BOSTON - Pendant que le jeune Reilly Smith et le Suédois Loui Eriksson unissent leurs efforts pour aider les Bruins à soulever la coupe Stanley pour une deuxième fois en quatre ans, Tyler Seguin est en vacances.

Mais bien que Smith ait marqué le but de la victoire samedi, au Garden, et qu’Eriksson abat du travail honnête au sein du troisième trio depuis le début des séries, Seguin leur fait toujours ombrage à Boston. Près d’un an après les faits, plusieurs observateurs et simples amateurs de hockey dénoncent toujours la transaction qui a envoyé Seguin – et Rich Peverley – aux Stars en retour de Smith, Eriksson et deux espoirs. Un traitement un brin injuste quand on considère tous les éléments pris en compte par les Bruins l’été dernier avant de conclure cette importante transaction.

« Tyler est un excellent joueur de hockey. Il était parmi nos meilleurs marqueurs l’an dernier et a été le meilleur marqueur (37 buts, 84 points) des Stars cette année. Il est bon et continuera à s’améliorer. Mais nous avions des décisions à prendre. Il nous fallait considérer le plafond salarial. Il nous fallait aussi analyser la composition de notre club. Nos besoins pour faire de notre équipe un club plus complet. Un meilleur club », m’a expliqué la semaine dernière Peter Chiarelli.

Le directeur général des Bruins est habitué de composer avec la critique. « Quand tu es assis sur cette chaise, tu dois prendre des décisions difficiles. Et les assumer. J’ai été critiqué pour avoir échangé Phil Kessel. Là aussi nous avons laissé partir un gros morceau, mais la transaction nous a permis d’obtenir Dougie Hamilton qui nous offre du gros hockey. Je suis en paix avec ma décision d’avoir échangé Seguin. On a déjà de bonnes performances de Rilley et Loui et nous comptons sur les entrées en scène éventuelles de deux autres jeunes », a poursuivi Chiarelli.

Les deux jeunes en question sont Joe Morrow, un défenseur de 21 ans repêché en première ronde (23e sélection) en 2011 et Matt Fraser, un attaquant de 23 ans qui compte 27 matchs d’expérience dans la LNH, dont 14 (2 buts) avec les Bruins.

Si Chiarelli doit encore se défendre, les deux joueurs qui ont remplacé Seguin cette année dans le vestiaire des Bruins doivent le faire régulièrement.

« C’est évident que je veux prendre les moyens de prouver aux Stars qu’ils ont commis une erreur en m’échangeant. En même temps, je ne dois pas me mettre trop de pression en voulant faire oublier Seguin. Il demeure une grande vedette offensive », a souligné Reilly Smith qui a couronné la remontée des Bruins, samedi, en marquant le but de la victoire. Une performance qui lui a d’ailleurs valu de recevoir de ses coéquipiers le veston aux couleurs des Bruins remis au joueur du match.

Ancien compagnon de trio de Seguin à Boston, Patrice Bergeron, qui joue en compagnie de Smith après avoir amorcé la saison avec Eriksson, trouve injuste le jeu des comparaisons entre les trois joueurs.

« Reilly est encore un jeune joueur. Il est déjà intelligent et créatif et contribuera à notre attaque pour des années à venir tout en affichant une bonne responsabilité en défensive. C’est la même chose pour Loui (Eriksson) qui est certainement moins flamboyant que Tyler (Seguin), mais qui est très efficace sur une patinoire », a plaidé Bergeron.

« Loui a été ralenti par des blessures en début de saison. Mais depuis la pause olympique, depuis qu’il est rétabli il nous offre du gros hockey. Dans le cas de Reilly, on ne peut pas demander mieux de la part d’un jeune qui en est à sa première année avec nous », a ajouté Claude Julien.

Au-delà des considérations budgétaires – Seguin a signé un contrat de 34,5 millions $ sur 6 ans – 5,75 par année et est devenu l’attaquant le mieux payé des Stars – les Bruins peinaient à lui faire une niche à sa position naturelle (au centre) au sein des deux premiers trios. Difficile, voire impossible, de déplacer David Krejci et Patrice Bergeron qui attribue d’ailleurs à cette mutation l’éveil de Seguin à Dallas l’an dernier.

« Tyler est un joueur de centre. Ce n’est pas pour rien que ses statistiques ont monté en flèche dès qu’il a retrouvé cette position à Dallas. C’est un excellent joueur de hockey. Il est rapide, il a du talent, de très bonnes mains. Mais il ne faut pas prendre que les statistiques en compte », a poursuivi Bergeron.

Remarquez qu’à ce chapitre, Reilly Smith et Loui Eriksson n’ont pas à rougir de honte. En 82 matchs cette saison, le jeune Smith a récolté 51 points, dont 20 buts. Miné par les blessures, Eriksson a récolté 37 points (10 buts) en 61 parties.

« C’est le genre de transaction qui a bien servi les deux organisations. Tyler apporte beaucoup d’offensive aux Stars. Il n’y a pas de surprise là. Nos deux joueurs nous offrent de bonnes statistiques, mais nous donnent surtout beaucoup de profondeur au sein de deux trios », a conclu Claude Julien.

Difficile de conclure que les Bruins sont meilleurs, ou moins bons, depuis le départ de Seguin. Ce qui est clair toutefois, c’est qu’en Reilly Smith et Loui Eriksson, ils ont obtenu un excellent jeune promis à une belle carrière et en Eriksson un joueur un peu effacé, mais complet et efficace.

Et s’ils continuent de contribuer aux succès de leur équipe en séries et que les Bruins éliminent le Canadien, qu’ils se rendent en grande finale pour une troisième fois en quatre ans et qu’ils soulèvent la coupe Stanley, Smith et Eriksson pourront pointer le précieux trophée en guise de preuve qu’ils ont été en mesure de faire oublier, au moins un peu, le talent est la flamboyance de Tyler Seguin.