MONTRÉAL - De gros défis attendent les quatre équipes de la division canadienne qui se croiseront en première ronde des séries : passer en deuxième ronde, bien sûr, mais aussi, mais surtout, offrir du hockey aussi intense, rapide et relevé que les 12 formations des trois divisions américaines.

 

Non, mais quel hockey sensationnel nous offre les séries jusqu’à maintenant. Vraiment!

 

Le genre de hockey qui porte à se demander comment diable le club qui sortira de la division canadienne fera pour éviter de mal paraître une fois dans le carré d’as.

 

Mais bon! Avant de penser au carré d’as, il serait bon de prendre les moyens pour y arriver. Ce qui est loin d’être acquis.

 

Surtout pour le Canadien et les Jets qui partent négligés, voire fortement négligés, dans les séries qui les opposeront aux Maple Leafs et aux Oilers.

 

Toronto - Montréal

 

Je l’ai déjà indiqué dans mes prédictions dévoilées la semaine dernière : j’ai pris le Canadien pour sortir les Leafs et jeter une douche d’eau très froide sur leurs partisans et les collègues de Toronto qui voient déjà cette formation en grande finale.

 

Les Leafs sont très forts. Auston Matthews est le meilleur franc-tireur de la LNH. Mitch Marner est le meilleur joueur des Leafs. John Tavares est un deuxième centre de premier plan. Cette équipe compte des tas de vétérans qui appuient à merveille leurs leaders. La brigade défensive est bien meilleure que le flot de critiques à son endroit le laisse croire.

 

Alors, pourquoi favoriser le Canadien malgré tout?

 

Parce que le Canadien n’a pas le début du commencement de pression dans cette série. Il sera bien sûr lapidé de critiques s’il est balayé en quatre. Les têtes de Marc Bergevin et de Dominique Ducharme seront mises à prix. Les partisans réclameront à Geoff Molson qu’il se débarrasse à jamais de Carey Price, Shea Weber et qui encore.

 

Mais ça, ce n’est pas de la pression. C’est le quotidien à Montréal.

 

La pression, ce sont les Leafs qui l’ont. Et ils en ont une tonne sur les épaules alors qu’ils ont reçu le mandat de ramener la coupe à Toronto pour la première fois depuis 1967.

 

Cette équipe, aussi bonne soit-elle, aussi menaçante à l’attaque soit-elle, n’a jamais franchi une ronde de séries encore. Un faux départ et soudainement le doute pourrait s’installer avec les conséquences que cela peut avoir.

 

Comment le Canadien fera pour créer ce doute?

 

Il a bien sûr besoin d’une performance sans faille de Carey Price. Est-ce que Price est prêt physiquement et mentalement à faire face au défi immense qui se dresse devant lui?

 

La réponse viendra à compter de jeudi soir.

 

Ce que je sais toutefois, c’est que si Price n’est pas en mesure de se motiver dans le cadre d’une série opposant les deux clubs phares au pays – mes excuses à Connor McDavid ses coéquipiers des Oilers et les joueurs des Jets – il ne le sera plus jamais.

 

D’où ma prétention selon laquelle il pourrait non seulement voler des buts ici et là – ce qu’il devra faire c’est clair – mais peut-être aussi voler quelques matchs et contribuer au vol de la série.

 

Pour réaliser pareil vol de grand chemin, Price ne devra pas être laissé à lui-même.

 

C’est là que l’effet Gallagher entrera en jeu.

 

Si vous suivez la carrière de ce diable de joueur de hockey depuis qu’il s’est hissé au rang de leader de cette formation, vous savez déjà que chaque fois qu’il a repris sa place après des pauses plus ou moins longues il a su redonner vie à un groupe qui en manquait beaucoup.

 

Je crois que Gallagher le fera encore.

 

L’effet Gallagher se traduira par quelques buts marqués ici et là et ces buts mettront en évidence la grande vulnérabilité des Leafs devant le filet. Je sais : Jack Campbell a une fiche de 17-2-2. Il affiche une moyenne de 2,11 buts alloués par match et une efficacité de 92,3 %.

 

Mais aussi belle soit son histoire – il mérite pleinement les considérations offertes par les collègues de Toronto qui on fait de lui le candidat des Leafs dans la course au trophée Bill Masterton – et aussi belles soient ses statistiques, j’ai rarement vu une fiche d’apparence aussi solide être en réalité aussi chambranlante.

 

Est-ce que le Canadien est meilleur que les Leafs?

 

Devant les buts : oui! Ailleurs : non! Mais le Canadien a cette habitude de jouer au-dessus de sa tête par moment et de replonger dans les ténèbres une fois qu’il a réussi à nous faire croire qu’il formait peut-être bien plus qu’un bon petit club de .500.

 

Avant de replonger dans les ténèbres, le Canadien obligera tous ses dénigreurs à revoir leurs positions une journée ou deux.

 

En passant, je fais partie du groupe de dénigreurs. Et c’est justement parce que ce damné club m’a plusieurs fois fait mal paraître que je vais au-devant les coups cette année.

 

Surtout qu’il aura le loisir de confirmer la plus grosse surprise de la première ronde devant ses partisans.

 

Prédiction : Canadien en 6

 

EdmontonWinnipeg

 

En janvier dernier, j’aurais mis ma main au feu que les Jets sortiraient facilement gagnants d’une série quatre de sept les opposant aux Oilers.

 

Les Jets partaient trop fort devant le filet avec Connor Hellebuyck qui est meilleur que Mike Smith et Mikko Koskinen en même temps devant la cage des Oilers.

 

Bien qu’il n’y ait qu’un seul Connor McDavid et un seul Leon Draisaitl, les Jets comptaient sur assez d’attaquants de premier plan pour faire contrepoids à la production des as des Oilers.

 

Défensivement? Ça ne valait pas cher la tonne des deux côtés, d’où l’importance de pouvoir compter sur le meilleur gardien.

 

Quatre mois plus tard, je ne crois plus les Jets capables de rivaliser avec les Oilers.

 

Pas juste parce Connor McDavid a trouvé le moyen de hisser davantage son niveau de jeu. Et je ne parle pas seulement de sa production offensive. Je parle ici du fait qu’il semble maintenant prendre plaisir à porter son club sur ses épaules. À prendre plaisir à relever tous les défis associés à son statut au sein de l’équipe. À même prendre goût – et à afficher une fierté en le faisant – de relever des défis défensifs. Bon! Pas question ici de couvrir un adversaire comme son ombre. Mais à s’assurer de ne pas être pris à attendre la rondelle en zone neutre quand l’adversaire déjoue ton gardien.

 

McDavid est rendu tout ça... et plus encore!

 

En plus, autour de Darnell Nurse, la défensive des Oilers s’est grandement développée au fil de la saison. Sans oublier que les Oilers sont maintenant meilleurs devant le filet quand Mike Smith s’y retrouve seul et que Dave Tippett garde Mikko Koskinen le plus loin possible de la patinoire.

 

Parlant de Tippett, c’est un grand coach. Un coach dans la lignée de Barry Trotz. Le genre de coach qui ne reçoit pas assez d’attention pour la qualité du travail qu’il accomplit.

 

Si je crois qu’il est possible que le Canadien surprenne les Leafs, il est clair qu’il soit possible que les Jets surprennent les Oilers.

 

Et que cette victoire, comme celle du Canadien, soulèverait une grosse vague de déception qui déferlerait ensuite sur Toronto et Edmonton.

 

La raison qui m’empêche d’afficher autant d’optimisme à l’endroit que Jets qu’à celui du Canadien est que cette formation a perdu sept fois – en temps réglementaire – lors des neuf matchs entre les deux équipes cette année. Et qu’en plus, les Jets n’ont gagné que deux fois lors de leurs 11 dernières rencontres de la saison.

 

Et ce n’est pas comme si les deux dernières semaines du calendrier ne voulaient rien dire pour les Jets. Ce n’est pas un club qui avait levé le pied pour s’économiser en fin de saison qui a perdu sept fois de suite en temps réglementaire. C’est un club qui se cherchait. Un club qui doutait. Un club qui semblait même un brin miné de l’intérieur.

 

Alors que les Oilers, eux, maintenaient le rythme qui les a hissés à ma grande surprise au deuxième rang de la division canadienne.

 

Je crois que les Jets seront meilleurs en première ronde qu’ils ne l’ont été en fin de saison. À commencer par leur gardien Connor Hellebuyck. Mais je ne crois pas que ce sera assez.

 

Prédiction : Edmonton en 7