MONTRÉAL - En attendant le retour des joueurs des 24 clubs invités à prendre part à la relance des activités dans la LNH, le temps – et Dieu sait qu’on en a – semble bien choisi pour faire le bilan de la course aux honneurs individuels.

 

Une course non officielle bien sûr puisque les sélections finales obtenues des collègues répartis aux quatre coins de la planète hockey n’ont pas encore été compilées par l’Association des journalistes affectés à la couverture des activités de la LNH. Ces journalistes sont responsables des élections visant à décerner les trophées Hart, Norris, Calder, Selke. Lady Byng et Bill Masterton en plus de précéder aux sélections des première et deuxième équipes d’étoiles en plus de l’équipe regroupant les recrues les plus méritantes.

 

Les trophées Vézina et Jack-Adams sont respectivement remis par les directeurs généraux et des collègues responsables de diffusion – descripteurs, analystes – des matchs de la LNH.

 

Parce que c’est généralement autour du trophée Hart que les débats sont les plus animés, commençons tout de suite avec le trophée remis au joueur le plus utile de la LNH pour la saison 2019-2020.

 

Comme je le fais chaque année, j’insiste sur les mots « joueur le plus utile » car c’est le critère le plus important dans le cadre de cette sélection.

 

Connor McDavid est sans doute le meilleur joueur de la LNH depuis un an ou deux. Il risque de l’être encore bien des années.

 

Son coéquipier Leon Draisaitl a sans l’ombre d’un doute été le meilleur joueur de la LNH au cours de la dernière saison. Son trophée Art Ross associé à ses 110 points récoltés en 71 matchs est d’ailleurs là pour le prouver.

 

Mais est-ce que McDavid et/ou Draisaitl ont été plus utiles aux succès des Oilers d’Edmonton que Nathan MacKinnon l’a été aux succès de l’Avalanche du Colorado ?

 

Ma réponse est non. D’où mon vote de première place offert à MacKinnon devant Leon Draisaitl.

 

Suivent, dans l’ordre, sur mon bulletin de vote : Artemi Panarin, David Pastrnak et J.T. Miller qui s’est élevé au rang de révélation et de brillant parrain avec les jeunes Canucks de Vancouver.

 

Pourquoi McDavid est exclu de la liste?

 

Pour la raison bien simple qu’il me semble qu’avoir deux joueurs d’une même équipe au sein de la liste des cinq candidats diminuerait d’autant la valeur de ces candidats.

 

Cette philosophie que j’applique mine les chances de joueurs regroupés au sein d’une équipe regorgeant de talent. Inversement, elle favorise un joueur qui traîne sur ses épaules un club moins bien nanti. D’où la notion de joueur le plus utile.

 

Nathan MacKinnon

 

Nathan MacKinnon évolue au sein d’un des très forts trios de la LNH alors qu’il peut distribuer la rondelle vers Gabriel Landeskog sur sa gauche et Mikko Rantanen sur sa droite.

 

Mais voilà : Landeskog (16) et Rantanen (27) ont raté 43 parties cette saison. Pis encore, ils ont été écartés du jeu, en même temps, sur une séquence interminable de 14 parties en début de saison après que l’Avalanche eut gagné huit des 11 premiers matchs du calendrier (8-2-1).

 

Qu’a fait MacKinnon lors de cette séquence de 14 parties? Il a marqué 10 buts et ajouté 14 passes. Il a connu sept matchs de deux points et plus, dont trois rencontres de quatre points.

 

Qu’a fait l’Avalanche pendant les absences combinées de Rantanen et du capitaine? Il a maintenu un dossier positif (7-6-1) malgré ces lourdes pertes. MacKinnon n’a donc pas été en mesure de maintenir le rythme des 11 premiers matchs. Et l’Avalanche a gagné sept des neuf matchs disputés après le retour au jeu des deux blessés importants (7-1-1), mais le fait que MacKinnon ait réussi à éviter un plongeon en piqué de son équipe a donné le ton à sa saison.

 

Nathan MacKinnon est devenu le premier joueur de l’histoire de l’Avalanche – donc depuis le départ de Québec – à connaître trois saisons consécutives de 90 points.

 

MacKinnon a aussi aidé l’Avalanche à dominer ses adversaires sur la route. Le Colorado était premier dans la LNH avec 24 gains signés et 50 points récoltés sur les patinoires adversaires lorsque la saison a été stoppée le 12 mars dernier. MacKinnon a marqué 15 de ses 35 buts et ajouté 27 de ses 58 mentions d’aide lors des matchs disputés loin du Colorado.

 

Leon Draisaitl

 

Pas question ici de prétendre que Draisaitl ne mérite pas des considérations pour le trophée Hart. Plusieurs collègues lui ont d’ailleurs décerné cet honneur en basant leur décision sur des critères qui avantagent l’Allemand.

 

Le premier de ces critères est basé sur le fait que Draisaitl, contrairement aux prétentions de beaucoup d’amateurs qui ne suivent pas de près les activités des Oilers, n’est pas purement et simplement à la remorque de McDavid.

 

Oui il a disputé quelques matchs aux côtés de McDavid. Une réunion orchestrée par David Tippett lorsque l’entraîneur-chef des Oilers cherchait à survolter son équipe. Oui il a passé de longues minutes avec McDavid lors des attaques massives des Oilers. Des paramètres qui aident énormément, on en conviendra tous.

 

Mais c’est aussi avec Ryan Nugent-Hopkins d’un côté et la recrue Kailer Yamamoto de l’autre, que Draisaitl a connu certains de ses meilleurs moments offensifs cette saison. Et comme MacKinnon pendant les absences de ses complices Landeskog et Rantanen, Draisaitl est loin d’avoir piqué du nez lors des absences de McDavid qui a raté sept rencontres l’hiver dernier.

 

Là où je ne suis pas mes collègues qui favorisent Draisaitl, c’est que bien qu’en évoluant au sein d’un trio différent de McDavid, l’Allemand profite malgré tout de la présence et surtout de la prestance de son coéquipier.

 

Pourquoi?

 

Parce que les entraîneurs-chefs des autres formations n’ont pas les ressources défensives suffisantes pour contenir deux joueurs aussi dominants évoluant au sein de deux trios différents.

 

Si le Canadien place le trio de Danault et le duo Weber-Chiarot devant le trio de McDavid, il reste qui pour affronter le trio de Draisaitl?

 

Ce qui est vrai pour le Canadien – et ça sautera aux yeux lors de la reprise des activités quand le Tricolore croisera les Penguins de Pittsburgh (Crosby et Malkin) dans un duel trois de cinq dont le vainqueur sera hissé en séries – l’est aussi pour un tas d’autres formations de la LNH.

 

Et sur ce point, Draisaitl et McDavid, sont largement favorisés en comparaison à MacKinnon qui doit toujours et en tout temps affronter les meilleurs éléments défensifs des adversaires de l’Avalanche. À moins que son entraîneur-chef Jarred Bednar soit en mesure de dominer ses vis-à-vis.

 

Tout ça pour dire que si Draisaitl mérite des considérations, je crois fermement qu’il ne peut devancer MacKinnon.

 

Artemi Panarin

 

Artemi Panarin n’a pas réussi à hisser les Rangers de New York en séries éliminatoires. Du moins, les Blueshirts n’y étaient pas lorsque la pause a été décrétée le 12 mars dernier.

 

Et normalement, j’exclus les joueurs dont les équipes ne sont pas en séries dans le cadre de ma sélection des candidats dans la course au trophée Hart.

 

Mais je vous demande une chose : où seraient les Rangers sans Panarin? Ils seraient parmi les sept clubs dotés des meilleures chances statistiques de remporter la loto Alexis Lafrenière et non parmi les clubs invités à se hisser en séries éliminatoires.

 

Panarin a récolté 95 points en 69 matchs cette saison. Il a dominé la LNH en récoltant 71 de ses 95 points à cinq contre cinq. Pas surprenant qu’il soit de loin l’attaquant auréolé du meilleur différentiel avec un plus 36. Un différentiel épatant quand on considère que les attaquants de premier plan – exception faite du premier trio des Bruins de Boston – sont généralement bien peu préoccupés par cette statistique.

 

Autre statistique impressionnante : Panarin a récolté au moins un point dans 34 des 37 victoires des Rangers la saison dernière. Un autre signe évident de son importance au sein de sa nouvelle équipe. Et dès que les Rangers auront complété leur quête de joueurs susceptibles de bien entourer et seconder Panarin, ce dernier sera en mesure de hisser les Blue Shirts en séries et de faire des Rangers un club à prendre au sérieux. Ce qu’ils n’étaient plus depuis leur dernière présence en finale de la coupe Stanley.

 

David Pastrnak

 

Il est impossible d’insister sur les succès de David Pastrnak sans les partager avec ses compagnons de trio Patrice Bergeron et Brad Marchand puisque ces trois joueurs composent l’un des meilleurs trios de la LNH. Sinon le meilleur.

 

Mais l’inverse est aussi vrai.

 

La vision et les mains agiles, rapides, précises de Pastrnak aident certainement autant Bergeron et Marchand que ces deux joueurs aident le jeune coéquipier. Peut-être même davantage.

 

Parce qu’il est aussi bien entouré, Pastrnak ne peut, à mes yeux, déloger MacKinnon, Draisaitl et Panarin qui le devancent au sein de ma liste. Il mérite toutefois une place au sein du top cinq.

 

J.T Miller

 

J’admets « to de go » sortir des sentiers battus avec la sélection de centre américain âgé de 27 ans. J’admets même que je pourrais m’être perdu un brin tellement je suis hors des sentiers habituellement empruntés lors des sélections des joueurs en lice pour les honneurs individuels.

 

Miller n’a pas le statut de plusieurs joueurs vedettes des Capitals de Washington, du Lightning de Tampa et des autres formations de tête de la LNH qui pourraient – et devraient peut-être – compléter mes cinq sélections.

 

Mais je tenais à insister sur l’excellent travail de reconstruction effectué à Vancouver. Une reconstruction solide bâtie autour des Elias Pettersson, Brock Boeser, Quinn Hughes et autres Jake Virtanen en passant par le capitaine Bo Horvat qui. Une reconstruction confiée à Travis Green qui fait de l’excellent travail derrière le banc.

 

Mais il faut plus qu’un bon coach pour permettre à des jeunes de bâtir un futur meilleur. Il faut quelques vétérans capables de les aider à composer avec un présent pas toujours évident.

 

Ces gars sont souvent des joueurs de caractère dont les cicatrices témoignent du fait qu’ils ont appris à la dure : Antoine Roussel, Jay Beagle, Alexander Edler, Chris Tanev voire Tyler Myers sont du groupe. On peut ajouter Tyler Toffoli dont l’acquisition plus tôt cet hiver devrait faire des Canucks un meilleur club dans les années à venir.

 

Mais l’acquisition de J.T. Miller a donné de meilleurs résultats encore. Miller vient de connaître sa meilleure saison en carrière. Vous direz que 27 buts et 72 points, c’est un brin timide pour entrer dans la catégorie des candidats au trophée Hart.

 

Mais Miller a dominé les marqueurs des Canucks. Un titre qu’il cédera sans doute bientôt à Pettersson ou Boeser. Mais il a assumé une belle transition. En plus, le premier choix que le Canucks devaient céder au Lightning pour conclure la transaction qui l’a envoyé à Vancouver l’été dernier sera reporté à l’an prochain. Une bénédiction pour les Canucks qui devraient repêcher bien plus tôt cette année que l’an prochain alors qu’ils seront des candidats logiques pour se hisser parmi les clubs en séries dans l’Ouest. Peut-être même parmi les trois premiers de la division pacifique.

 

Miller n’a pas la moindre chance de gagner. Peut-être que je serai le seul à lui avoir décerné un vote aussi timide soit-il. Mais je tenais surtout avec sa sélection à souligner le travail colossal qui se fait à Vancouver. C’est fait!

 

Comme toujours, vous n’êtes pas obligés d’être en accord avec ces sélections. J’attends vos commentaires et je vous invite à faire part de vos candidats.

 

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