs reprises. Non seulement sontils tous les deux excellents avec la rondelle, mais ils affichent des niveaux de confiance et de complicité propres à des vétérans de grand talent...

• Girard et Makar ont terminé la rencontre avec une passe chacun et un différentiel neutre...

• La victoire des Sharks a stoppé à huit la séquence de gains consécutifs de l’Avalanche devant ses partisans. C’était seulement leur troisième défaite en temps réglementaire (133-1) encaissée au Pepsi Center lors des 17 derniers matchs, une séquence amorcée le 18 février dernier...

• Débarqué à Denver en aprèsmidi après avoir assisté à la naissance de son premier enfant, Gustav Nyquist s’est fait complice de deux des trois buts de Logan Couture. Le troisième membre du premier trio des Sharks, Timo Meier a récolté deux passes lui aussi tout en ajoutant un but qu’il a marqué après avoir intercepté une passe « parfaite » du défenseur Erik Johnson... de l’Avalanche!

• Les deux équipes ont bousillé quatre avantages numériques...

• Parce que les Nuggets et les Trail Blazzers de Portland prendront possession du Pepsi Center mercredi soir, l’Avalanche et les Sharks tiendront des entraînements très optionnels en banlieue avant de se croiser à nouveau jeudi dans le cadre du quatrième match de cette série...