BUFFALO – Rasmus Dahlin commence à connaître son chemin dans les rues de Buffalo. Il y a passé le temps des Fêtes, cet hiver, pour aider son pays à accéder au match de la médaille d’or au Mondial junior. Il y est depuis le début le début de la semaine pour la semaine d’évaluation qui précède annuellement le repêchage de la Ligue nationale.

 

Et il y remettra les pieds plus tard cet été, cette fois pour de bon.

 

De tous les scénarios envisagés, aucun ne place le surdoué suédois ailleurs qu’avec les Sabres depuis que ces derniers ont remporté la loterie visant à déterminer l’ordre de sélection au prochain encan de la LNH.

 

On dit de Dahlin, un défenseur de 6 pieds 2 pouces qui a fêté son 18e anniversaire de naissance en avril, qu’il marquera sa génération. Son coup de patin poétique et sa sublime vision du jeu lui permettent de dévaler la glace comme s’il arrivait du futur. En complet cravate, il vous saluera d’un air timide et répondra à vos questions avec une cordialité typiquement scandinave. Mais patins aux pieds, il devient un assassin sans pitié, utilisant sa dextérité et son audace comme autant d’armes pour ridiculiser tout adversaire osant s’en approcher.  

 

« C’est un parfait mélange de tous ces excellents joueurs suédois qui l’ont précédé, estimait le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH, Dan Marr, lors de son récent passage sur les ondes du balado «On Jase». Il possède la force de caractère de [Nicklas] Lidstrom et les habiletés d’[Erik] Karlsson. Je dirais même qu’il a un peu plus de chien dans son jeu. Vous ne trouverez pas un joueur de hockey avec un arsenal plus complet. »

 

Vendredi après-midi, dans un coin de l’amphithéâtre qu’envahissent depuis le début de la semaine une centaine d’espoirs invités par la LNH pour se prêter à des entrevues et des évaluations physiques, le prodige était un jeune homme attendu. Environ 50 minutes avant le début de son premier bain médiatique, des dizaines de journalistes avaient réservé leur place au lieu du rendez-vous.Les journalistes étaient nombreux autour de Rasmus Dahlin au camp d'évaluation des espoirs de la LNH

 

« En ligne pour Dahlin », aurait-on pu ajouter à la série de jeux de mots qui ont été inventés durant l’hiver pour décrire le concours de médiocrité que se livraient les équipes de bas de classement qui aspiraient à gagner le privilège de le repêcher.

 

« C’est pas mal impressionnant, a dit l’ancien joyau du Frölunda HC, souriant, quand les lumières se sont allumées. Je crois que c’est la première fois que je suis devant autant de caméras. C’est le fun. J’adore ça. »

 

Mais comme les autres qui l’ont précédé sur la même scène, Dahlin, qui deviendra le premier Suédois depuis Mats Sundin à être sélectionné au premier rang du repêchage de la LNH, est plus à l’aise pour s’exprimer avec une rondelle sur la lame de son bâton.

 

Ressent-il la pression des grandes attentes placées en lui? « Pas tant que ça. J’ai appris à ne pas trop y penser. Je veux juste jouer, manger et dormir. C’est assez facile. »

 

Comment s’est déroulée sa dernière saison? « Bien. J’ai appris tant de choses. Je crois maintenant être prêt à jouer dans la LNH, mais on verra ce que décidera l’équipe qui me choisira. »

 

Comment décrirait-il son style de jeu? « Je dois encore améliorer mon jeu défensif et ma force physique. Mon tir, aussi. Mon plus gros atout est probablement mon sens du jeu. »

 

Voilà un aspect où le Suédois se démarque de ses prédécesseurs. Jack Eichel grinçait des dents devant les comparaisons avec Connor McDavid. Patrik Laine disait ouvertement ne rien avoir à envier à Auston Matthews.

 

Mais devant Dahlin, les autres espoirs de la cuvée 2018 ne peuvent que s’incliner avec grâce.

 

« Il mérite d’être numéro un, ça ne fait aucun doute, croit le Tchèque Filip Zadina, qui pourrait être le premier attaquant sélectionné le 22 juin à Dallas. Ses mains sont incroyables et sa vitesse est impressionnante. C’est tout un joueur et il mérite toute cette attention. Je suis convaincu qu’il sera bon dès l’an prochain dans la Ligue nationale. »

 

« C’est facile de voir pourquoi il est projeté comme le tout premier choix, lance Brady Tkachuk. C’est un joueur incroyable, vraiment impressionnant dans tout ce qu’il fait. »

 

« J’ai appris à le connaître cette semaine et c’est vraiment un bon gars, dit le défenseur des Knights de London Evan Bouchard. J’ai vu quelques-uns de ses faits saillants. C’est un joueur spécial. »

 

« C’est un vrai de vrai, conclut Dan Marr. Cette année, il y a lui et il y a les autres. »