EDMONTON – « Je savais qu’il était bon. Mais bien honnêtement, il nous a offert du meilleur hockey que je l’anticipais en saison régulière et il est plus dominant encore depuis le début des séries. Encore ce soir, il a joué un rôle de premier plan dans notre victoire. »

 

Cette citation, le directeur général des Kings de Los Angeles Rob Blake me l’a offerte alors qu’il quittait le Rogers Place 45 minutes après la victoire de 5-4 arrachée par son équipe 72 secondes seulement après le début de la période de prolongation.

 

Une victoire qui propulse ses Kings à un gain d’une place en deuxième ronde. Une place qui sera pleinement méritée si cette équipe que personne ne voyait en séries éliminatoires l’automne dernier et à qui pas grand monde donnait des chances de battre les Oilers d’Edmonton en première ronde.

 

De qui Rob Blake parlait au juste?

 

D’Adrian Kempe qui a marqué deux buts, dont celui de la victoire, en plus de récolter une passe et qui, à juste titre, a obtenu la première étoile de la rencontre?

 

Non!

 

Rob Blake parlait de Phillip Danault à qui il a offert un contrat de 33 millions $ répartis sur six saisons afin de l’attirer à Los Angeles.

 

De Phillip Danault qui a été au centre de l’action lors des trois périodes réglementaires et qui a donné le ton à une prolongation qui a vite tourné en faveur des Kings.

 

C’est d’ailleurs en insistant sur les efforts de Danault et de ses compagnons de trio – Carl Grundstrom à gauche et Trevor Moore à droite – qu’Adrian Kempe a commenté le but de la victoire.

 

« Nous avons profité du fait que les gars des Oilers étaient sur les talons après avoir été mis sous pression par le trio de Phil dès le début de la prolongation », a précisé celui qui venait de donner la victoire à son club.

 

Comme il l’a fait tout au long de la soirée alors qu’il était sur la patinoire en même temps que le premier trio des Oilers, Danault s’est imposé aux dépens de Connor McDavid, Evander Kane et Zach Hyman qui a complété un jeu de chaise musicale sur le flanc droit du premier trio. Danault et ses « boys » ont embêté le gros trio en territoire des Oilers ce qui a mis la table à Kempe, Anze Kopitar et Alex Iafallo qui ont ensuite su en profiter.

 

Que Danault soit efficace dans toutes les phases défensives du jeu ne surprendra personne.

 

Que Danault ait gagné 56 % des mises en jeu qu’il a disputées lors du match numéro 5 – 14 en 25 dont plusieurs « victoires » lors de mises en jeu cruciales en zone défensive – ne surprendra personne non plus.

 

Mais qu’il ait ajouté un troisième but depuis le début des séries pour confirmer un éveil offensif impressionnant a de quoi surprendre bien du monde. À commencer par le grand patron des Kings, Rob Blake.

 

« Je suis rendu à 30 buts cette année si tu ajoutes les 27 que j’ai marqués en saison régulière », que Phillip Danault m’a fait remarquer pendant un brin de conversation à la porte du vestiaire de sa nouvelle équipe.

 

À la manière de Gallagher

 

Ce troisième but des séries, Danault l’a marqué lors d’une attaque massive. Car oui! À Los Angeles, Phillip Danault ne remplit pas seulement des mandats défensifs, mais il obtient aussi des missions spéciales lors d’avantages numériques.

 

Parfois le loin des bandes, parfois dans le coin de la patinoire, parfois même au centre de l’action devant le filet adverse, Phillip Danault cherche des manières de mousser ses chances de marquer lors des attaques massives.

 

C’est en faisait habilement dévier une rondelle alors qu’il se faisait discret à la gauche du gardien des Oilers Mike Smith que Phillip Danault a marqué son 30e but de la saison. Un but qui redonnait une avance de deux buts à ses Kings avec un peu moins de neuf minutes à écouler au dernier tiers.

 

Sur ce jeu, Danault a démontré la qualité de sa touche offensive. Une touche qu’il n’a pas été en mesure de mettre en valeur à Montréal avec le Canadien, mais une touche qu’il a toujours eue quand même.

 

Cela dit, quand on a vu Danault se pointer le nez qu’il s’est fait frotter à quelques reprises en s’installant dans l’enclave devant le but des Oilers, on aurait juré qu’il tentait d’imiter Brendan Gallagher avec qui il a passé ses meilleurs moments avec le Tricolore.

 

« Gally est un bon joueur et c’est vrai qu’il savait comment s’y prendre dans ces situations, mais j’ai aussi de bons conseils de plusieurs de mes nouveaux coéquipiers. À commencer par Dustin Brown qui m’a appris à bien profiter des rebonds accordés par les gardiens adverses. Je ne fais pas ça tout seul. J’ai des bons coéquipiers qui m’aident et j’ai aussi obtenu l’appui de mes coachs qui m’affichent beaucoup de confiance dans les facettes offensives du jeu également », que Danault a poursuivi.

 

La frustration s’empare des Oilers

 

De toutes les façons d’analyser la qualité du travail d’un centre qualifié de défensif et de relever les signes de frustration affichés par ses adversaires.

 

En se ruant sur Danault à quelques occasions, dont dès la mise en jeu donnant le coup d’envoi à la période médiane, Evander Kane a démontré que le niveau de frustration affiché par les Oilers à l’endroit du centre québécois est sur le point d’exploser.

 

Et c’est tant mieux pour Danault qui admet tenter d’égaler la qualité du travail défensif qui lui a permis de contenir Auston Matthews et Mitch Marner des Maple Leafs en première ronde, de contenir les attaquants des Jets qu’il a affrontés dans le cadre du balayage en quatre matchs du Tricolore et des meilleurs éléments des Golden Knights de Las Vegas en finale de l’Ouest.

 

Une fois contre le Lightning, en grande finale, le défi est devenu pratiquement insurmontable. Pourquoi? Parce que contrairement à Sheldon Keefe en première ronde, à Paul Maurice en deuxième et à Pete DeBoer en finale de l’Ouest, l’entraîneur-chef des « Bolts » Jon Cooper a décidé de diviser ses forces à l’attaque pour compliquer le travail de Danault.

 

Les Oilers ont séparé McDavid et Draisaitl pour la même raison. L’ennui pour Jay Woodcroft l’entraîneur-chef des Oilers, c’est qu’après avoir amorcé le match avec Kailer Yamamoto à la droite du premier trio, il a dû le remplacer par Jesse Puljujarvi tant Danault et ses compagnons de trio contrôlaient le jeu. Ça n’a pas été beaucoup mieux avec Puljujarvi. À un tel point que Zach Kassian est venu en relève.

 

En 23 min 20 s d’utilisation – le plus haut total chez les attaquants des deux équipes – Danault a été impérial. Rien de moins. Il a atteint un sommet en temps d’utilisation depuis le début de la série. De fait, les trois matchs au cours desquels Danault a joué plus de 20 minutes ont été gagnés par ses Kings.

 

Avec un recul de deux buts à combler et moins de neuf minutes à faire en temps réglementaire, les Oilers ont réuni leur monstre à deux têtes. McDavid et Draisaitl en ont profité pour niveler les chances et envoyer le match en prolongation. Draisaitl a marqué les deux buts : l’un en désavantage numérique et l’autre pendant que Phil Danault écoulait une pénalité mineure.

 

« Tu peux jouer aussi bien que possible sans être capable d’empêcher des gars comme eux de marquer simplement parce qu’ils sont si bons. Mais j’ai beaucoup appris l’an dernier en série. J’ai beaucoup appris cette saison et j’apprends encore. C’est la seule manière d’être meilleur », que Danault a martelé.

 

Être meilleur, ce sera d’ailleurs le message que l’entraîneur-chef Todd McLellan livrera à Danault et à ses autres joueurs des Kings en vue du prochain match. « Autant nous avons été bons ce soir, autant ce ne sera pas suffisant pour la prochaine partie parce que nos adversaires devront être meilleurs eux aussi », que le coach des Kings a souligné.

 

Des Kings qui pourraient causer une surprise en première ronde en éliminant les Oilers et en privant les amateurs de hockey de Calgary et d’Edmonton d’une possible bataille de l’Alberta.

 

Pas mal pour une équipe qui devait se contenter de faire acte de présence en séries.

 

« Atteindre les séries ce n’est jamais assez. Une fois en séries tu veux gagner et on prend les moyens pour gagner. Ça aussi, je l’ai appris l’an dernier », a conclu Danault avant de retraiter au vestiaire.

 

Entre les lignes

 

  • Les Kings ont passé la nuit à Edmonton et s’envoleront vers la Californie seulement mercredi en vue du sixième match que sera présenté jeudi...

 

  • Comme les Maple Leafs, les Blues et les Hurricanes, les Kings ont maintenant près de 80 % de chances de passer en prochaine ronde si l’on se fie aux données de la LNH associées aux victoires lors des cinquièmes matchs d’une série qui était à égalité 2-2...

 

  • Avec deux buts marqués en trois tentatives, les Oilers ont touché le fond du filet sept fois en 17 attaques massives (41,2 % d’efficacité) et ils affichent six buts en 11 attaques massives (54,5 % d’efficacité) lors des trois matchs disputés à Edmonton...

 

  • Inversement, les Kings en arrachent en supériorités numériques. Limités à un but en cinq tentatives mardi, les Kings ont deux buts seulement en 20 occasions (10 % d’efficacité) et un but en 13 tentatives au Rogers Place (7,7 % d’efficacité)...