Grosses discussions, petits changements
LNH mercredi, 8 mars 2017. 19:21 vendredi, 13 déc. 2024. 21:06BOCA RATON, Floride - La Ligue nationale de hockey et ses 31 directeurs généraux ont passé trois avant-midi à parler, à débattre et à évaluer la nature des changements à apporter aux règles actuelles et à leurs conséquences positives ou négatives.
Au terme de tout ce travail, la Ligue et ses DG ont accouché de deux petites modifications et d’une très petite. Une minuscule même…
Ainsi donc : à compter de l’an prochain, les 31 clubs de la LNH profiteront de leur congé statutaire de cinq jours en deux groupes. Ces deux groupes seront composés d’équipes provenant des deux associations, car la LNH veut minimiser l’impact de ce congé sur les activités. Les congés se prendront en deux séquences consécutives de façon à les concentrer au lieu de les étaler sur plus de deux mois comme c’est le cas cette année.
De plus, en raison des défaites encaissées par les clubs lors du retour de leur congé, les deux premières rencontres disputées lors de la reprise des activités opposeront des équipes qui reviennent de leur congé.
À noter que si le bras de fer opposant Gary Bettman et le CIO se dénoue et que les joueurs de la LNH participent aux JO de Pyeongchang, il n’y aura pas de congé statutaire de cinq jours en raison de la trêve associée aux Jeux. Le congé obtenu par l’Association des joueurs en guise de compensation à l’implantation de la prolongation à trois contre trois il y a deux ans sera simplement reporté à la saison 2018-2019.
Cette proposition devra être soumise à l’Association des joueurs puisqu’elle a un impact direct sur l’horaire de ses membres et entrera en vigueur si le syndicat donne son aval.
Dégagement plus coûteux
La mesure hockey la plus significative adoptée en Floride empêchera les entraîneurs-chefs de réclamer un temps d’arrêt après un dégagement refusé.
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Il y a quelques saisons, la Ligue a instauré une règle qui empêchait les équipes d’effectuer un changement de joueurs après un dégagement refusé. La combinaison de cinq joueurs à bout de souffle en défensive opposés à cinq joueurs frais et dispo en attaque – seule l’équipe fautive de peut effectuer de changement – a créé plusieurs occasions de marquer qui ont d’ailleurs mené à des buts.
Pour pallier ce déséquilibre, les entraîneurs les plus rusés ont commencé à réclamer un temps d’arrêt lorsqu’ils se rendaient compte que leurs joueurs présents sur la patinoire tiraient beaucoup trop de la langue pour reprendre l’action immédiatement. Les entraîneurs les plus rusés ont rapidement été imités.
« Lorsque nous avons adopté l’interdiction d’effectuer des changements, c’était pour générer plus d’attaque. Les coachs ont bloqué tout ça. La mesure proposée aujourd’hui nous permet donc de respecter l’idée initiale et de rendre plus coûteux, les dégagements refusés », a commenté Pierre Dorion, le directeur général des Sénateurs d’Ottawa.
Si Dorion a eu gain de cause avec sa proposition d’interdire les temps d’arrêt après un dégagement refusé, il a fait chou blanc dans sa quête de permettre aux entraîneurs de pouvoir contester un but même s’ils n’ont plus le temps d’arrêt nécessaire pour le faire. Dorion avait ajouté à sa proposition qu’une pénalité mineure pour avoir retardé la partie soit décernée aux entraîneurs qui verraient ces contestations être rejetées.
La proposition a été rejetée. « Mes homologues considèrent qu’il y a déjà suffisamment de contestations et craignent que le fait d’en permettre davantage, même avec l’imposition d’une pénalité, ralentisse davantage le cours des matchs », a convenu Pierre Dorion.
Le dernier et minuscule changement régit les rondelles touchées au-dessus des épaules par un joueur d’une équipe qui évolue en avantage numérique. Selon la règle actuelle, l’équipe prise en défaut doit retourner en zone défensive pour y disputer la mise en jeu. Dès l’an prochain, cette mise en jeu sera disputée en zone neutre afin de maximiser les chances de marquer en supériorités numériques.
Quand que je vous disais que c’était minuscule comme changement en début de texte, c’est ça que je voulais dire…
Les deux règles régissant le déroulement du match seront étudiées par les membres du comité de compétition de la LNH. Un comité au sein duquel les joueurs et les propriétaires sont représentés. Une fois entérinées par le comité, ces modifications seront soumises aux gouverneurs qui les approuveront en juin prochain, à Las Vegas, lors de leur réunion de fin de saison.
Si tout se déroule comme prévu, les deux mesures «hockey», et le changement d’application du congé statutaire de cinq jours entreront en vigueur dès la saison prochaine.
La Suède plaide sa cause
Parallèlement à leurs discussions, les directeurs généraux ont reçu la visite d’une délégation de la fédération suédoise de hockey sur glace.
Flanqué de deux adjoints et du président directeur général de la Ligue élite de Suède, Peter Forsberg – pas l’ancien joueur des Nordiques et de l’Avalanche, mais le vice-président de la Fédération de hockey suédoise – est venu demander aux équipes de la LNH de garder leurs espoirs suédois en Suède au lieu de les faire jouer dans la Ligue américaine.
« Nous sommes un tout petit pays de 10 millions d’habitants et bien que nous soyons une pépinière de premier plan pour la LNH – 70 Suédois évoluent dans la LNH – nous manquons de joueurs dans notre Ligue élite. Il y a plus de 50 Suédois qui sont dans la Ligue américaine. On comprend que les clubs de la LNH veulent avoir leurs espoirs à l’œil, mais nous voudrions que les clubs les gardent en Suède où nous serons en mesure de bien les développer tout en assurant un meilleur niveau de compétition au sein de notre ligue », a plaidé Tommy Boustedt, secrétaire général de la fédération.
Les prétentions des dirigeants suédois sont simples : si vous nous confiez vos joueurs, nous en ferons de meilleurs espoirs que s’ils vont dans la Ligue américaine.
« Regardez ce que les Mats Sundin, Niklas Lidstrom, Henrik Zetterberg, Peter Forsberg, Erik Karlsson et les jumeaux Sedin ont fait pas le passé. Ils ont poursuivi leur développement chez nous et sont arrivés prêts pour la LNH où ils ont joué à la hauteur de leur potentiel dès leur arrivée. Des quelque 50 joueurs qui se développent dans la Ligue américaine, il est difficile de dire combien évolueront dans la Ligue nationale. Tous ces joueurs feraient une grande différence s’ils jouaient en Suède et notre prétention est que les joueurs en profiteraient et que les clubs de la LNH en profiteraient aussi puisque ces espoirs seraient mieux développés en arrivant dans la grande ligue », a plaidé M. Boustedt.
Directeur général des Blue Jackets de Columbus et aussi Finlandais d’origines, Jarmo Kekalainen connaît bien la Ligue élite de Suède. Il reconnaît que les 14 équipes qui la composent sont de très bonnes écoles de hockey. « Mais ce sont aussi des équipes professionnelles. Les entraîneurs doivent gagner pour garder leur job et éviter une relégation en deuxième division au terme d’une mauvaise saison. Je ferais confiance aux équipes, mais en même temps je craindrais que mes espoirs suédois perdent du temps d’utilisation à la faveur d’un vétéran pour des considérations de victoires et de défaites. Comme DG je ne demande pas un traitement de faveur pour mes espoirs, mais je tiens à ce qu’ils soient traités équitablement », a indiqué le patron des Blue Jackets.
Autre bémol pour la fédération suédoise, un joueur qui évolue en Europe, ne peut être rappelé par son club de la LNH en cours de saison, alors qu’un joueur de la Ligue américaine peut faire la navette entre le club-école et le grand club toute l’année.
« Nous tenions simplement à venir parler aux directeurs généraux afin de leur exposer notre point de vue et surtout de tenter de les convaincre qu’ils ont tout à gagner, et nous aussi, à nous confier leurs espoirs suédois afin que nous puissions mieux les développer et en faire de meilleurs espoirs encore. Je ne sais pas si notre intervention aura des répercussions positives ou non, mais c’était à nos yeux nécessaire de faire cette présentation », a conclu le vice-président de la fédération suédoise, Peter Forsberg.