De beaux buts, un beau match, un hors-jeu controversé
LNH mercredi, 1 juin 2022. 08:30 vendredi, 13 déc. 2024. 23:18DENVER – Connor McDavid, Nathan MacKinnon sans oublier leurs coéquipiers des Oilers et de l’Avalanche ont tenu promesse : ils ont offert un spectacle offensif sensationnel échangeant 14 buts en lever de rideau d’une finale de l’Ouest qui pourrait passer à l’histoire si la tendance du premier match se maintient.
Plus que les 14 buts marqués aux dépens des quatre gardiens envoyés dans la mêlée – Pavel Francouz est revu en relève à un Darcy Kuemper qui s’est blessé en cours de rencontre, Mikko Koskinen a relevé Mike Smith après que le gardien partant des Oilers eut accordé six buts sur 25 tirs – les joueurs des deux équipes ont offert du hockey rapide, incisif, intelligent. Ils ont multiplié des séquences étourdissantes de beauté en surmultipliant des passes aussi vives que précises. En surmultipliant aussi de longues et de très longues séquences de contrôle de la rondelle qui ont mené à plusieurs des beaux buts marqués lors de cette première partie.
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Au-delà de tous ces beaux buts, toutes ces étourdissantes séquences, au-delà les records qui ont été battus ou qui le seront si les deux clubs maintiennent le rythme endiablé du premier match, le jeu controversé qui a mené au but de Cale Makar en fin de première période et à celui de Nazem Kadri en début de deuxième est venu ternir un brin, ou deux, ou même trois si vous favorisez les Oilers, cette partie.
Et c’est très dommage.
Car au nombre de beaux et de très beaux jeux qui ont été réalisés lors de cette première partie, au nombre de beaux et de très beaux buts qui ont été marqués dans le cadre de la victoire de 8-6 de l’Avalanche, c’est vraiment dommage qu’un jeu controversé occupe autant de place.
D’autant que la bonne décision a été rendue.
Car oui, après avoir longuement analysé le jeu, après avoir regardé attentivement tous les angles offerts par les caméras déployées aux quatre coins du Ball Arena et pas seulement ceux qui semblent donner raison aux Oilers et à leurs partisans, la Ligue a eu raison de rejeter la contestation pour hors-jeu non signalé qui a précédé le but de Makar.
Un but marqué avec 14 secondes à écouler en première; un but marqué neuf secondes après que Zach Hyman eut créé l’égalité 2-2; un but qui a fait très mal aux Oilers et qui a propulsé l’Avalanche vers la victoire.
Plusieurs reprises démontrent toutes que la rondelle interceptée par Makar en zone neutre entre trop vite en zone des Oilers. Elles démontrent clairement que Valeri Nichushkin est encore en zone ennemie lorsque la rondelle entre.
Sous ces angles, il allait de soi que Jay Woodcroft, guidé par ses adjoints, décide de contester le but.
Ce que tous les angles de caméra ne démontrent pas, c’est que Makar n’est pas en contrôle de la rondelle lorsque cette dernière entre en zone des Oilers et que Nichushkin y est toujours.
Ça donne quoi? Ça donne un hors-jeu à retardement. Et comme Makar reprend le contrôle de la rondelle une fois Nichushkin sortie du territoire ennemi, le hors-jeu est annulé.
D’où le rejet de la contestation.
La règle contre l’esprit de la règle
Pour être bien franc, avant de voir un angle donnant clairement raison à la décision finale, j’étais convaincu, comme le coach des Oilers, comme ses adjoints qui l’ont incité à contester, comme tous les joueurs venus d’Edmonton et leurs partisans qui les attendent dans le Nord de l’Alberta qu’il y avait bel et bien hors-jeu sur la séquence.
À voir le visage penaud qu’affichait Nichushkin pendant l’examen de la situation, il était clair que l’attaquant de l’Avalanche croyait lui aussi avoir été pris en défaut.
Même Makar a admis qu’il était dans ses petits souliers en attendant le verdict. « Je savais que je devais donner le maximum de temps à mes coéquipiers pour sortir de la zone avant que j’y entre. J’ai laissé la rondelle aller et quand je l’ai reprise, "Val" était en zone neutre », que Makar a expliqué.
Les reprises donnent raison à Makar et surtout aux officiels. Car si on applique à la lettre la règle du hors-jeu, Makar a eu la présence d’esprit de se placer en situation de hors-jeu à retardement qui a ensuite été annulé avec le retour en zone neutre de Nichushkin.
Mais quand est-il de l’esprit de la règle? Ça, c’est moins clair. Moins évident.
Surtout que la rondelle est tellement près de la lame du bâton de Makar quand il franchit la ligne bleue, et qu’elle quitte la lame du bâton si peu longtemps qu’il est difficile d’assurer sans le moindre risque de se tromper que le défenseur de l’Avalanche, aussi bon et intelligent soit-il, a vraiment planifié son coup et qu’il était vraiment sans contrôle de la rondelle au moment de l’entrée en zone ennemie.
Si la décision de rejeter la contestation respecte le règlement, il est permis de se demander si cette décision respecte vraiment l’esprit du même règlement. La réponse à cette question est beaucoup moins évidente.
Cela explique sans doute le tollé qui a déferlé après l’annonce que le but était bel et bien accordé.
Mais bon!
Une fois en territoire des Oilers, Makar a démontré une fois de plus ses grandes qualités offensives. Il a surpris Smith avec un puissant tir des poignets qui a ricoché sur la barre horizontale avant de plonger vers le fond du filet.
Et comme les Oilers ont été punis pour avoir retardé la partie en raison de la contestation rejetée, l’Avalanche en a profité pour doubler l’avance de l’Avalanche 32 secondes après le début de la période médiane alors que Kadri a complété une très grosse soirée de travail. Il a marqué sur l’un des neuf tirs obtenus – 11 tirs tentés – en plus d’avoir gagné 10 des 18 mises en jeu qu’il a disputées (56 %) dont plusieurs en zone défensive.
Est-ce que cette contestation rejetée a joué un grand rôle dans la défaite des Oilers?
Bien sûr!
Mais au lieu de lapider les arbitres de critiques et de leur imputer la responsabilité de la défaite, il serait important que les Oilers et leurs partisans assument aussi leur part de responsabilité.
Si Makar a pu redonner l’avance aux siens neuf secondes seulement après le but de Hyman, c’est parce que Darnell Nurse s’est rendu coupable d’un affreux revirement en zone neutre. Il s’est ensuite fait battre par le jeune défenseur de l’Avalanche.
Si Kadri a pu doubler l’avance de son équipe en début de deuxième période, c’est parce que les Oilers ont été incapables d’écouler la pénalité.
Les Oilers devaient fermer le jeu et ils ne l’ont pas fait. Avec les conséquences qu’ils ont encaissées.
Gretzky réclame plus de défense
Wayne Gretzky est et sera toujours le marqueur le plus prolifique de l’histoire de la LNH. C’est en marquant à profusion et en permettant à ses coéquipiers de remplir les filets adverses que la Merveille a soulevé les quatre coupes Stanley qu’il a gagnées avec les Oilers.
Gretzky a beau détenir de nombreux records offensifs qui ne seront jamais égalés ou battus, il a beau être l’antithèse de la trappe et des systèmes défensifs, il s’est transformé en apôtre de la défensive au deuxième entracte lorsqu’il a pris la parole au réseau TNT.
« C’est bien beau marquer des buts, mais il fait aussi être efficace en défensive pour gagner la coupe Stanley », que le bon Wayne a prêché lors de son intervention.
À ce moment, le commentaire s’adressait sans l’ombre d’un doute à McDavid et ses Oilers qui venaient de « resserrer » le pointage et tiraient de l’arrière 7-4 après 40 minutes de jeu.
Après la rencontre, le commentaire allait tout aussi bien sur le dos de l’Avalanche qui a eu chaud en fin de rencontre alors que les Oilers se sont rapprochés à un but d’une égalité.
Gabriel Landeskog, avec une très mauvaise pénalité écopée aux dépens de McDavid qui était alors loin de représenter une menace en zone neutre, a ouvert la porte au sixième but des Oilers.
Il s’est plus tard rendu coupable d’un revirement en zone défensive qui a permis aux Oilers d’accentuer la pression qu’ils exerçaient en fin de rencontre avec six patineurs sur la glace.
Heureusement pour le capitaine, il a pu se reprendre en fin de rencontre en marquant le but d’assurance dans une cage déserte après avoir intercepté une passe en zone neutre.
Comment améliorer la défense?
Forts de leur victoire, MacKinnon et ses coéquipiers sont à sept victoires de la coupe Stanley. Bon! Il serait plus sage de se concentrer sur les moyens à prendre pour en gagner trois autres aux dépens des Oilers avant de penser à la coupe.
Car s’ils croient que cette avalanche de buts lors de la première partie servira de tremplin pour sauter en grande finale, Big Mack et sa bande pourraient encaisser toute une déception.
Parlez-en aux joueurs des Flames.
L’expérience subie par les Flames en deuxième ronde servira la cause de l’Avalanche. « On savait que cette équipe ne lâcherait pas. Elle n’a jamais lâché contre Calgary et n’a pas lâché ce soir. Leurs deux gros joueurs – il me semble que MacKinnon n’a pas nommé McDavid et Draisaitl – ont été sensationnels comme ils le sont toujours et ils ont démontré beaucoup de profondeur. Nous sommes contents d’avoir gagné, mais il est clair que nous devrons être bien meilleurs en défensive lors des prochains matchs », que MacKinnon a admis après la rencontre.
Comment les deux clubs pourront améliorer l’étanchéité de leur défense respective?
Jared Bednar et Woodcroft pourraient envoyer les quatre gardiens en même temps devant les filets. Ça pourrait aider. Du moins, un petit peu...
Mais il est difficile, voire impossible, de contenir la vitesse et la puissance des meilleurs éléments de deux équipes. Jouer la trappe serait inutile, car ils la défonceraient à coup sûr.
L’entraîneur-chef de l’Avalanche était d’ailleurs très loin de s’arracher les cheveux pendant la remontée des Oilers. Il a même louangé le travail défensif de son équipe malgré les six buts accordés.
« J’ai aimé la pression que nous avons maintenue sur eux pour la majeure partie du match. On a été malchanceux sur quelques buts, ils ont profité de bonds favorables sur d’autres. Vrai que Josh Manson – différentiel de moins 4 – a connu un match plus difficile. Surtout autour de notre filet, mais dans l’ensemble on a joué un bon match de hockey », que Bednar a assuré avec calme.
Comment réagir quand une équipe menée par un monstre à deux têtes aussi redoutable que celui créé par McDavid et Draisaitl se met en marche?
« En maintenant ton style. En continuant à attaquer. Jouer sur les talons et se replier est un arrêt de mort. On l’a vu contre les Blues en deuxième ronde alors qu’on a ouvert la porte à une remontée des Blues. Nous avons été bons cette année pour maintenir notre rythme afin d’empêcher l’adversaire de revenir. Il faudra l’être encore pour le reste de la série», a indiqué le coach de l’Avalanche.
Si le reste de la série est à l’image du premier match, cette finale de l’Ouest passera à l’histoire.
Entre les lignes
– Leon Draisaitl est devenu le premier joueur de l’histoire de la LNH à prolonger à six sa séquence de matchs consécutifs en séries avec au moins deux passes. Il en revendique 15 depuis le début de cette séquence en 21 en 13 matchs disputés depuis le début des séries...
– Le grand Leon est maintenant rendu à neuf matchs consécutifs en séries avec au moins une passe. Il pourrait rejoindre jeudi Mario Lemieux (1991), Al MacInnis (1989) et Bryan Trottier (1981) qui revendiquent des séquences de 10 matchs consécutifs avec au moins une passe. Seul Bobby Orr a fait mieux que Draisaitl et les trois joueurs qu’il talonne avec 11 matchs de suite au cours desquels il a récolté au moins une mention d’aide. C’était lors des séries de 1971...
– Les huit buts marqués par l’Avalanche représentent un sommet d’équipe en séries. C’est la troisième fois de leur histoire que les anciens Nordiques sont aussi prolifiques dans un match de séries...
– Smith a été rappelé au banc après avoir accordé six buts sur 25 tirs. C’est beaucoup. Mais en dépit une efficacité bien inefficace de 76 %, le vétéran gardien était jusque-là le meilleur joueur de son équipe tant les Oilers étaient dominés par leurs adversaires de l’Avalanche...
– La plus grande injustice du premier match n’est pas le rejet par la LNH de la contestation des Oilers pour hors-jeu non signalé sur le but de Makar. Que non! La plus grande injustice est la défaite qui est allée à la fiche de Mikko Koskinen en dépit une performance vraiment solide en relève et le fait qu’il n’ait accordé qu’un but sur les 21 tirs qu’il a affrontés...
– Parlant de gardiens, Francouz a convenu avoir été avisé de se tenir prêt avant que Kuemper de retraite au vestiaire. « Je me prépare toujours de la même façon que je sois partant ou réserviste. Mais le fait d’avoir eu l’occasion d’aller faire des étirements avant de sauter la patinoire m’a certainement aidé, car les premiers tirs sont arrivés rapidement », a indiqué le gardien qui a accordé trois buts sur 21 tirs. Il pourrait bien être de retour jeudi pas seulement en raison de l’état de santé de son partenaire de travail, mais surtout en raison des arrêts difficiles et importants qu’il a réalisés en relève...