MONTRÉAL - Les discussions ont été assez brèves à la table des Penguins de Pittsburgh lorsqu'est venu le temps d'annoncer leur première sélection du repêchage de 2015, au 46e échelon.

L'équipe de recrutement des Penguins avait fait son choix : elle allait repêcher l'attaquant des Islanders de Charlottetown, Daniel Sprong, malgré toutes les rumeurs négatives qui couraient à son sujet. Classé 20e meilleur patineur en Amérique du Nord par la Centrale de recrutement de la Ligue nationale de hockey, la mauvaise réputation qu'il traînait a visiblement repoussé plusieurs équipes. Pas les Penguins.

« Je ne peux pas parler pour les autres équipes, mais j'étais surpris qu'il soit toujours disponible, a déclaré Luc Gauthier, recruteur amateur au Québec à l'emploi des Penguins. Quand est venu le temps de sélectionner, nous étions tous unanimes. Ce gars-là avait le potentiel de jouer dans la Ligue nationale et d'aider l'équipe à gagner. »

Jeudi, l'ailier droit de 18 ans participera à son premier match dans la LNH face aux Stars de Dallas. Il est l'un des cinq joueurs issus du dernier repêchage à s'être taillé un poste avec une équipe de la LNH, et le seul d'entre eux à avoir été repêché à l'extérieur du top-10. Brendan Guhle, sélectionné au 51e rang, est toujours avec les Sabres de Buffalo, mais l'équipe ne peut le rétrograder présentement puisqu'il est sur la liste des blessés.

Sprong a fait mentir ses détracteurs, et ils étaient plusieurs, qui lui reprochaient son attitude égoïste et son entourage étouffant. Ce n'est pas nécessairement une surprise chez les Penguins, puisque l'équipe de recrutement était convaincue que le joueur d'origine néerlandaise allait être à la hauteur des attentes.

« Je veux m'assurer que le gars qu'on repêche est une personne mature, dévouée et passionnée, a fait valoir Gauthier. Dans la situation de Daniel, j'ai fait mes enquêtes, j'ai parlé à d'anciens entraîneurs et à des gens qui l'ont côtoyé. L'aspect familial, je l'ai regardé, mais ça ne m'a pas dérangé parce que je savais que Daniel était mature et qu'il voulait seulement réussir. »

Débuts impressionnants

Sprong s'est présenté au camp d'entraînement des Penguins plein d'espoir, mais personne ne s'attendait à ce qu'il perce la formation qui compte déjà sur plusieurs joueurs de talent. L'attaquant de six pieds et 180 livres avait connu une bonne saison avec les Islanders en récoltant 88 points, dont 39 buts, en 68 matchs, mais rien ne laissait présager un tel scénario.

« Les attentes face à un jeune, c'est toujours plus du long terme que du court terme, a reconnu Gauthier. Il s'est bien préparé cet été, il est arrivé au camp en bonne forme physique et avec une bonne attitude. Tout le mérite lui revient. »

Sprong, qui a déménagé à Montréal à l'âge de sept ans pour tenter de faire carrière au hockey, s'est notamment démarqué par sa vision du jeu, mais surtout par sa rapidité à dégainer. Et il n'hésite pas à s'en servir. Il a conclu le calendrier préparatoire avec une récolte de deux buts et une aide en cinq rencontres ainsi qu'un total de 18 tirs au but.

« Habituellement, ça prend un peu de temps pour développer ce genre de tir, mais il semble en avoir un du calibre de la LNH à son âge », a souligné le capitaine Sidney Crosby, dans une entrevue accordée au site Internet des Penguins.

L'organisation a maintenant neuf matchs pour décider si Sprong passera la saison avec l'équipe en écoulant la première année de son contrat ou s'il retournera dans la LHJMQ, avec les Islanders.

« Peu importe ce qui arrivera au terme des neuf matchs, le fait de vivre et de voir ce que c'est d'être un joueur professionnel, c'est de l'or en barre pour lui », a conclu Gauthier.