Tanner Glass : retranché au camp, héros au printemps
LNH jeudi, 13 avr. 2017. 16:55 mercredi, 11 déc. 2024. 10:36MONTRÉAL – La décision de Claude Julien d’utiliser Alex Galchenyuk sur son quatrième trio fait beaucoup jaser depuis le début des éliminatoires. Mais dans le clan adverse, Alain Vigneault a lui aussi eu à faire des choix dans l’élaboration de sa profondeur en attaque.
Pour répondre à l’ajout de quelques poids lourds dans la formation adverse, Vigneault a jugé bon commencer les séries avec le vétéran Tanner Glass, qui avait passé la majeure partie de l’année dans la Ligue américaine, plutôt que la jeune recrue russe Pavel Buchnevich, qui avait récolté 20 points en 41 matchs de saison régulière. Déjà, on peut qualifier cette décision de judicieuse.
La soirée de mercredi a vu éclore les premiers héros inattendus des présentes séries. Au Minnesota, le défenseur Joel Edmundson a donné la victoire aux Blues de St. Louis en prolongation. À peu près au même moment, Melker Karlsson délivrait les Sharks de San Jose à Edmonton.
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Quelques heures plus tôt, c’est Glass qui, le premier, était sorti de l’ombre en logeant un tir du revers parfait par-dessus l’épaule gauche de Carey Price. Il allait être le seul joueur à déjouer un gardien ce soir-là sur la surface du Centre Bell, où les Rangers allaient aussi marquer dans un filet désert pour décrocher une précieuse victoire à l’étranger.
« Tanner a joué pour moi lorsqu’on est allé en finale à Vancouver. Ce que vous voyez présentement, c’est exactement le joueur qu’il est, a dit Vigneault jeudi. C’est un joueur avec des habiletés limitées, mais qui se présente, qui travaille très fort, qui connaît le hockey et qui utilise bien les qualités qu’il possède. Ce qu’on a vu hier au niveau physique, son implication dans notre zone, c’est en plein lui. Et en plus de ça, il a été en mesure de marquer un but. »
Glass avait inscrit un seul but en 60 matchs de séries dans la LNH avant d’en célébrer un autre sur la glace du Centre Bell mercredi. Le moment était particulièrement jouissif puisqu’il lui est arrivé souvent cet hiver de se dire qu’il n’en jouerait probablement jamais un 61e.
Au début de la saison 2015-2016, Glass avait disputé deux matchs avec les Rangers avant de se faire céder dans la Ligue américaine. Ses patrons lui avaient dit de ne pas s’en faire, qu’ils avaient quelques détails à régler au niveau de la masse salariale et qu’ils lui enverraient dès que possible son billet de retour. En décembre, le vétéran avaient été rapatrié, tel que promis. Il a joué 57 matchs cette année-là pour les Blue Shirts.
L’automne dernier, le scénario s’est répété. Mais cette fois, aucune promesse, sinon celle que Glass n’avait rien à se reprocher.
« On ne m’a pas dit que je ne faisais plus le travail, mais plutôt que l’équipe désirait aller dans une autre direction. De savoir que je venais en quelque sorte de perdre le contrôle sur mon avenir, ça a été difficile », racontait le natif de Regina après l’entraînement de jeudi.
« Je suis redescendu avec la conviction que j’étais un joueur de la LNH et que je pouvais avoir mon utilité dans cette ligue, mais je mentirais si je disais que c’était toujours facile de m’en convaincre et que ça ne m’est pas arrivé de flancher. »
À Hartford, où évolue le club-école des Rangers, Glass était le seul trentenaire d’une jeune équipe qui en arrachait. Le Wolf Pack a mis fin à une séquence de huit défaites consécutives en novembre et s’est vite retrouvé dans la cave du classement de la division Atlantique.
Glass s’apprêtait à disputer une première saison complète dans la Ligue américaine en huit ans quand l’entraîneur Ken Gernander l’a convoqué dans son bureau au mois de mars.
« C’était le lendemain de la date limite des transactions, se rappelle Glass. Le coach m’a remercié pour ce que j’avais fait pour l’équipe et m’a dit que j’avais un avion à prendre pour la Floride. Immédiatement, j’ai tenté de ne pas trop me faire d’idée sur les intentions des Rangers. Je me suis fixé comme objectif de faire une bonne première impression et de prendre les choses comme elles venaient. »
Glass a été accueilli comme un membre de la famille – avec de chaleureuses étreintes et quelques petites taquineries – dans le vestiaire des Rangers. Utilisé pendant à peine cinq minutes contre le Lightning à son retour dans la LNH, il a réussi un but et une passe le lendemain contre les Panthers, l’équipe qui l’avait repêché en neuvième ronde en 2003. Il a disputé onze des 17 derniers matchs des Rangers dans le dernier droit de la saison régulière. Chacun était pour lui une occasion de prouver qu’il méritait de garder sa place en séries.
Il a gagné son pari quand Vigneault lui a dit de mettre ses plus belles cravates dans sa valise pour le voyage à Montréal.
« Dans un aréna comme celui-ci et une ville où tout est toujours un peu plus fou, c’est bon d’avoir des vétérans qui ont assez d’expérience pour comprendre que tout ça n’est que superficiel, estime celui qui complète un trio avec Oscar Lindberg et Jesper Fast. Ça demeure le même sport qu’on jouait quand on était des gamins. Il faut relaxer et exécuter le jeu qui est devant soi, bloquer tout le bruit qu’il y a autour et jouer, tout simplement. Nous avons de bons leaders qui prêchent ce message et je suppose que ça ne pouvait pas nuire d’en ajouter un au groupe. »
Glass a participé à la finale de la Coupe Stanley avec les Canucks de Vancouver en 2011 et faisait partie de l’édition des Rangers qui s’est inclinée en sept matchs devant le Lightning en finale de l’Est en 2015. Joueur autonome sans compensation à la fin de la saison, son désir de revenir effectuer un dernier tour de piste à New York était motivé par la conviction qu’il s’agit peut-être de sa dernière chance de se rendre jusqu’au bout.
« Je n’ai jamais cessé de croire que je reviendrais dans la LNH, mais j’espérais vraiment pouvoir le faire ici. J’ai le pressentiment que cette équipe est spéciale et pourrait se rendre loin. Mais pour l’instant, je me concentre sur le moment présent. »