Comme on a pu le constater lors du match numéro un avec la petite discussion entre Daniel Carcillo et Maxim Lapierre, certains joueurs profitent de la période d'échauffement pour faire passer leur message.

Mais parfois, le tout peut dégénérer très rapidement, comme cela s'est déjà produit en 1987.

Le Canadien entreprend les séries de cette année-là en tant que champion en titre de la coupe Stanley. À l'instar de la saison précédente, l'équipe mise sur des vétérans tels Larry Robinson, Bob Gainey et Mats Naslund pour aller loin en séries.

Le Canadien c'est aussi une équipe formée de jeunes loups, des joueurs qui ont acquis une solide expérience et une certaine arrogance depuis la conquête de la coupe Stanley.

« Nous avions des gars qui aimaient ça partir des choses », se rappelle l'attaquant Stéphane Richer.

Claude Lemieux et Shayne Corson sont parmi ceux qui aiment justement partir les choses. Après la période d'échauffement, les deux s'assurent d'être les derniers à quitter la patinoire afin de lancer une rondelle dans le filet adverse.

« Serge Savard était venu me voir : ‘c'est quoi ces folies-là avec Lemieux?' », mentionne l'entraîneur-chef Jean Perron.

Lorsqu'il est finalement mis au courant du rituel, Perron recommande à Lemieux d'y mettre un terme immédiatement, puisqu'il pourrait y avoir de graves conséquences.

« Têtu comme une mule, il avait décidé qu'il continuait quand même », se résigne Perron. »

« C'est sûr qu'à un moment donné, les flammèches vont sauter », poursuit Richer. « Il y a quelque chose qui va arriver. »

Après avoir feint de retourner au vestiaire, Lemieux et Corson reviennent sur la patinoire pour lancer une rondelle dans le filet des Flyers. Ed Hospodar et le gardien Chico Resch interviennent immédiatement. Hospodar, un dur à cuire, se lance à la poursuite de Lemieux qu'il assène de coups pendant Resch garde Corson à distance.

« Gaétan Lefebvre était arrivé en trombe et m'avait demandé d'aller sur le bord de la bande au plus vite, car il y avait une bagarre générale », explique Perron.

Les deux vestiaires se vident et la patinoire est rapidement envie de joueurs qui engagent des combats. Hospodar, Dave Brown, Rick Tocchet, Chris Nilan, Robinson et Mike McPhee sont parmi les plus actifs. La mêlée générale dure 15 minutes, le temps que les officiels quittent leur vestiaire pour venir y mettre fin.

« Tout le monde s'était battu », souligne Perron. « Les gars étaient à bout de souffle. »

« Il a des gars qui s'étaient battus sans t-shirt », ajoute Richer. « Il y aurait pu avoir des incidents majeurs. »

Le début de la rencontre est retardé de 17 minutes et à la surprise de tous, aucune pénalité n'est imposée. Gonflés à bloc à la suite des incidents, les Flyers prennent le contrôle et méritent la victoire pour éliminer le Canadien en six matchs.

La Ligue nationale de hockey a imposé 24 500 $ d'amendes au Canadien et aux Flyers à la suite de cette mêlée générale. En fait, les 36 joueurs qui étaient sur la patinoire pour se battre ont chacun écopé d'au moins 500 $ d'amende. Les deux seuls joueurs qui n'ont pas été punis sont les gardiens partants Brian Hayward et Ron Hextall puisqu'ils étaient demeurés dans le vestiaire. Quant à Hospodar, il a été le seul joueur qui a été suspendu par le président de la LNH à l'époque, John Ziegler.

*D'après un reportage de David Arsenault