Gloria! Gloria! Gloria!
Coupe Stanley mardi, 4 juin 2019. 07:53 samedi, 14 déc. 2024. 21:03
ST LOUIS - Un brin nerveux en raison de la générosité de leur gardien Jordan Binnington qui avait jusque-là offert deux buts aux Bruins en accordant des retours bien trop généreux, les partisans des Blues ont attendu le but marqué par Brayden Schenn dans un filet désert avec 89 secondes à jouer au dernier tiers pour commencer à célébrer.
Mais bon! Quand ça fait 52 ans que tu attends la première victoire à domicile de ton club favori en finale de la coupe Stanley, 89 secondes ce n’est rien. Ou presque.
Déjà debout depuis le début de la troisième période, les fans des Blues se sont alors mis à crier, à danser et à entonner les paroles de « Gloria », le succès de Laura Branigan datant de 1982 qui est devenu l’hymne à la victoire des Blues et de leurs partisans.
Aussitôt le cadran tombé à 00 : 00, la belle voix de Branigan s’est ajoutée à celle des fans et on a senti le Tout St Louis débarrassé d’un poids énorme. Car en plus d’enfin offrir la première victoire à domicile en grande finale à leurs partisans, les Blues ont surtout nivelé les chances 2-2 dans un duel qui se prolongera au moins jusqu’en six matchs.
Dans les rues encore animées du centre-ville un bon 90 minutes après la fin de la partie, les séquences de trois longs coups de klaxon suivis du « Let’s Go Blues » scandé 100 fois plutôt qu’une au cours des parties se succédaient à un rythme effréné.
Ces coups de klaxon et le cri de ralliement qu’ils réclamaient faisaient compétition à Branigan alors que Gloria jouait en boucle dans les voitures qui partaient lentement vers les banlieues de St Louis où les fans des Blues retournaient heureux et confiants.
Vers une première coupe?
Ces partisans ont raison de se bomber le torse d’un heureux mélange de fierté et de confiance. Car la victoire de 4-2 signée par leurs favoris lundi et surtout la nette – je me retiens pour ne pas utiliser le qualificatif total – domination des Blues dans tous les aspects du jeu ont démontré qu’ils pourraient vraiment auréoler cette première victoire offerte à leurs partisans d’une première coupe Stanley.
Je sais : les Bruins forment une très bonne équipe. Ils ont comblé des déficits de 0-1 et de 1-2 hier soir avant de s’incliner en troisième période. Et ils sont toujours largement favoris pour soulever la coupe pour la septième fois de leur histoire. Surtout qu’ils retournent maintenant à Boston pour amorcer une série deux de trois au cours de laquelle ils profiteront de l’avantage de la patinoire.
Tout ça est bien beau.
Mais si le premier trio des Bruins continue à offrir des performances en deçà des attentes et que les blessures continuent de décimer une brigade défensive déjà sérieusement hypothéquée, les chances de victoire des Blues deviendront bien réelles.
De fait, elles le sont déjà.
Pietrangelo, O’Reilly, Tarasenko
Au-delà les deux buts qu’il a marqués dans la victoire de lundi, un premier dès la 43e seconde pour donner le ton au match et un second qui a dénoué l’impasse en troisième pour devenir le filet gagnant, Ryan O’Reilly a une fois encore été le leader incontesté à l’attaque.
« Ryan a été notre meilleur joueur tout au long de la saison. Il n’est pas facile d’avoir une voix forte dans le vestiaire lorsque tu te joins à une nouvelle équipe. Mais Ryan s’est assuré d’imposer son leadership en donnant l’exemple sur la patinoire », a souligné l’entraîneur-chef Craig Berube après la victoire.
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Un exemple dont s’est servi Vladimir Tarasenko tout au long de la saison. « Je suis assis près de lui dans le vestiaire. Il ne parle pas beaucoup, mais ses efforts et l’éthique de travail qu’il affiche tous les jours, que ce soit pour les entraînements ou les matchs, représentent un exemple à suivre et une source de motivation », a ajouté Tarasenko dont l’éthique de travail a souvent été remise en question, voire mise en cause.
Alex Pietrangelo a une fois encore lundi été impérial à la ligne bleue des Blues. Il a passé tout près de 30 minutes sur la patinoire (29 : 37) ce qui est plus que tous les défenseurs des Blues, mais aussi des Bruins qui ont dû se défendre sans Zdeno Chara – il a reçu une rondelle au visage – en deuxième moitié de rencontre.
« Nous étions non seulement déçus de notre dernier match, mais un peu gêné aussi du résultat – revers de 7-2, samedi – et de la façon dont nous avons joué. Nous avons trouvé une façon de nous reprendre ce qui est à l’image de cette équipe puisque nous l’avons fait régulièrement en deuxième moitié de saison et depuis le début des séries », a ajouté le capitaine et général à la ligne bleue.
Pietrangelo et O’Reilly sont les plus sérieux candidats dans la course au trophée Conn-Smythe si les Blues l’emportent. Leur jeune coéquipier Tarasenko s’est attiré de l’attention positive dans cette course en marquant le deuxième but de son équipe en sautant sur un retour pour ensuite déjouer Rask.
C’était le 11e but des séries de Tarasenko. Un but de moins que son compagnon de trio Jayden Schwartz et trois de moins que Logan Couture qui est toujours le meneur depuis le début des séries en dépit de l’élimination des Sharks en finale de l’Ouest.
Berube : première étoile
Mais le joueur le plus important des Blues lundi, du moins à mes yeux, n’a pas chaussé les patins. Mais en jonglant avec sa formation et en affichant le calme et la confiance nécessaire pour mousser les chances de victoire de son club, l’entraîneur-chef Craig Berube mérite la première étoile du match numéro quatre.
Vince Dunn, que Berube a réintégré à sa formation, a connu un fort match. Il a même récolté une passe sur le premier but en plus de cadrer trois des neuf tirs dirigés vers la cage des Bruins.
« Gros match! Aucun signe d’un manque de synchronisme dans son jeu. Il a repris là où il avait laissé lorsqu’il a été blessé. Exactement ce qu’on attendait de lui », a commenté Berube après le match.
Zach Sanford, que Berube a muté au sein du deuxième trio à la place de Samuel Blais, a lui aussi orchestré le premier but des Blues en plus d’offrir plus de soutien offensif à Ryan O’Reilly et David Perron que ne l’avait fait Blais depuis le début de la finale. Sans oublier les cinq mises en échec qu’il a distribuées et son échec avant très efficace. « Zach a disputé une grosse partie samedi et j’avais l’impression qu’il était mûr pour obtenir plus de responsabilités. Il m’a donné raison », a ajouté l’entraineur-chef des Blues.
La décision la plus payante de Berube, celle qui a peut-être eu le plus grand impact sur la victoire, a été de profiter du retour d’Oskar Sundqvist – suspendu pour le match de samedi – pour envoyer son quatrième trio dans les pattes du trio de Patrice Bergeron de la première mise en jeu du match à sa dernière présence de la partie.
Le quatrième trio des Blues a muselé le premier trio des Bruins avec la même efficacité qu’il avait muselé celui de Logan Couture en finale de l’Ouest. Avec les résultats qu’on connaît.
Ce trio a été tellement solide pour éteindre celui de Bergeron que Berube a semblé sourire pour la première et seule fois de son point de presse d’après-match lorsqu’il a louangé la qualité de son travail.
Pour le reste, Berube a été fidèle à lui-même. Un roc sur lequel son équipe s’appuie. « Je n’ai rien dit de spécial aux joueurs parce qu’ils savaient ce qu’ils devaient faire pour revenir dans la série. On a bien travaillé pendant 60 minutes. Nous n’avons jamais arrêté de travailler et sommes aussi demeurés disciplinés. On a pris les moyens pour gagner », a défilé avec confiance le coach des Blues.
Chara blessé, les Bruins amochés
Contrairement à Berube qui affichait une confiance rassurante après la défaite de samedi et une confiance plus évidente après la victoire de lundi, Bruce Cassidy semblait vraiment préoccupé après la défaite.
Et c’est normal.
Déjà privés des services de Matt Grzelcyk et du vétéran Kevan Miller, Cassidy et les Bruins ont joué sans Zdeno Chara en deuxième moitié de match lundi.
Le géant défenseur a été blessé au visage après qu’il eut été atteint par une rondelle qu’il a lui-même fait dévier en se dressant devant un tir de Brayden Schenn.
Parce qu’il est le capitaine qu’il est, Chara est revenu au banc en troisième. Il portait une visière complète. Mais il n’a jamais sauté sur la patinoire alors que sa présence aurait été nécessaire pour aider ses jeunes coéquipiers à composer avec l’échec avant soutenu des Blues. Un échec avant qui s’est traduit par 44 mises en échec dont plusieurs ont été encaissées par les cinq défenseurs encore disponibles chez les Bruins.
« Zdeno a subi des traitements en fin de deuxième période et durant l’entracte. Il a eu besoin de points de suture et devra sans doute visiter le dentiste une fois de retour à Boston. Les médecins de l’équipe nous ont indiqué qu’il ne pouvait revenir au jeu. Zdeno tenait toutefois à être présent au banc et j’ai accepté », a raconté Cassidy.
« Est-ce qu’il pourra jouer jeudi? Est-ce que Grzelcyk pourra revenir jeudi? Je ne sais pas encore. Peut-être. On verra. Mais qu’ils reviennent ou non, il faudra que les autres défenseurs composent avec la pression exercée par les Blues et il faudra aussi que nos attaquants soient bien plus efficaces qu’ils ne l’ont été ce soir pour les aider », a convenu le coach des Bruins.
Une analyse honnête de sa part puisque les Bruins ont été les deuxièmes sur la rondelle du début à la fin de la rencontre. Une rencontre que les Blues auraient gagnée beaucoup plus facilement s’ils avaient joué un peu de chance. Car Tuukka Rask a effectué quelques arrêts chanceux sur les 35 qu’il a réalisés. Sans oublier qu’au moins deux tirs des Blues – ceux de Vince Dunn et Ryan O’Reilly – ont frappé la barre horizontale.
Et Jordan Binnington, il est important de le préciser ici, a largement contribué aux deux buts des Bruins en servant des occasions en or à Charlie Coyle et Brandon Carlo sur des retours d’une grande générosité. Un Binnington plus en contrôle aurait facilement pu blanchir les Bruins tant les Blues ont limité au strict minimum les occasions de qualité offertes à leurs adversaires.
Les Bruins n’ont obtenu que 23 tirs au but.
Deux maigres tirs de la part de Patrice Bergeron et aucun des mains de Brad Marchand qui a justement été blessé à une main ou un poignet lors d’un match simulé organisé par les Bruins pour meubler l’interminable attente de 10 jours qu’ils ont dû traverser avant le début de la grande finale.
On a plusieurs fois état du fait qu’il soit évident que Patrice Bergeron joue en dépit d’une ou de blessures. Mais est-ce qu’il n’en serait pas ainsi pour Marchand? Après son match trop discret offensivement de lundi, il est permis et même nécessaire de se poser la question.
Signe plus évident encore de la domination des Blues, les Bruins n’ont décoché que 41 tirs en 60 minutes de jeu. Soit 23 de moins que les Blues. Une statistique qui démontre vraiment l’allure de la rencontre.
De ces 41 tirs tentés, deux seulement l’ont été par Bergeron et trois petits par Marchand. Ce n’est pas assez. On doit donner du crédit, beaucoup de crédit, à la qualité du travail offert par le quatrième trio des Blues pour neutraliser Bergeron et Marchand.
Mais ces deux joueurs sont trop bons quand ils sont en pleine possession de tous leurs moyens pour croire que le quatrième trio – Barbashev (9), Steen (5) et Sundqvist (4) ont distribué 18 des 44 mises en échec des Blues – puisse être la seule raison expliquant leur manque d’implication et de production.
En bref
- Fort de ses deux passes récoltées lundi, Alex Pietrangelo est maintenant le défenseur ayant récolté le plus de passes (13) dans l’histoire des Blues en séries dans une saison. Bernie Federko, avec 15, détient le record d’équipe depuis 1982...
- Malgré sa générosité, Jordan Binnington a moussé à sept victoires et deux revers sa fiche dans les matchs suivant un revers depuis le début des séries. Il présente une moyenne de 1,86 but alloué à ses adversaires et une efficacité de 93,3 % lors de ces neuf rencontres...
- Des huit buts marqués au cours de la première minute d’une rencontre depuis le début des séries cette année, trois l’ont été par des joueurs des Blues : O’Reilly lundi (43 secondes), Jayden Schwartz (23 secondes dans le match 6 de la première ronde contre Winnipeg) et Ivan Barbashev (34 secondes, match 4 de la finale de l’Ouest)...
- Les deux équipes s’envoleront vers Boston mardi en vue du cinquième match qui sera présenté jeudi eu TD Garden. La sixième rencontre sera disputée dimanche à St Louis...