AVANT MATCH NO 4 BRUINS C. BLUES

 

ST. LOUIS - Parce que les jeunes vedettes qui font le saut dans la LNH sont de plus en plus jeunes, plusieurs directeurs généraux confient aujourd’hui leur équipe à des entraîneurs-chefs comptant sur de bonnes aptitudes en communication, voire en psychologie. Qu’elle soit à cinq, dix, ou vingt-cinq sous…

 

Doug Armstrong a misé sur une qualité bien plus simple lorsqu’il a décidé d’offrir à Craig Berube la chance de venir en relève à Mike Yeo à titre d’entraîneur-chef.

 

« Qu’ils soient jeunes ou vieux, les joueurs de hockey ont besoin d’un leader qui sait les diriger. Les guider. Les encadrer. La psychologie, la communication, c’est bien beau. Eh oui, c’est important. Mais ce qui prime à mes yeux, c’est le gros bon sens. Et c’est exactement ce que Craig représente à mes yeux. Un gars qui carbure au gros bon sens », a souligné le directeur général des Blues au cours d’un long entretien qui a suivi la victoire de son équipe en finale de l’Ouest aux dépens des Sharks de San Jose.

 

Ce gros bon sens a permis aux Blues d’amorcer une remontée qui les a conduits du dernier rang du classement général qu’ils occupaient le 3 janvier dernier à la finale de la coupe Stanley.

 

Une combinaison gagnante qui assurera Berube d’effacer le bémol « par intérim » associé à son titre d’entraîneur-chef depuis sa nomination le 19 novembre dernier. Et ce peu importe que les Blues soulèvent la coupe Stanley pour la première fois de leur histoire ou qu’ils soient condamnés à regarder les Bruins célébrer pour une deuxième fois (1970 et 2019) sous leurs yeux. Spectacle désolant que le Canadien lui a également fait subir à deux reprises en 1968 et 1969.

 

Transformer frustration en motivation

 

Le gros bon sens affiché par Berube a joué un rôle de premier plan en finale de l’Ouest. Lorsque son équipe s’est fait « voler » le troisième match alors que les quatre officiels ont raté une passe avec la main effectuée par Timo Meier devant Jordan Binnington. Une passe avec la main qui a conduit au but gagnant marqué en prolongation par Erik Karlsson.

 

ContentId(3.1323784):LNH : Bruins 7 - Blues 2 (Hockey)
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L’appel au calme ordonné par Berube lors d’une visite inhabituelle dans le vestiaire de son club après une défaite a fait couler beaucoup d’encre. Il a été raconté. Il a été analysé. Il a été récompensé d’éloges mérités puisque cet appel a permis aux Blues de demeurer concentrés, de transformer leur frustration en source de motivation et de finalement répliquer avec trois victoires consécutives qui les ont propulsés en grande finale.

 

Au lendemain du cuisant revers de 7-2 que son équipe a encaissé samedi, devant ses partisans, Berube devra puiser dans sa même source de gros bon sens afin de regrouper ses joueurs et les guider vers une victoire nécessaire. Une victoire presque cruciale puisqu’il serait périlleux de retourner à Boston pour y disputer une cinquième partie alors que la coupe Stanley serait à porter de mains des Bruins.

 

Peut-être par distraction, peut-être par stratégie ou plus simplement peut-être parce qu’il croit réellement en ses joueurs et son équipe, Craig Berube a lancé une demi-vérité dimanche lorsqu’il a fait l’apologie de force de caractère de sa troupe.

 

« Nous avons perdu les troisièmes parties dans chacune des quatre séries disputées ce printemps et nous avons su faire fi de ces défaites pour accéder à la grande finale. Nous devrons donc garder cette même confiance et jouer avec la même conviction qui nous a permis de surmonter les revers dans les autres matchs numéro trois », a lancé l’entraîneur-chef des Blues.

 

Vrai que St Louis a perdu les troisièmes matchs de la première ronde contre Winnipeg et de la finale de l’Ouest contre San Jose. Mais les Blues ont battu les Stars de Dallas dans le troisième duel dans cette série que St Louis a gagnée grâce à un but de Pat Maroon en prolongation lors du septième et dernier match.

 

Les réponses viendront lundi

 

Il sera intéressant de voir si cette allégorie de l’entraîneur-chef des Blues saura raviver la confiance de ses joueurs. Si elle transformera la frustration de la défaite en motivation moussant les chances de victoires. Comme ce fut le cas contre San Jose.

 

Ce qui est clair toutefois, c’est que Berube reviendra avec Jordan Binnington malgré le fait qu’il ait été sorti du match après avoir accordé cinq buts sur 19 tirs.

 

Oskar Sundqvist sera aussi de retour au lendemain du match raté en raison de la suspension d’une partie qu’il a écopée pour sa mise en échec par-derrière illégale et dangeureuse aux dépens de Matt Grzelcyk. Ce qui aidera la cause des Blues en désavantage numérique.

 

Le défenseur Vince Dunn et l’attaquant Robert Thomas devraient aussi être disponibles. Seront-ils insérés au sein de la formation? Les réponses viendront lundi.

 

Mais elles viendront, parce que Berube, contrairement à bien des entraîneurs-chefs de la LNH répond à toutes les questions qui lui sont posées. Pas, ou bien peu, de cachettes. Lorsqu’il n’aime pas une question, il le dit. Mais il offre une réponse malgré tout. Mais qu’il aime ou n’aime pas les questions, ses réponses sont toujours courtes, claires et précises. Pas de longues envolées au cours desquelles plusieurs coachs défilent les mots sans jamais rien vraiment dire. Ou rarement.

 

Un autre bienfait du gros bon sens qui anime Berube.

 

De la loi du Talion à celle du gros bon sens

 

Bien qu’il soit apprécié de ses joueurs pour son franc-parler, pour sa poigne rigide et sa philosophie du gros bon sens, Craig Berube demeure un ancien dur à cuire.

 

Au cours des 17 saisons qu’il a passées dans la LNH, à défendre les couleurs des Flyers de Philadelphie, des Capitals de Washington, des Flames de Calgary, des Maple Leafs de Toronto et Islanders de New York, il était bien plus connu et reconnu pour son respect de la loi du Talion que pour son gros bon sens.

 

Bien qu’il affiche encore une carrure qui en fait l’un des patineurs le plus gros des Blues lorsqu’il est sur la patinoire, bien qu’il a encore un regard sévère et un brin inquiétant lorsqu’il décide de dévisager un interlocuteur et bien qu’il offre des sourires avec parcimonie, Berube ne joue pas les gros bras dans le vestiaire ou derrière le banc.

 

« Il est capable d’être sévère lorsque c’est nécessaire », reconnaît le défenseur Jay Bouwmeester, l’un des rares joueurs des Blues à avoir vu Berube en action comme joueur dans la LNH.

 

« Les jeunes ne l’ont jamais vu jouer. Et ceux qui l’ont connu avec le club-école ont découvert qu’il était encore capable d’être assez intimidant lorsqu’il a levé le ton quelques fois dans le vestiaire cette année. J’aime beaucoup Craig parce que ses messages sont directs et clairs. Ils le sont aussi lorsqu’il est en colère. Et quand ça arrive, les gars réalisent qu’il vaut mieux comprendre et vite. Craig n’a pas de demi-mesure. Mais il n’est pas sur le dos de tout le monde en tout temps. Il te donne des directives et il te laisse les remplir. Il sait faire confiance. Il sait aussi quand intervenir. Il n’y a pas de "niaisage" avec lui », a poursuivi le vétéran défenseur dont les commentaires positifs sont au diapason de ceux de ses coéquipiers lorsqu’il est question de parler de Craig Berube et du gros bon sens qui l’anime.

 

Les Bruins s’attendent à plus des Blues

 

Dans le camp des Bruins, on se prépare à un quatrième match plus difficile que ne l’a été le troisième.

 

Car bien que le score final de 7-2 laisse croire que les Bruins ont dominé cette rencontre du début à la fin, cette statistique cache deux passages à vide qui aurait pu faire mal à Boston.

 

La troupe de Bruce Cassidy n’a pas obtenu de tirs dans les six premières minutes du match. Les Bruins se sont aussi contentés d’un maigre tir au cours d’une séquence de 20 min 35 s. Séquence qui s’est amorcée avec le cinquième but qui a chassé Jordan Binnington du match avec 7 min 48 à faire en deuxième et le tir de routine de Brad Marchand décoché après 12 min 53 s de jeu au dernier tiers. Les Blues ont dominé les tirs 11-1 lors de ces quelque 20 minutes de jeu.

 

« Nous devions réagir après notre défaite dans le match numéro deux et nous avons pris les moyens pour y arriver. Je m’attends à ce que les Blues offrent une plus grosse opposition lors du prochain match car leur sentiment d’urgence sera plus aiguisé en raison du fait que nous sommes en avant 2-1 dans la finale. Nous avons été bons ce soir, nous devrons donc l’être plus encore lundi, parce que je suis convaincu que les Blues le seront », insistait l’entraîneur-chef des Bruins après la victoire des siens samedi.

 

En bref

 

  • S’ils maintiennent leur rythme actuel, les Bruins deviendront le deuxième club seulement de l’histoire de la LNH à maintenir une efficacité de plus de 30 % en avantage numérique du début à la fin des séries éliminatoires. Les Islanders de New York ont réalisé l’exploit en 1981 en marquant 31 buts en 82 occasions (37,8 %). Les Bruins comptent actuellement 23 buts en 64 occasions (35,9 %)...

 

  • Fort des sept buts qu’il a marqués en supériorité numérique jusqu’ici en séries, Patrice Bergeron est à deux filets du record que partagent Michael Bossy (1981) et son patron et président des Bruins Cam Neely (1991). Quatre joueurs – Tim Kerr (Flyers en 1989), John Druce (Capitals en 1990), Brian Propp (North Stars du Minnesota en 1991) et Mario Lemieux (Penguins en 1992) partagent le deuxième rang avec huit buts...

 

  • Patrice Bergeron est aussi devenu le sixième joueur de l’histoire des Bruins à atteindre le plateau des 100 points en séries éliminatoires. Bergeron (102 points, 40 buts) partage le deuxième rang avec Phil Esposito (102 points, 46 buts). Raymond Bourque (161 points, 36 points) est très loin devant au premier rang. David Krejci (101 points, 36 buts), Rick Middleton (100 points, 45 buts) et Johnny Bucyk (100 points, 40 buts), complète le tableau...

 

  • Les Bruins sont impériaux en attaque massive depuis le début des séries. Ce qui représente tout un contraste avec leur conquête de 2011 alors qu’ils s’étaient contentés de 10 buts en 88 occasions (11,4 %). Les Bruins avaient éliminé le Canadien en première ronde en dépit 21 attaques massives sans but lors de l’affrontement survenu en première ronde que les Bruins avaient finalement remportée en sept matchs...