MONTRÉAL – Samedi soir, Dawson Mercer devait disputer son premier match au Centre Bell. Il était en droit de s’imaginer un beau scénario devant sa famille et ses amis, mais cette partie a été reportée. En attendant de pouvoir se reprendre, l’attaquant de 20 ans peut se consoler avec son impressionnante saison recrue. 

« J’étais excité de retourner au Canada pour jouer à Montréal et à Toronto. Mais on dirait presque c’est devenu une routine avec le repêchage qui a été annulé (en 2020) à Montréal et ce match cette fois. J’ai hâte que ça se produise éventuellement, ce sera amusant », a répondu Mercer en visioconférence avec le RDS.ca. 

Même si les Devils traversent une reconstruction, Mercer a surpris quelques observateurs en se taillant une place dès cette année. Mais ce qui étonne véritablement, c’est à quel point il a déjà gagné la confiance des entraîneurs qui ne cessent de lui confier plus de responsabilités. 

Après avoir entamé la saison avec une utilisation oscillant surtout entre 12 et 14 minutes, il a atteint son sommet, samedi dernier, avec 21:39 d’action face aux Blue Jackets de Columbus. 

« J’adore ça ! Bien sûr, j’aime contribuer offensivement, mais je suis fier de pouvoir jouer autant de minutes en accomplissant bien mon boulot défensivement. Ça me procure des occasions et les entraîneurs ne craignent pas de se tourner vers moi pour des situations importantes. Je veux m’assurer de bien me débrouiller pour que ça se poursuive », a réagi Mercer qui a inscrit 9 buts et 11 aides en 36 parties.  

À l’été 2020, en prévision du repêchage, Mercer était reconnu comme un candidat logique pour le top-20. Mais les intervenants du hockey qui le connaissaient le mieux s’entendaient pour dire qu’il représentait une valeur sûre. Son sens du hockey et sa passion ne pouvaient que mener à de belles choses. 

Le recruteur des Devils, André Savard, avait posé le même diagnostic et il l’avait classé avantageusement sur la liste. Moins de deux ans plus tard, il n’est nullement surpris par son efficacité précoce dans la LNH. 

« Je l’aimais beaucoup dès que je l’ai vu à Drummondville. C’est un jeune avec un gros sens du hockey, il est intelligent et il travaille fort. Il est dans la lignée d’un Patrice Bergeron à Boston. Il amélioré son patin au fil des ans et ça fait de lui un joueur très responsable dans toutes les zones tout en étant capable de contribuer offensivement », a décrit Savard qui retire une fierté de cette sélection au 18e rang. 

« Les entraîneurs sont tous un peu pareils dans le sens que leurs joueurs doivent être responsables sur la patinoire. Si le jeune ne comprend pas certaines notions défensives, ils ont des hésitations. Ce n’est pas le cas pour Dawson », a vanté celui qui effectue des mandats aux niveaux junior et professionnel.

Il n’en demeure pas moins que Mercer ne devait pas tarder à convaincre ses patrons de miser sur lui cette année. 

« Notre équipe est jeune et il y avait des ouvertures. J’ai connu une bonne année junior l’an passé et je suis arrivé avec la mentalité de me tailler un poste. En voyant le portrait au tournoi des recrues, j’ai vu où je me situais dans la hiérarchie des espoirs. Après quelques matchs, je trouvais que j’étais en mesure de tenir mon bout et que je pourrais avoir un rôle à combler avec les Devils. J’ai continué de pousser et je ne voulais pas échapper cette chance », a expliqué le droitier. 

À première vue, il partait avec une prise puisque son physique n’est pas encore très développé. Mais, comme nous le faisait remarquer Denis Gauthier, qui l’a accueilli chez lui en pension à Drummondville, il parvient déjà, à 20 ans, à compenser grâce à son intelligence sur la patinoire. 

De plus, les Devils l’ont surtout employé au centre, une position qui exige un jeu plus alerte, mais qui le soustrait de plusieurs confrontations physiques le long des bandes. 
 
« Je ne savais pas à quoi m’attendre en arrivant avec les Devils. J’ai joué à l’aile au dernier match, mais j’ai surtout évolué au centre. Ça remonte au tournoi des recrues et ça s’est poursuivi. C’est la position que je préfère, mais je suis confortable à l’aile car ça ne provoque pas une énorme différence dans notre système », a noté Mercer à ce sujet. 

Inutile de le relancer sur le défi des mises au jeu, il sait mieux que quiconque son efficacité de 36% n’est pas suffisante. 

« Je travaille chaque jour sur les mises au jeu puisque l’opposition est nettement plus relevée. J’essaie de progresser à ce chapitre », a poursuivi Mercer avant même qu’on lui pose la question. 

Cette faiblesse, typique pour les jeunes, ne l’empêche pas de très bien paraître parmi les meilleures recrues de 2021-2022. Il se situe au sixième rang pour les points, mais la course au trophée Calder ne lui fera pas changer son approche.  

« Je ne pense pas à cette course, j’essaie avant tout de jouer de manière constante puisque c’est une longue saison. Je veux continuer de progresser », a-t-il indiqué. 

Pour poursuivre son ascension, Mercer peut miser sur l’encadrement des adjoints Mark Recchi, Alain Nasreddine et Chris Taylor, mais aussi de l’appui de joueurs dont Dougie Hamilton qui l’a pris sous son aile. 

« Il a été bon pour moi. Il a beaucoup d’expérience et, dès le camp d’entraînement, il s’intéressait à mon adaptation. Je me suis senti bien accueilli notamment grâce à lui », a exposé Mercer qui a également eu de bons mots pour Tomas Tatar qui aime passer du temps avec les jeunes du club. 

Mercer provient d’une famille tissée serrée de Terre-Neuve-et-Labrador et le choc d’habiter dans la région new-yorkaise s’annonçait considérable. Afin de faciliter son intégration, il partage un logement avec Mason Geertsen. Ce dernier a toutefois été déclaré positif à la COVID-19 si bien que Mercer réside à l’hôtel ces jours-ci. 

Avec tout ce qu’il doit assimiler, les semaines passent très vite à ses yeux. Mais il n’oubliera pas de sitôt ses deux premiers matchs.  

« Le tour en solitaire, avant ma première partie, avec ma famille dans les gradins, ce fut très spécial. Le match suivant, j’ai compté mon premier but, c’était merveilleux et c’est arrivé contre Seattle, une nouvelle équipe », a conclu Mercer à propos des souvenirs inoubliables de sa jeune carrière prometteuse dans la LNH.