Les dépisteurs de la LNH et les directeurs généraux aiment bien répéter pour justifier leurs sélections parfois curieuses que le repêchage est loin d’être une science exacte. Ces dernières années, plusieurs joueurs l’ont d’ailleurs prouvé en se frayant un chemin dans le meilleur circuit au monde après avoir été ignorés au repêchage. Pas besoin de regarder très loin. Seulement au Québec, Jonathan Marchessault, Yanni Gourde et Frédérick Gaudreau viennent récemment de le faire. Cette nouvelle génération succède aux Martin St-Louis, Francis Bouillon et David Desharnais qui ont réalisé le même exploit il y a quelques années.

Danick Martel devrait être le prochain à déjouer les pronostics. Et son histoire se veut réellement très inspirante.

Jamais sélectionné dans la LHJMQ, le petit attaquant de 5'8" pieds et 166 livres s’est taillé un poste avec l’Armada en 2012 après une participation au camp d’entraînement à titre de joueur invité. À sa troisième et dernière saison à Blainville-Boisbriand, en 2014-2015, Martel a récolté 48 buts et 54 passes pour 102 en 64 parties et ainsi terminer au deuxième rang des meilleurs marqueurs du circuit Courteau. Pendant que le Canadien l’avait dans sa cour et fermait les yeux sur lui, de telles statistiques ont attiré l’attention des Flyers avec qui il a signé un contrat professionnel en mars 2015.

Deux saisons plus tard, Martel flirte avec le premier rang du classement des marqueurs de la Ligue américaine et il marque des buts à un rythme infernal! « Je me sentais vraiment bien au camp des Flyers et j’avais aimé mon match préparatoire face aux Islanders à Brooklyn. Lors de cette partie, j’ai joué en avantage numérique et aussi en désavantage, des choses qui ne m’étaient jamais arrivé dans la Ligue américaine! Ça m’a donné beaucoup de confiance. Ensuite, la saison dans la AHL a bien commencé avec un tour du chapeau à mon premier match », explique l’attaquant originaire de Drummondville, au bout du fil.

Martel n’a pas réussi d’autre tour du chapeau mais il a conservé un rythme offensif intéressant de sorte qu’on le retrouve aujourd’hui au deuxième échelon des marqueurs du circuit avec 14 buts et 5 passes pour 19 points en 15 matchs. « J’ai connu deux très bonnes premières saisons avec 20 et 22 buts. Il y a plusieurs gars repêchés qui ont présenté de bien moins bonnes statistiques. En plus, je n’ai jamais joué en supériorité numérique. Tous mes points ont été récoltés à cinq contre cinq, précise-t-il. Je travaille fort pour obtenir ce que je veux et je peux m’inspirer en regardant au sein de mon équipe. Je peux te donner l’exemple de Taylor Leir, explique Martel. L’an passé, il évoluait sur les unités spéciales et le club le plaçait dans une position pour réussir puisque c’est un joueur repêché. Mes stats étaient pourtant aussi bonnes que les siennes. Ça fait juste six parties que j’évolue sur l’attaque à cinq. Alors je me dis que Leir est un gars qui a travaillé fort pour se rendre là, il était en avant de moi mais il n’était pas dominant, et cette année, il a joué presque toutes les partie à Philadelphie, alors quand mon tour va venir, je ne vois pas pourquoi je ne serais pas capable de saisir cette opportunité. »

Danick MartelMême s’il a été repêché, Charles Hudon s’est déjà retrouvé dans une situation similaire. Dominant dans la LAH, il a entendu patiemment son tour pendant que Montréal rappelait chaque année une douzaine d’autres joueurs moins talentueux. Aujourd’hui, plus personne ne se pose de question. Hudon appartient définitivement à la LNH. « Danick est un gars qui travaille excessivement fort, peu importe le trio sur lequel il se trouve, peu importe le temps de jeu qu’il a, il donne toujours son cent pour cent, analyse l’attaquant du Canadien qui l’a affronté dans la LAH ces deux dernières saisons et dans la LHJMQ auparavant. On s’est entraîné trois ou quatre fois ensemble l’été et c’est la même chose. Il me fait penser à Antoine Rousel, il est toujours agressif dans son échec-avant et ses replis défensifs. C’est un genre de joueur tannant si je peux dire, il est toujours en arrière de toi, toujours sur ton dos. » 

À seulement sa troisième saison professionnelle, Martel sera peut-être le prochain sur la liste des Flyers à être rappelé si un joueur tombe au combat. Il aura 23 ans dans un mois exactement. Si jamais on le voit dans la LNH cette année, il aura atteint son objectif en accéléré et imité Machessault, Gourde et Gaudreau. « Ces gars-là ont travaillé fort toute leur vie et ils ont se sont butés à de nombreux obstacle. C’est la même chose pour moi. Je me dis que s’ils ont réussi, pourquoi je ne pourrais pas moi aussi. Si je continue de travailler fort, je suis certain que mon tour va venir un jour. »

« Toute ma vie je me suis fait poser des questions. Penses-tu jouer junior? Penses-tu jouer dans la East Coast League? Je me suis toujours concentré à vivre le moment présent en donnant mon maximum et je fais la même chose actuellement. »